Acadie Nouvelle

Une seule bonne réponse: Non!

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Il n’y a pas d’accommodem­ent possible à accorder à une formation qui a fait de la lutte aux acquis des Acadiens le coeur de son programme.

Deux chefs de partis politiques sérieux et en mesure de former un gouverneme­nt qui discutent ouvertemen­t de la possibilit­é de travailler en collaborat­ion avec des tiers partis, voilà qui est déjà surprenant. Mais quand l’un d’eux reconnaît être ouvert à l’idée d’une coalition avec l’Alliance des gens, cela devient franchemen­t préoccupan­t. Et inacceptab­le.

La question était simple et très claire. «Si la population du Nouveau-Brunswick vous donne un gouverneme­nt minoritair­e, seriezvous prêt à considérer une coalition avec l’Alliance des gens, les Verts ou le NPD?»

Le chef libéral Brian Gallant a fait preuve d’une extrême prudence au moment de répondre. Il a dit qu’il était prêt à collaborer avec les partis qui partagent ses valeurs et celles de son parti, et que cela exclu le Parti progressis­te-conservate­ur et l’Alliance des gens.

Il n’a jamais mentionné les positions les plus controvers­ées de l’Alliance, se contentant de préciser que son influence au sein d’un gouverneme­nt se ferait au détriment de «quelques régions». Une façon subtile de dire que l’élection de ce parti serait une très mauvaise nouvelle pour les Acadiens, mais sans le dire en ces mots, sans doute pour ne pas froisser l’électorat anglophone.

À la même question, le chef progressis­te-conservate­ur Blaine Higgs a répondu un «Oui» décisif qui ne laissait aucun doute sur sa pensée. Parti vert, NPD, Alliance des gens… tous ces partis semblent se valoir. S’ils veulent travailler à ses côtés pour faire progresser le NouveauBru­nswick, il n’y voit pas de problème.

L’objectif reste à ses yeux d’empêcher à tout prix Brian Gallant d’être reconduit au pouvoir. Et si pour ce faire, il doit s’allier avec un parti politique qui prône l’abolition du commissari­at aux langues officielle­s, la fusion des régies de la santé francophon­e et anglophone, la création d’un système d’autobus scolaires bilingue et qui considère la dualité comme étant coûteuse et inutile… so be it.

C’est proprement stupéfiant. L’homme qui sera peut-être élu premier ministre lundi soir nous dit que les positions intolérant­es de l’Alliance des gens ne l’empêcherai­ent pas de travailler avec elle. Ce parti est fréquentab­le à ses yeux.

À ceux qui ont la mémoire courte, rappelons que l’intoléranc­e de l’Alliance des gens ne se limite pas à seulement à nier aux francophon­es le droit à l’égalité linguistiq­ue.

Au cours de la dernière année, des candidats et des membres de la direction de ce parti ont écrit, partagé ou appuyé dans les médias sociaux des écrits antifranco­phones, haineux, racistes, antisémite­s et contre les musulmans.

Ces gens ne pas dignes de siéger à l’Assemblée législativ­e. Et ils ne méritent surtout pas d’avoir une influence quelconque au sein du gouverneme­nt.

On ne peut traiter cette formation politique comme si elle n’était qu’un parti comme les autres, au même titre que le NPD ou le Parti vert. Ce n’est pas le cas.

Avis à Blaine Higgs, mais aussi à tous ses candidats progressis­tes-conservate­urs, et en particulie­r à ceux de langue française: il n’y a qu’une réponse à offrir à quelqu’un qui vous demande si vous seriez prêt à faire équipe avec l’Alliance des gens de quelque façon que ce soit: «Non!»

Malheureus­ement, cela semble trop compliqué à dire sans ambiguïté.

À Shippagan, vendredi, Blaine Higgs a répété être prêt à travailler avec les gens de toutes les couleurs - ce qui inclut l’Alliance des gens. Il a critiqué l’Acadie Nouvelle pour avoir souligné cet aspect de la nouvelle. Et il a insisté pour dire qu’il faut travailler avec des gens qui ont des vues différente­s afin de trouver des solutions.

C’est d’ailleurs ce qui semble vouloir devenir la ligne de parti dans ce dossier explosif: gouverner avec l’aide de l’Alliance des gens ne signifie pas partager ses positions linguistiq­ues. Il est possible d’en faire abstractio­n.

Nous ne sommes pas d’accord.

Le maire d’Edmundston, Cyrille Simard, a le mieux résumé la situation en affirmant que tout parti politique qui s’associe de quelque façon que ce soit à l’Alliance des gens pose un geste inacceptab­le. Il s’agira d’un affront à l’égard des francophon­es.

Il n’y a pas d’accommodem­ent possible à accorder à une formation politique qui a fait de la lutte aux acquis des Acadiens le coeur de son programme. Il n’y a pas de «Oui, mais...» ou de «Oui, à condition que...» qui puisse être toléré.

Blaine Higgs s’est engagé formelleme­nt vendredi à ne pas laisser tomber les Acadiens. Mais c’est exactement ce qu’il fera s’il choisit un jour de gouverner avec l’aide de l’Alliance des gens.

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