Une députation féminine record à Fredericton
Pendant que les tergiversations sont nombreuses depuis lundi soir, à savoir qui gouvernera la province et comment ça se fera dans un contexte historique, on en a presque oublié une chose. Quelque chose de très important, en fait. Il y aura une députation féminine record à Fredericton.
Pas moins de 11 femmes, soit trois de plus qu’en 2014, fouleront le parquet de l’Assemblée législative.
Les libéraux verront donc Isabelle Thériault (Caraquet), Lisa Harris (Baie-de-Miramichi-Néguac), Monique LeBlanc (Moncton-Est), Cathy Rogers (Moncton-Sud) et Francine Landry (Madawaska-les-Lacs-Edmundston) aux côtés de leur chef Brian Gallant.
Elles seront cinq dans un caucus de 21 députés, ça aussi du jamais vu, alors qu’elles étaient quatre des 27 députés rouges élus il y a quatre ans.
Chez les progressistes-conservateurs, Blaine Higgs pourra compter sur Sherry Wilson (Moncton-Sud-Ouest), Dorothy Shephard (Saint-Jean-Lancaster), Andrea Anderson-Mason (Fundy-les Îles-Saint-Jean Ouest) et Mary E. Wilson (Oromocto-Lincoln-Fredericton). Autant qu’en 2014.
Les tiers partis vont y déléguer Michelle Conroy, de l’Alliance des gens du N.-B. (Miramichi), et Megan Mitton, du Parti vert (Memramcook-Tantramar).
Des calculs de l’Acadie Nouvelle selon les résultats non officiels d’Élections NB démontrent que les 93 femmes (un autre record) qui ont tenté leur chance sur les 237 candidats inscrits (39,2%) ont obtenu plus de 115 000 voix, soit 30% de tous les suffrages exprimés.
Fort heureuse de cette contribution féminine en hausse à la scène politique, la députée et ministre libérale sortante Francine Landry espère que ces résultats inciteront d’autres femmes à faire le saut, peu importe leur allégeance.
«Notre façon de faire de la politique est différente, soutient celle qui en sera à son deuxième mandat à Fredericton. Nous trouvons des solutions à travers le dialogue. Nous sommes plus conciliantes aussi, mais c’est ma perception personnelle. Je crois aussi que le Mouvement pour 50% (qui vise à assurer représentation de 50% de femmes parmi les candidats) a eu un impact. Nous avons de plus en plus notre mot à dire dans un caucus, dans les activités et dans les causes qui nous touchent particulièrement. J’espère que ça va inciter d’autres femmes à se présenter en politique.»
Isabelle Thériault s’est dite honorée de devenir la première femme députée dans Caraquet. Elle a accepté ce résultat décisif 63,8% des voix - comme une victoire collective et un geste de solidarité des femmes pour les femmes.
«Je me suis présentée en politique pour les gens de Caraquet, mais aussi pour les francophones, les Acadiens et les femmes! Durant toute ma campagne, j’ai reçu des commentaires très encourageants des citoyens. Ils étaient heureux de rencontrer une jeune femme, mère de famille. De toute façon, on est rendu là, à la parité des sexes en politique. Pour que les candidates reçoivent plus de 110 000 votes, il a fallu qu’il y ait des femmes qui se présentent. Ça peut sembler simpliste, mais personne n’avait jamais vu ça. Les électeurs avaient un choix devant eux et je m’en réjouis», affirme l’artiste et entrepreneure âgée de 38 ans, qui entend travailler à une meilleure conciliation travail-famille.
La nouvelle députée du Parti vert, Megan Mitton, élue dans Memramcook-Tantramar, s’est dite aussi très satisfaite.
«Je pense qu’on a besoin d’une meilleure représentativité. Quand on pense que 50% de la population sont des femmes, pourquoi est-ce que seulement 16% des députées étaient des femmes en 2014? On a vraiment besoin du changement à ce niveau pour mieux représenter le Nouveau-Brunswick.»
Francine Landry rappelle la promesse de son parti de créer un ministère dédié aux femmes.
«Peut-être que dans l’optique d’un gouvernement minoritaire, nous (les 11 femmes élues) pourrions travailler davantage ensemble afin de faire avancer les causes qui touchent les femmes. Une fois passé le choc des résultats de lundi, nous aurions tout intérêt à nous unir dans les dossiers chers aux femmes et aux jeunes mamans», pense celle qui a fait mordre la poussière à Jeannot Volpé par plus de 2300 voix.
Avec la collaboration du journaliste JeanMarc Doiron.