Acadie Nouvelle

RICHARD SAILLANT: COMME SI LE STATU QUO NOUS SERVAIT SI BIEN

- Stéphane Paquette stephane.paquette@acadienouv­elle.com

Les automobili­stes pourraient voir leurs primes d’assurance augmenter de façon importante en 2019. En fait, on parle de la hausse la plus importante depuis au moins une quinzaine d’années.

La Commission des assurances du Nouveau-Brunswick (CANB) entendra les demandes d’une dizaine de compagnies qui souhaitent une augmentati­on des primes pouvant varier entre 3% et 20%, dans une série d’audiences qui se tiendront à compter du mois d’octobre et qui pourraient s’étirer jusqu’au début de l’année prochaine.

Jusqu’à maintenant, une dizaine des quelque 45 compagnies d’assurances qui ont pignon sur rue au Nouveau-Brunswick ont demandé des augmentati­ons de plus de 3% à la commission. Dans cette liste, on retrouve notamment Wawanesa (qui compte plus de 80 000 clients au Nouveau-Brunswick), Allstate, Aviva et Economical.

Selon les chiffres de 2017, les trois compagnies qui détiennent la plus grande part du marché sont Wawanesa (15,9%), Intact (10,5%) et Economical (7,8%).

Pour la présidente de la Commission des assurances du N.-B., Marie-Claude Doucet, les compagnies d’assurances n’ont pas le choix d’augmenter leurs tarifs si elles veulent continuer à opérer dans la province.

Plusieurs facteurs motivent les demandes des assureurs, explique-t-elle, notamment les coûts des réparation­s des véhicules qui ne cessent de grimper.

«Comme on le sait, les véhicules qui sont sur les routes sont de plus en plus sophistiqu­és, avec des technologi­es qui sont beaucoup plus dispendieu­ses à réparer», soulignet-elle.

«Avant, les dommages d’un impact mineur demandaien­t des réparation­s de moins de 1000$. Maintenant, le véhicule est souvent une perte totale en raison des coûts faramineux des réparation­s.»

Les comporteme­nts des conducteur­s sont aussi pointés du doigt. Malgré les publicités et les campagnes de sensibilis­ation, de nombreux automobili­stes sont toujours distraits sur les routes.

«Il y a de plus en plus d’accidents causés par les distractio­ns au volant. On voit beaucoup de gens qui vont texter au volant et des choses comme ça, mentionne Marie-Claude Doucet. Il y a aussi l’augmentati­on du plafond pour les blessures mineures, qui est passé de 2500$ à 7500$ en 2013. Les effets de ça commencent à se faire ressentir. Pour être capables de continuer à opérer au Nouveau-Brunswick, les compagnies doivent donc demander des augmentati­ons plus importante­s.»

La commission n’a cependant pas l’intention d’acquiescer à toutes les demandes des assureurs lors des audiences. Son but n’est pas d’étouffer les propriétai­res de voitures, assure la présidente. «Le mandat de la commission est de s’assurer que les augmentati­ons soient justes et raisonnabl­es.»

Selon Mme Doucet, les calculs des actuaires révèlent que les compagnies d’assurances pourraient en réalité demander des augmentati­ons beaucoup plus importante­s.

«Certaines compagnies veulent des augmentati­ons de 5%, alors que les actuaires ont calculé qu’ils devraient demander une hausse de 12%. Sauf qu’ils veulent demeurer compétitif­s dans le marché au NouveauBru­nswick. Mais à ce point-ci, ils ne peuvent plus ignorer les pressions créées par les augmentati­ons des coûts des sinistres.»

La défenseure du consommate­ur en matière d’assurance, Michèle Pelletier, avait prévenu dès avril qu’on devrait revoir la loi pour éviter une crise.

Selon elle, la loi devrait être revue et évaluée tous les dix ans afin de l’améliorer et répondre aux nouveaux besoins des consommate­urs.

«Au cours des dernières années, certains assureurs ont volontaire­ment omis de demander des augmentati­ons afin d’éviter de comparaîtr­e devant la commission, même si les statistiqu­es et le marché démontraie­nt que des augmentati­ons étaient nécessaire­s», rappelait-elle en avril.

«Tout cela est bien beau tant que les assureurs appuient sur les freins, mais le répit ne peut pas durer éternellem­ent. Maintenant, ces compagnies demandent des augmentati­ons radicales, ce qui est injuste pour les consommate­urs.»

Selon les chiffres de 2017, le NouveauBru­nswick (775$) affiche des tarifs moyens inférieurs à l’Ontario (1446$), la Saskatchew­an (1129$), l’Alberta (1191$), Terre-Neuve (1103$) et la Nouvelle-Écosse (797$). En 2016, on comptait 494 000 véhicules de tourisme (78% de tous les véhicules) dans la province, dont 69% sont dans le sud.

Au total, les automobili­stes ont payé 382 millions $ en primes en 2016. ■

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