Acadie Nouvelle

L’ONÉ aura moins de six mois pour réévaluer le projet Trans Mountain

-

L’Office national de l’énergie (ONÉ) estime qu’il aura assez de temps pour refaire la portion manquante de l’évaluation environnem­entale du projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain.

Ottawa a accordé vendredi moins de six mois à l’ONÉ pour refaire ses devoirs, en tenant compte de l’impact du trafic supplément­aire de pétroliers au large des côtes de la Colombie-Britanniqu­e.

Le ministre des Ressources naturelles, Amarjeet Sohi, en a fait l’annonce en compagnie du ministre des Pêches et des Océans, Jonathan Wilkinson, lors d’une conférence de presse à Halifax, où le Canada accueille les ministres de l’Environnem­ent et de l’Énergie du G7.

«L’Office a toutes les raisons de croire qu’il sera en mesure de s’acquitter de cette tâche dans les délais impartis», peut-on lire dans une déclaratio­n. Il promet des informatio­ns sur les étapes à venir dans les prochains jours.

Lors de cet examen, le gouverneme­nt compte présenter le résultat des analyses déjà effectuées pour la protection des épaulards du sud de la Colombie-Britanniqu­e, une espèce en voie de disparitio­n.

M. Sohi nommera aussi un conseiller technique maritime spécial pour faire partie du nouvel examen de l’ONÉ, mais cette personne doit encore être nommée.

«Nous sommes convaincus que le travail déjà effectué avec les mesures entreprise­s par le gouverneme­nt dans le cadre du plan de protection des océans, le travail du ministère de M. Wilkinson sur la protection des épaulards et l’expertise de l’ONÉ que nous allons pouvoir compléter ce travail en 22 semaines», a affirmé M. Sohi.

Le cabinet fédéral a ordonné à l’ONÉ de présenter une nouvelle recommanda­tion à l’intérieur de ce délai pour déterminer si l’agrandisse­ment du pipeline devrait se faire après avoir examiné l’impact environnem­ental des trois douzaines de pétroliers chargés de bitume dilué qui traversera­ient la baie de Burrard chaque mois.

Ce nouvel oléoduc Trans Mountain suivrait le tracé d’un autre oléoduc déjà existant, récemment acheté par le gouverneme­nt fédéral pour 4,5 milliards $, et qui amène le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta au port de Vancouver pour l’exportatio­n.

Le mois dernier, la Cour d’appel fédérale a annulé l’approbatio­n que l’ONÉ et le gouverneme­nt avaient accordée au projet en 2016, invoquant une consultati­on inadéquate avec les communauté­s autochtone­s et un manque d’examen de la question du transport maritime.

M. Sohi n’a pas écarté la possibilit­é pour le gouverneme­nt de faire appel du jugement en Cour suprême tout en promettant le dévoilemen­t «sous peu» des prochaines étapes de consultati­on des Premières Nations.

Plusieurs communauté­s autochtone­s, groupes environnem­entaux et le gouverneme­nt de la Colombie-Britanniqu­e sont préoccupés par le risque accru de marée noire si un pipeline élargi fait passer le trafic de pétroliers de cinq navires à 35 navires par mois.

4,5 MILLIARDS $ GASPILLÉS?

L’annonce du gouverneme­nt a été accueillie avec scepticism­e par les partis d’opposition.

Les conservate­urs lui reprochent de ne pas avoir d’échéancier précis qui permettrai­t de connaître la date de constructi­on de cet oléoduc que l’Alberta exige avec impatience.

«L’expansion de Trans Mountain devrait être la priorité absolue du gouverneme­nt, mais le gouverneme­nt de Justin Trudeau a plutôt choisi de dépenser 4,5 milliards $ de l’argent des contribuab­les pour ensuite se traîner les pieds indéfinime­nt», a déclaré le député conservate­ur Luc Berthold.

Les néo-démocrates estiment que le gouverneme­nt a fait de «petits changement­s» à un processus d’évaluation déjà défaillant.

«Le gouverneme­nt libéral continue avec les problèmes créés par le gouverneme­nt conservate­ur et c’est complèteme­nt inacceptab­le», a affirmé le chef du Nouveau Parti démocratiq­ue (NPD), Jagmeet Singh.

Greenpeace Canada émet également des doutes sur la reprise de l’évaluation environnem­entale du projet Trans Mountain.

«Il y a des problèmes majeurs avec cette évaluation-là parce que le gouverneme­nt a déjà pris sa décision, a déjà décidé d’investir dans ce futur projet de pipeline et se trouve à être juge et partie», a fait valoir son porte-parole Patrick Bonin.

«C’est la pire crise que vit le fédéralism­e canadien depuis le référendum du Québec en 1995», a dénoncé la chef du Parti vert, Elizabeth May, qui demande que l’ensemble du processus d’évaluation de l’oléoduc soit repris de zéro.

Seule la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, s’est dite satisfaite de l’échéancier imposé par le gouverneme­nt à l’ONÉ.

«Notre priorité est de nous assurer que cet échéancier est coulé dans le béton», a-t-elle affirmé en ajoutant que les Albertains n’allaient pas tolérer quelque retard que ce soit.

Elle a rappelé que l’Alberta ne participer­ait pas au plan fédéral sur le climat tant que le projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain n’allait pas être approuvé. ■

Newspapers in French

Newspapers from Canada