Nouvelle feuille de route pour les arts du Nouveau-Brunswick
La société acadienne renouvelle sa feuille de route en matière culturelle pour les cinq prochaines années. L'imposant document intitulé Trajectoire 18-23, lancé mardi à Moncton, comprend plusieurs stratégies afin d'améliorer les conditions socioéconomiques des artistes, renforcer la qualité de l'enseignement des arts dans les écoles, développer les industries culturelles, les organisations artistiques et les communautés par l'aménagement culturel du territoire.
En décembre 2017, plus de 125 artistes, travailleurs culturels et représentants d'organisations de tous les secteurs de la société se sont réunis pendant deux jours pour revoir la Stratégie globale pour l'intégration des arts et de la culture.
Cette stratégie produite par l'Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick (AAAPNB) avait été lancée en 2009.
«À la lumière du travail, des progrès et des luttes qui restent à être menées dans les prochaines années, nous avons voulu mettre à jour notre feuille de route pour faire face aux nouvelles réalités. Tous les changements technologiques, les nouvelles organisations et avec les nouvelles politiques, il y avait des actions qui devaient être ajoutées, retirées ou actualisées. Je sens que cet outil est encore plus pertinent que si on avait gardé la vieille feuille de route», a déclaré la directrice générale de l'AAAPNB, Carmen Gibbs.
Si 14 années se sont écoulées depuis les premiers États généraux des arts et de la culture, il reste que l'AAAPNB doit continuer de réaffirmer l'importance et l'apport du secteur des arts dans la société auprès de la classe politique. Carmen Gibbs estime qu'ils font face parfois à un mur d'incompréhension.
Celle-ci admet qu'il s'agit d'une cause difficile à défendre. «C'est comme défendre les pauvres. Ce sont des causes nobles, mais elles sont très difficiles. Si on n'a pas la patience de semer des graines qui ne seront peut-être pas récoltées avant 25 ans, il ne faut pas faire ce travail.»
Selon elle, la stratégie renouvelée vient appuyer les efforts de la politique culturelle et de la politique d'aménagement linguistique et culturel. Elle cite en exemple toute la section sur l'importance des arts dans le milieu scolaire et les avancées en matière d'art public.
UN PLAN CONCRET
Le poète et auteur-compositeur-interprète Sébastien Bérubé, qui a lu un texte poétique et politique lors du lancement, estime que cette stratégie est intéressante non seulement parce qu'elle présente des recommandations, mais parce qu'elle offre un plan détaillé avec un échéancier pour atteindre ces objectifs. À son avis, tous ces petits mouvements finissent par avoir un réel impact sur la vie des artistes et la reconnaissance des domaines créatifs dans la société.
«En 2008, je ne lisais pas de livre. Aujourd'hui je suis auteur. Il y a vraiment un poids auprès des jeunes, du peuple acadien et de la francophonie à l'intérieur de la province. Je crois que c'est en créant des choses comme ça qu'on aide à développer les marchés culturels.»
À son avis, l'important est de préserver les acquis et de chercher à faire reconnaître le travail culturel. L'AAAPNB travaille depuis de nombreuses années à la reconnaissance du statut professionnel de l'artiste. Cette loi, si elle voit le jour, encouragera les jeunes à entreprendre un métier artistique, sans que leur choix soit remis en question.
«Pour avoir un secteur économique en santé, il faut que les travailleurs qui y contribuent soient en santé. Si on continue de garder nos artistes sous le seuil de la pauvreté, notre secteur ne sera pas où il devrait être», a ajouté Sébastien Bérubé.
«C'est absolument phénoménal. Des fois, je suis comme éblouie du niveau d'incompréhension - pour ne pas dire d'ignorance - quant à l'apport des arts et la culture et à ses retombées économiques. C'est comme si la classe politique réduisait les arts et la culture à un spectacle. Ils ne comprennent pas que c'est un vecteur de développement et de créativité, notamment en milieu scolaire pour rendre les jeunes de meilleurs citoyens», s’indigne Mme Gibbs.