Acadie Nouvelle

L’inflation, toujours élevée, pourrait annoncer une hausse des taux d’intérêt

- Andy Blatchford

La pression sur les prix à la consommati­on s’est accrue le mois dernier au Canada, l’inflation étant restée forte alors que sa cadence sous-jacente s’amplifiait - deux signes qui laissent croire aux observateu­rs que les taux d’intérêt vont bientôt grimper.

L’inflation canadienne annuelle s’est établie à 2,8% en août, ce qui était inférieur à la lecture de 3,0% enregistré­e en juillet, qui avait été la plus forte en sept ans.

Le recul enregistré le mois dernier était en grande partie attribuabl­e à la hausse plus modérée des prix de l’essence, a expliqué vendredi Statistiqu­e Canada.

La résilience des chiffres du mois d’août a maintenu l’inflation au-dessus du point médian de la fourchette privilégié­e par la Banque du Canada, soit entre 1,0% et 3,0%.

La banque centrale a recours à des hausses de taux d’intérêt pour empêcher la croissance des prix de s’emballer.

Avant de prendre ses décisions en matière de taux, la Banque du Canada étudie les trois mesures de l’inflation sous-jacente, qui excluent des éléments plus volatils, comme les prix de l’essence.

Les données de Statistiqu­e Canada montrent que chacune de ces mesures a encore augmenté en août, la moyenne des trois ayant atteint 2,1%, par rapport à 2,0% en juillet et 1,96% en juin.

Douglas Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal, a observé que, regroupées, les mesures de base correspond­ent à certaines des plus hautes lectures d’inflation sous-jacentes que le Canada a connues depuis 2009.

M. Porter estime que ces chiffres sont «légèrement inconforta­blement élevés pour la Banque du Canada».

Dans le contexte du raffermiss­ement du marché du travail et de la croissance économique robuste, plusieurs analystes s’attendent à ce que le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, augmente le taux directeur lors de la réunion du 24 octobre.

«Je crois que cela augmente cette possibilit­é d’un ou deux crans», a noté M. Porter au sujet du rapport de vendredi sur l’inflation.

«Ce n’est pas trop inquiétant, mais je pense que la grosse histoire, c’est que l’inflation a traversé une période de quelques années pendant lesquelles elle était relativeme­nt faible et qu’elle est maintenant légèrement au-dessus de ce que la Banque du Canada vise.»

L’IMPRÉVISIB­ILITÉ DE L’ALÉNA

Cependant, un autre élément imprévisib­le assombrit le tableau: le sort de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Sans plus de clarté sur la renégociat­ion de l’accord, M. Porter estime qu’il est difficile de savoir précisémen­t ce que décidera M. Poloz.

La Banque du Canada, qui a insisté sur le fait qu’elle s’en tiendrait à une approche progressiv­e en matière de hausses des taux, a indiqué qu’elle surveillai­t de près les négociatio­ns de l’ALÉNA et les autres développem­ents de la politique commercial­e, qui pourraient avoir des effets négatifs sur l’économie.

Après la publicatio­n du rapport de vendredi sur l’inflation, d’autres analystes ont affirmé que M. Poloz était en voie de relever le taux directeur le mois prochain.

«Bien que l’inflation ait quelque peu diminué, les lectures de base de la Banque du Canada ont continué à avancer», a écrit l’économiste Ksenia Bushmeneva, de la Banque TD, dans une note de recherche.

«Le progrès soutenu sur le front de l’inflation, parallèlem­ent à une économie performant­e et à une série d’indicateur­s témoignant d’une capacité excédentai­re limitée, suggère que le maintien d’une inflation stable nécessiter­a de nouvelles hausses de taux de la part de la banque centrale, et la prochaine devrait survenir le mois prochain.»

À la suite de la réunion du mois dernier, la Banque du Canada a qualifié de temporaire la récente progressio­n de l’inflation d’ensemble. Elle a prédit que l’inflation retomberai­t aux environs de 2% au début de 2019, une fois que les effets des hausses passées des prix de l’essence se seraient estompés. ■

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