Les jeunes hockeyeurs du Restigouche évincés du Centre civique
Le bras de fer que se livraient Campbellton et l’Association de hockey mineur Restigouche Nord s’est conclu lundi par un match nul. La Ville a perdu un locataire de premier plan et l’association des surfaces de jeu précieuses.
Vendredi, la Ville de Campbellton annonçait par voie de communiqué qu’elle mettait sa menace à exécution, soit qu’elle ne mettrait pas de temps de glace à la disposition de l’AHMRN puisque cette dernière refuse de lui fournir la liste des joueurs. Avec cette liste, la Ville désirait vérifier la provenance des jeunes hockeyeurs afin de leur facturer le coût de sa carte loisir pour nonrésident (200$).
Par principe et en invoquant les règlements de Hockey NB (confidentialité), l’association refuse toutefois de fournir cette liste ou encore de collecter le montant de la carte au nom de la Ville.
L’AHMRN réitère avoir tenté de dénouer l’impasse en offrant, il y a quelques semaines, d’acheter des cartes loisir pour ses joueurs non résidents ou même de laisser tomber son tarif préférentiel pour le plein tarif. Ces options – qui représentaient pourtant plusieurs milliers de dollars – n’ont pas été retenues par la Ville. Pourtant, à elle seule, l’option de la location aurait rapporté un 50 000$ additionnel dans les coffres du Centre civique.
Résultat? L’association est forcée de se tourner vers d’autres options – en l’occurrence le Palais des glaces de Dalhousie – afin de donner du temps de glace à ses jeunes athlètes. Cette mesure affecte aussi, ironiquement, ceux de Campbellton ainsi que les communautés partenaires du Centre civique (Tide Head, Listuguj et Pointe-à-laCroix) qui ont pourtant payé pour éviter à leur population le besoin d’acheter la carte loisir. En fait, l’association avait pris la peine de concocter cinq équipes composées uniquement de hockeyeurs possédant la carte loisir, de sorte à éviter que ceux-ci n’aient pas à voyager à Dalhousie. Cette option est aussi tombée à l’eau.
À Pointe-à-la-Croix, où l’on vient de décider de contribuer à raison de 15 000$, le maire de l’endroit, Pascal Bujold veut rencontrer son conseil avant de commenter ces développements.
«Il faut voir plus loin que le hockey mineur, mais c’est certain que ça ne regarde pas bien», at-il indiqué, réitérant que l’avenir à long terme du Centre civique Memorial dépendait de la bonne entente et d’un appui régional.
L’AHMRN compte officiellement cette saison un total de 267 joueurs (trente de moins que l’an dernier), ce qui se traduit par 16 équipes.
TRAITEMENT INJUSTE
En conférence de presse mardi soir, les membres du conseil d’administration de l’AHMRN ont vivement dénoncé les agissements du conseil municipal de Campbellton.
Roger Hickey s’insurge particulièrement du fait que Campbellton a accepté les offres de Pointe-à-la-Croix et Listuguj, mais pas celles de son organisation.
«On arrive avec plus d’argent pour une centaine de jeunes joueurs – pas des milliers de personnes –, et on se fait dire non. On est traité injustement par la Ville», estime-t-il.
Selon lui, l’association a négocié de bonne foi et fait preuve d’ouverture tout au long du processus, ce qui n’aurait pas été le cas de la Ville. Une évidence s’impose selon lui.
«On a tout essayé, mais c’est clair que le conseil de Campbellton se sert de notre association, qu’il prend nos enfants en otage, pour faire avancer son agenda politique qui est de faire pression sur toutes les communautés du Restigouche pour s’entendre sur une formule de partage des coûts. Mais nous, on est une organisation bénévole et sans but lucratif qui travaille pour les enfants. On n’a rien à voir avec tout ça», estime-t-il.
DES TOURNOIS SUR LA GLACE
En plus d’interdire l’accès à ses patinoires au hockey mineur, la Ville de Campbellton a annoncé que cette mesure était également valide pour les tournois et autres événements.
Habituellement, l’AHMRN était l’hôte de deux événements majeurs au Centre civique de Campbellton, soit le tournoi Bantam/Midget Arnold Maisey (qui en serait cette saison à sa 47e présentation) et le Jamboree Initiation/Novice.
Dans les deux cas, ces deux tournois accueillent tout près d’une trentaine d’équipes d’un peu partout dans la province ainsi que du Québec. Ils sont sur la glace en raison de la mesure mise en place par la Ville. En fait, les dates de ces événements ont été remises en location.
«Ces événements génèrent beaucoup d’activités économiques pour Campbellton, que ce soit pour les restaurants, les hôtels, les boutiques, les stations de services, etc. Si j’étais un commerçant à Campbellton aujourd’hui, je serais très mécontent de la position dans laquelle ma ville me place», commente M. Hickey.
Selon l’organisation, la Ville avait pourtant initialement promis d’exempter les tournois et événements spéciaux de l’obligation de la carte loisir.
Si Campbellton ne change pas son fusil d’épaules dans ce dossier, ces deux événements seront annulés. «Le Palais des glaces est malheureusement trop petit pour accueillir autant d’équipes», précise M. Hickey.
MOINS DE TEMPS DE GLACE
Lors de la conférence, l’équipe de l’AHMRN a confirmé que Dalhousie serait le seul aréna utilisé pour la saison actuelle. Le Palais des glaces sera-t-il en mesure d’accueillir autant de hockeyeurs? Certes, mais il y aura un coût à payer.
«On n’aura pas autant de glaces qu’à l’habitude, mais ça sera suffisant pour nos besoins. Il va peut-être falloir qu’on utilise des demi-glaces pour les pratiques, mais c’est correct pour les plus jeunes. Pour le reste, on va s’arranger», explique M. Hickey, soulignant que l’option de l’aréna de Belledune - beaucoup trop loin - a été abandonnée.
L’équipe du Palais des glaces a commencé à préparer les lieux mardi. La glace devrait être prête pour location dès jeudi. La décision de l’AHMRN de n’utiliser que le Palais des glaces est par ailleurs irrévocable pour cette saison.
«La seule façon que nous retournerons à Campbellton, c’est sans les cartes. On ne va pas s’amuser à re-diviser nos équipes. Tous nos joueurs pourront jouer à Campbellton ou pas du tout», conclut Hickey. ■