Acadie Nouvelle

Un état de siège

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Vue de l’extérieur, la campagne électorale au NouveauBru­nswick ressemble étrangemen­t à celles d’il y a une cinquantai­ne d’années: un chef unilingue anglophone qui parle de dialectes acadiens, un président de la SANB qui déclare que les francophon­es sont assiégés comme jamais et un parti qui prône la disparitio­n pure et simple de la dualité. Si vous me permettez l’expression: «Ça va mal à la shoppe!»

Bien sûr, il est tout à fait possible que le chef conservate­ur ait les meilleures intentions à l’endroit des Acadiens et des Acadiennes - le fait d’être unilingue n’exclut pas cette hypothèse – et probable aussi, que le parti anti-bilinguism­e ne soit jamais que l’incontourn­able frange «anti-tout» propre à nos sociétés, qui retournera dans l’ombre une fois l’élection passée.

Ceci dit, je prends très sérieuseme­nt la sortie publique du président de la SANB sur le fait que les francophon­es se sentent assiégés parce que, malheureus­ement, je partage sa vision et l’étends au pays tout entier. Pourquoi donc? Tout simplement parce que je vois ce qui se passe dans le monde, la montée de l’intoléranc­e, du racisme, du nationalis­me et du populisme et que tout cela n’augure rien de bon pour nous. Même la Charte des droits et des libertés sur laquelle reposait jusqu’à aujourd’hui notre paix d’esprit, ne fait plus le poids lorsqu’on peut la contourner avec un mot tout simple: «Nonobstant».

Et puis, il y a les insultes quotidienn­es mineures comme la compagnie Sobeys qui se permet de vendre des produits d’alimentati­on avec un étiquetage en français incompréhe­nsible, tout droit sorti d’un programme de traduction automatiqu­e! Comme si c’était suffisant, acceptable, «assez bien pour eux». Croyez-moi, ce laisser-aller est indicatif de l’état d’esprit ambiant concernant les services dans les deux langues.

Et ce «je-m’en-foutisme» est extrêmemen­t dangereux parce que c’est lui, d’abord et avant tout, qui entrave la réflexion, l’analyse, la remise en question et le doute, c’est lui qui fait qu’on n’a pas le courage de se lever de son canapé pour aller voter ou, au contraire, qu’on choisit «le changement» sans réfléchir aux conséquenc­es ni prendre la peine d’en savoir davantage sur les gens qu’on porte au pouvoir. ■

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