Repenser la chose bilingue au N.-B.
Premiers gros vents de la saison à Caraquet. Tout ce qui n’est pas raisonnablement attaché se retrouve dans les broussailles.
L’actualité non plus ne manque pas de piquant – la vision claire et bien exprimée de Robert Melanson à la tête de la SANB impressionne.
- Ahan !...
Les deux ouvriers qui ont bâti mon perron réparent maintenant mon plancher. Ils ont frappé un noeud.
- ... la masse est derrière toi ! Jusque-là, les choses allaient à peu près, la construction avançait de soi. Mais là, le métier vrai commence. Des structures anciennes, abimées, de l’histoire à comprendre. Des matériaux anciens, du bois et des clous qui résistent puis expirent en gémissant.
- Bang !
Je sursaute. Le plancher vibre, tout le bâtiment tremble. Peut-être que je rêvais, je ne sais plus si je parlais d’un charpentier ou de Brian Gallant.
- Ça commence à slaquer...
La fixation sur la langue (voire le débat linguistique) empêche peut-être le N.-B. de faire des bonds par devant? Le débat lui-même est un gaspillage de ressource, de l’énergie mal exploitée; il enterre sûrement d’autres discussions importantes que nous devrions avoir.
- Faudra shimmer le long là...
Ah, shimmer, mot magique: ajuster, aplanir, soutenir un plancher avec du simple bardeau.
Peut-être qu’il faut envisager un moratoire sur toute remise en question du bilinguisme au N.-B. pendant au moins 10 ans. Fini les discussions, nous passons au mode exécution. Pour les anglophones comme pour les francophones, deux langues à apprendre aussi bien que possible, statut spécial pour les langues autochtones. Le règlement de plaintes, le développement et la mise à jour de la politique linguistique relèveraient d’un bureau.
Shimmer. Puisque le mot semble être un barbarisme, nous pourrions l’adopter en français et l’écrire chimer, le reliant à chimère. Après tout, Jean-Jacques Rousseau a écrit: Ô chimères! dernières ressources des malheureux !
Les ouvriers, eux, ont leur propre manière de dire : - Tiens, tasse-toi de ce côtélà. On va y donner ça.
- Ça va faire mal mais c’est pour ton bien mon enfant... ■