DES CONDUCTEURS D’AUTOBUS SONNENT L’ALARME
Deux collisions entre une automobile et un autobus scolaire - dont une mortelle en moins de deux semaines. C’est assez pour raviver l’inquiétude, notamment chez les conducteurs de ces gros véhicules jaunes.
Ils ont déjà besoin de yeux tout le tour de la tête afin de gérer ces jeunes parfois turbulents à l’aller et au retour de l’école. Ils ont aussi à se rappeler des arrêts qui changent régulièrement en raison des familles recomposées et les garderies.
Tel jour, ils doivent faire descendre chez papa. L’autre, chez maman. Ou encore chez les grands-parents. Ou encore à une halte scolaire… Ça donne parfois l’impression qu’ils se sont transformés en «taxis jaune».
Ils doivent également prévoir le comportement des automobilistes qu’ils croisent. Surtout ceux qui sont obligés de s’arrêter lorsque les feux rouges clignotent.
Un comportement qui devient de plus en plus à risque, notamment avec la problématique du cellulaire au volant.
VIGILENCE
Marc Landry conduit une «grande jaune» à temps plein depuis maintenant 22 ans, dans la région du Grand Caraquet. Ces routes, il les connaît quasiment sur le bout de ses doigts. Chaque automne, il est appelé à se mémoriser tous ces arrêts pour faire monter et descendre des écoliers.
Mais maintenant, il doit être davantage vigilant afin de constater si un conducteur distrait par son cellulaire pourrait manquer son arrêt obligatoire. Et du coup, mettre de jeunes vies en danger.
«C’est la première chose à laquelle je pense quand je vois un automobiliste distrait. Est-il en train de texter? Est-il en train de regarder son cellulaire? A-t-il vu les clignotants de mon autobus? Est-il déconcentré par le trafic ou encore le soleil au visage? Comment ça se fait qu’il ne peut pas me remarquer? Est-ce par rapport à un cellulaire?»
Heureusement pour Marc Landry, il n’a pas été victime d’un tel incident. Mais le conducteur expérimenté pense à son collègue qui a vu son autobus être embouti par une jeune automobiliste sur la route 133, à Grand-Barachois. Elle en est décédée.
Ou encore son collègue de Tracadie. Lundi, une femme âgée de 67 ans a omis son arrêt obligatoire avant de percuter le côté du véhicule scolaire. Heureusement, aucune personne n’a été blessée. Cependant, la conductrice pourrait faire face à des accusations de conduite négligente.
Rien ne met en cause la conduite avec un cellulaire dans ces deux cas. Mais ça aurait pu être ça aussi.
«Nous ne sommes pas là pour évaluer les causes, mais nous avons des trucs afin de savoir si le conducteur nous a vus. Est-ce qu’il ralentit? Est-ce que ses phares de jour baissent d’intensité quand il freine? Tant que je ne vois pas ça, je n’ouvre pas la porte», précise Marc Landry.
Il lui arrive même de demander à des policiers de le suivre en patrouille pendant sa tournée. De cette façon, les agents de la paix sont à même de constater les infractions commises et prendre sur le fait les fautifs.
Et aux conducteurs soudainement trop pressés et qui sont frustrés de devoir s’immobiliser devant les clignotants, il leur donne un sage conseil. «Ils n’ont qu’à changer leur routine d’une minute», demande-t-il.
Et, aurait-il pu ajouter, de grâce ne prenez pas votre cellulaire à proximité d’un autobus scolaire!