«UN GRAND MANQUE DE RESPECT»
Pour le Comité de sauvegarde de l’église de Bas-Caraquet, la décision du diocèse de Bathurst de démolir les ruines de l’édifice religieux centenaire avant l’hiver n’est rien de moins qu’un affront à leur «monument national».
La présidente du comité, Lucie Lebouthillier, s’explique très mal pourquoi son organisation a été ignorée dans le processus. Elle considère qu’il s’agit d’un immense manque de respect envers ceux et celles qui ont déjà contribué plus de 800 000$ à la restauration de ce lieu de culte.
«Nous sommes estomaqués», a commenté la porte-parole quelques heures après la publication d’un communiqué sur la page Facebook du groupe dénonçant le geste de monseigneur Daniel Jodoin.
Le prélat s’est présenté à la messe de dimanche, à l’école Place des Jeunes de BasCaraquet, afin d’annoncer aux fidèles présents la destruction des ruines calcinées de l’église, victime de deux incendies majeurs à la fin juin.
«Nous sommes surtout tristes de voir que l’évêque ne semble pas vouloir nous reconnaître. Nous n’avons pas été consultés et nous n’avons pas été les seuls, car le comité de la pastorale l’a appris en même temps que nous, dimanche. Ce n’est pas une manière de faire les choses», prétend Mme Lebouthillier.
À son avis, la position de l’évêché et du comité de gestion de la paroisse SaintPaul, adoptée dans une réunion à Bathurst, le 2 octobre, s’est faite en cachette et a manqué de transparence.
«On nous a dit que les gens de la communauté seraient consultés et que toutes les options (la destruction, la rénovation ou laisser le bâtiment comme il est) seraient considérées. Mais là, la décision a été prise sans aucune consultation. Nous trouvons ça terrible. Pensez à tous ceux qui ont travaillé à la construction, à l’entretien et à la rénovation de ce monument national depuis plus de 100 ans… Je ne suis pas certaine que les donateurs à notre cause sont très heureux aujourd’hui», regrette-t-elle.
«UN GRAND MANQUE DE RESPECT ET DE COMPASSION»
Lucie Lebouthillier rappelle également tout le travail accompli depuis cinq ans dans la sauvegarde de l’église patrimoniale. Son groupe a notamment réussi à baisser la facture des rénovations de 4 à 1,2 million $. Cependant, l’incendie de juin a réduit en cendres leurs efforts.
«Nous venons de vivre un gros traumatisme avec l’incendie et Bang! On nous envoie cette autre nouvelle. Il s’agit d’un grand manque de respect et de compassion après un deuil de trois mois. On nous annonce cela à la fin d’une messe, sans avoir eu au préalable une réunion et sans avoir vu le rapport. On nous a tassés», continuet-elle.
Outre le communiqué publié sur sa page Facebook, le Comité de sauvegarde de l’église de Bas-Caraquet a envoyé une lettre au diocèse de Bathurst et au comité de gestion de la paroisse.
Mme Lebouthillier s’y dit surprise et attristée par les événements des dernières heures. Elle demande également une copie du rapport des ingénieurs néo-écossais qui ont analysé la structure incendiée.
«La décision de démolir ou non notre église appartient à la population», sentence-t-elle.