ÉGLISE DE BAS-CARAQUET: DÉTRUITE AVANT L’HIVER
Le diocèse de Bathurst prévoit jeter à terre les ruines de l’église de Bas-Caraquet avant l’hiver.
L’annonce en a été faite par l’évêque du diocèse, monseigneur Daniel Jodoin, dimanche matin devant les paroissiens de la municipalité pendant la messe célébrée à l’école Place des Jeunes de Bas-Caraquet.
Cette position a pris par surprise les citoyens présents et a rapidement fait le tour du village.
La décision a été prise dans le cadre d’une réunion à Bathurst, le mardi 2 octobre. La présidente du comité de gestion de la paroisse Saint-Paul, Mme Mirila Boucher, était présente et elle a pris connaissance du rapport des ingénieurs de la Nouvelle-Écosse - seulement en anglais - sur la solidité de la structure endommagée par le feu.
Le lieu de culte centenaire a été la proie des flammes à deux reprises à la fin de juin. Le brasier a détruit l’intérieur de l’édifice religieux. Il n’y a plus que les pierres noircies par les flammes qui sont encore debout.
«Les dommages sont trop importants, a déclaré Mme Boucher lorsque jointe par le journal. Beaucoup de photos confirment l’état de ce qui reste de l’église. Elles parlent d’ellesmêmes.»
Selon ses propos, c’était l’option la plus logique à prendre en comparaison à celle qui voulait qu’on garde les murs et qu’on construise une nouvelle église à l’intérieur et à celle qui demandait de ne pas rebâtir.
Une réunion publique sera d’ailleurs convoquée le plus rapidement possible afin d’expliquer la situation aux paroissiens, assure-t-elle.
La compagnie d’assurances acceptera de défrayer les coûts de la démolition (près de 2 millions $) et paiera la somme de 2,5 millions $ au comité de gestion, qui cherchera ensuite à ériger un nouveau lieu de rassemblement.
Mme Boucher sait pertinemment que cette décision ne plaira pas à tous. Déjà, le Comité de sauvegarde de l’église de Bas-Caraquet a vivement réagi en publiant un communiqué sur sa page Facebook.
Le comité a indiqué qu’il s’oppose vivement à cet avis de démolition et affirme n’avoir «jamais été consulté concernant cette décision ni par les autorités diocésaines, ni par le curé père Edmond Thériault, ni par le curé père Robert McGraw et ni par le conseil de gestion paroissiale».
«Ils nous ont tout simplement tenus à l’écart des discussions et ont imposé leurs décisions aux paroissiens. On ne nous a pas non plus laissés consulter le rapport officiel des ingénieurs en lien avec la solidité actuelle des murs restants», est-il écrit, en ajoutant que «cette approche dictatoriale manque clairement de transparence».
La présidente du comité de gestion de la paroisse a pris connaissance de cette réaction.
«On le sait que ça ne plaira pas à tout le monde, mais nous allons avec l’avis de la majorité. Quand Mgr Jodoin a annoncé la nouvelle à la messe, la grande majorité des fidèles présents ont applaudi. On nous reproche de ne pas avoir été transparents, mais nous avions des étapes à suivre. Les fidèles méritaient d’être les premiers à le savoir. Nous n’avons rien à cacher, rien à nous reprocher. Nous avons été transparents dans ce processus», de soutenir la porte-parole.
Le maire de Bas-Caraquet, Roger R. Chiasson, a choisi de demeurer neutre devant cette position.
«C’est une affaire qui concerne les paroissiens, pas le conseil municipal. Nous ne mélangeons pas la politique avec la religion», s’est-il contenté de dire, tout en précisant qu’il sera présent à la rencontre publique.
Roger Vienneau travaille bénévolement au sein de la paroisse Saint-Paul de Bas-Caraquet depuis plus de 40 ans. Il comprend le fond de la question, mais dénonce la forme.
«Personne ne le savait qu’il y aurait une annonce à la messe de dimanche. Nous avons été extrêmement surpris quand nous avons vu arriver Mgr Jodoin. Après tant d’années à travailler pour ma paroisse, ça m’a dérangé», a-til confié. ■