Higgs prêt à mettre en oeuvre une décision qui pourrait restreindre les droits des francophones
S’il est élu premier ministre, Blaine Higgs s’engage à mettre en oeuvre la décision controversée d’un arbitre en relation de travail qui pourrait restreindre les droits des francophones.
«Nous n’avons pas les moyens d’avoir des ambulances qui restent stationnées au lieu de répondre aux urgences à cause de la langue», a déclaré le chef du Parti progressiste-conservateur, jeudi, lors d’un point de presse à Fredericton en présence du président du syndicat des travailleurs paramédicaux, Gregory McConaghy.
«Nous devons faire passer la vie avant toute autre considération», a-t-il dit.
La décision de l’arbitre John P. McEvoy avait soulevé un tollé chez les francophones ce printemps.
Après avoir étudié les griefs du syndicat, Me McEvoy avait conclu que la Loi sur les langues officielles n’obligeait pas Ambulance NB à offrir «immédiatement» à ses clients un service de qualité égale dans les deux langues.
L’arbitre avait ainsi ordonné à l’agence de réviser à la baisse ses besoins en maind’oeuvre bilingue en fonction des réalités régionales au lieu de tenter d’avoir au moins un travailleur paramédical bilingue par ambulance en tout temps.
Selon Me McEvoy, la politique linguistique d’Ambulance NB est un «document de relations publiques» plutôt qu’un «plan réaliste avec des buts atteignables».
Au lieu de demander à Ambulance NB de respecter la décision de l’arbitre, le gouvernement libéral a plutôt déposé une demande de révision judiciaire. Selon le gouvernement, la décision de l’arbitre va à l’encontre d’une ordonnance émise l’an dernier par un juge de la Cour du Banc de la Reine pour «assurer que tous les citoyens des deux communautés linguistiques ont accès à des services d’ambulance de qualité égale dans la langue de leur choix».
«La conformité au jugement rendu par l’arbitre ne permettrait pas, à notre avis, de répondre aux exigences établies dans l’ordonnance rendue par la cour en 2017», avait déclaré le ministre de la Santé, Benoît Bourque.
Jeudi, Blaine Higgs s’est engagé s’il est élu à mettre en oeuvre la décision de l’arbitre en plus de retirer la demande de révision judiciaire du gouvernement libéral.
«C’est vraiment difficile de comprendre pourquoi le premier ministre (Brian Gallant) continue à contester ça devant les tribunaux. Le processus d’arbitrage a été très clair; la priorité, c’est de laisser les travailleurs paramédicaux travailler.»
En l’absence de travailleurs paramédicaux bilingues, Ambulance NB permet aux travailleurs paramédicaux unilingues d’occuper temporairement des postes désignés bilingues.
Selon le syndicat des travailleurs paramédicaux, le caractère temporaire de leur emploi prive ces employés de plusieurs avantages sociaux et en a convaincu plusieurs de quitter la profession.
Lors d’un arrêt de campagne la semaine dernière à Minto, Blaine Higgs avait promis d’embaucher immédiatement les travailleurs paramédicaux et de leur donner deux ans par la suite pour apprendre le français.
Jeudi, toutefois, il n’était plus question d’un ultimatum.
«Je ne veux pas que les gens pensent: “j’ai deux ans et puis après je vais perdre mon emploi”. Je veux que les gens s’installent au Nouveau-Brunswick et aient un futur dans le système de soins de santé», a dit Blaine Higgs.
En avril, l’expert en droit linguistique Michel Doucet avait vivement dénoncé la décision de John McEvoy.
Selon Me Doucet, l’arbitre avait fait une «analyse fautive» des droits linguistiques dans la province.
«Il ne m’a pas convaincu qu’il avait bien saisi l’importance des droits linguistiques et du principe de l’égalité des deux communautés de langues officielles au NouveauBrunswick», avait indiqué Me Doucet à l’Acadie Nouvelle. ■