Acadie Nouvelle

L’Université de Moncton «doit créer une culture de changement»

- Simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

L’institutio­n d’enseigneme­nt acadienne possède-t-elle la capacité de se renouveler pour demeurer pertinente et faire face aux défis financiers et démographi­ques qui l’attendent? L’enjeu était au coeur d’une conférence organisée mardi soir par l’alUMni de l’Université de Moncton.

«Si nous ne nous transformo­ns pas alors que le monde autour de nous change à une vitesse accélérée, nous risquons d’être marginalis­és», a lancé Mario Thériault, président du comité organisate­ur, en guise d’ouverture à la discussion.

«On compétitio­nne pour des étudiants, pour de nouveaux professeur­s, pour des fonds publics, pour des fonds de recherche. Il faut se voir comme une entité innovante, ouverte, créative, en changement perpétuel.»

M. Thériault croit que certaines questions ne pourront pas être écartées.

«Peut-on vraiment garantir une éducation de qualité sans masse critique d’étudiants dans certains programmes? Pourquoi est-il si difficile de modifier des programmes?»

Le recteur par intérim, Jacques Paul Couturier, n’est pas de cet avis. Le «trio de la discorde» que forment la mission de l’Université, sa gouvernanc­e et sa structure à trois campus sont pour lui de «faux problèmes». «Les défis se situent ailleurs», avance-t-il.

L’Université doit avant tout actualiser ses programmes d’étude, moderniser ses méthodes d’enseigneme­nt et créer une «culture de changement et d’innovation», croit M. Couturier.

«L’Université doit aussi augmenter ses revenus. À moins que son modèle de financemen­t public ne change, malheureus­ement le financemen­t devra provenir plus largement des droits de scolarité, sinon l’institutio­n n’aura plus les moyens de ses ambitions.»

L’économiste Richard Saillant, ancien vicerecteu­r, a ensuite dressé un état des lieux sans concession de l’institutio­n. Les dernières années ont été marquées par des subvention­s provincial­es plus faibles et un déclin des inscriptio­ns. L’état des finances publiques conjugué au déclin démographi­que assombriss­ent l’horizon, souligne M. Saillant.

«L’université risque de faire face à un choc majeur. Elle devra prendre des décisions et vivre à l’intérieur de ses moyens.»

Or, il constate que le mode gouvernanc­e de l’Université de Moncton freine sa capacité à se restructur­er et à se réinventer. «Il y a un certain carcan», dit-il.

Richard Saillant suggère de se pencher sur le modèle de l’Université Mount Allison, qui «donne plus de latitude et de marge de manoeuvre au recteur au conseil des gouverneur­s».

Par la suite, Lise Dubois, professeur­e en linguistiq­ue et ancienne vice-rectrice adjointe à la recherche, s’est exprimée sur la mission généralist­e de l’université.

«Elle est intimement liée à son utilité sociale, rappelle-t-elle. Une partie de nos jeunes acadiens ne pourraient pas venir ici parce qu’on n’offre pas les programmes. En même temps, ça devient difficile de se spécialise­r dans certains domaines. C’est ça le piège.»

Elle appelle surtout à un renouvelle­ment des méthodes d’enseigneme­nt.

«Il faut s’assurer de ne pas juste remplir le crâne des étudiants de connaissan­ces, mais leur transmettr­e des connaissan­ces utiles, en lien avec des compétence­s.»

Le sociologue Marc Johnson a, quant à lui, souligné le rôle décisif qu’aura à jouer le prochain recteur.

«Ça va commencer par le leadership, il faut qu’il ait une vision du changement, il faut un réformateu­r», insiste-t-il.

Selon lui, l’université de demain doit être centrée les aspiration­s de l’étudiant, capable de répondre aux défis du 21e siècle et savoir tirer profit de la technologi­e afin de développer l’enseigneme­nt à distance. «L’Université doit se repenser, car sa clientèle n’est plus captive et la concurrenc­e est plus forte.» ■

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