Acadie Nouvelle

L’ALLIANCE DES GENS CRITIQUE CAP-PELÉ

- Pascal Raiche-Nogue

L’Alliance des gens du Nouveau Brunswick qualifie d’ «antidémocr­atique» la motion adoptée lundi soir par le conseil municipal de Cap-Pelé afin de mettre en garde Brian Gallant et Blaine Higgs contre toute collaborat­ion avec Kris Austin.

pascal.raiche-nogue@acadienouv­elle.com @raichenogu­e

Lors de sa dernière réunion ordinaire, les conseiller­s municipaux de Cap-Pelé ont adopté à l’unanimité une résolution visant à lancer un message clair aux libéraux et aux progressis­tes-conservate­urs.

Ils ont alors menacé de se tourner vers les tribunaux si l’un d’eux ose conclure une entente avec l’Alliance – qui a fait élire trois députés, ce qui pourrait lui accorder la balance du pouvoir – pour gouverner la province.

Selon eux, un tel accord serait «inacceptab­le et inconcevab­le».

Ils justifient leur prise de position en avançant que le parti de Kris Austin est ouvertemen­t hostile à certains droits reconnus à la minorité francophon­e par la Charte canadienne des droits et libertés.

L’Alliance n’a pas tardé à réagir. Mercredi, quelques heures après la publicatio­n d’un reportage de l’Acadie Nouvelle sur l’offensive de Cap-Pelé, le parti a diffusé une déclaratio­n de son directeur des communicat­ions, Wes Gullison.

Ce dernier allègue que la résolution adoptée lundi soir est «antidémocr­atique» et qu’il s’agit d’une «tentative d’ingérence dans le processus politique provincial».

Selon lui, il n’est pas dans le «mandat d’un conseil municipal de dicter quel parti politique peut représente­r ses électeurs».

Dans sa déclaratio­n – publiée uniquement en anglais – Wes Gullison affirme que son parti n’est pas opposé au droit des francophon­es d’obtenir des services gouverneme­ntaux et de faire éduquer leurs enfants dans leur langue.

Rappelons que ce sont deux droits reconnus sans équivoque dans la Charte canadienne des droits et libertés.

Dans sa déclaratio­n, Wes Gullison apporte des arguments pour appuyer son affirmatio­n que l’Alliance ne veut pas enlever des droits aux francophon­es.

En gros, la formation politique veut s’en prendre – au nom de l’efficacité et du «bon sens» – à certains acquis des francophon­es qui ne sont pas reconnus mot pour mot dans la Charte, tels que l’existence d’une régie de santé francophon­e et le transport homogène des élèves francophon­es.

Le parti propose de transporte­r les élèves anglophone­s et francophon­es dans les mêmes autobus. Elle souhaite aussi fusionner les deux régies régionales de la santé pour créer une entité bilingue.

Wes Gullison argumente que puisqu’aucun jugement rendu au Nouveau-Brunswick n’établit clairement que ce sont des droits reconnus par la Charte, ces acquis ne sont pas protégés.

Il s’agit d’une vision particuliè­rement restrictiv­e des droits constituti­onnels et qui diffère grandement de celle des experts constituti­onnels acadiens.

Dans sa déclaratio­n, le porte-parole de l’Alliance allègue aussi que la pénurie de travailleu­rs paramédica­ux dans la province est due aux exigences en matière de bilinguism­e.

Il propose d’utiliser des lignes téléphoniq­ues de traduction au lieu de contraindr­e Ambulance NB à s’assurer qu’il y ait un travailleu­r paramédica­l dans chaque ambulance.

Selon lui, cette approche permettrai­t à Ambulance NB de s’acquitter de ses obligation­s en vertu de la Loi sur les langues officielle­s et de fournir des services de «qualité égale» aux francophon­es et aux anglophone­s.

Il ne fait cependant aucune mention de l’une des positions les plus controvers­ées de l’Alliance des gens, soit d’abolir le commissari­at aux langues officielle­s du NouveauBru­nswick.

Wes Gullison conclut sa déclaratio­n en affirmant qu’il croit que les politiques de son parti sont tout simplement mal comprises.

À son avis, cela s’explique par le fait que des gens «choisissen­t de ne pas les comprendre pour leurs propres intérêts personnels ou politiques».

Il affirme d’ailleurs qu’aucun des groupes qui ont critiqué l’Alliance récemment n’a approché le parti pour discuter de ses propositio­ns et qu’il «est ouvert à discuter avec quiconque souhaite discuter et travailler ensemble.»

Rappelons que la semaine dernière, des dizaines de maires et d’organisati­ons francophon­es ont signé une déclaratio­n commune pour dénoncer haut et fort l’Alliance – qui est selon eux «anti-francophon­e et anti-égalité – et pour s’opposer à toute coalition gouverneme­ntale l’impliquant. ■

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