Le grand jour du pot est arrivé!
Alléluia! Alléluia! Le pot est légal! Sonnez hautbois, résonnez musettes! Ayons quand même une petite pensée pour tous les poucheurs qui vont se retrouver au chômage. Ciel, le trou noir va-t-il s’agrandir?
Le plus étrange, maintenant que le pot est légal, c’est qu’il sera pratiquement interdit d’en fumer partout, à l’intérieur et même à l’extérieur, dans nombre de villes et villages.
Bref, faudra faire comme dans l’ancien temps: fumer en cachette!
C’est déjà ce que vivent de plus en plus les fumeurs de tabac dont les effluves nicotinées peuvent apparemment indisposer les gens jusqu’à trois générations futures, toé! Déjà que ça laisse une couche de suie sur les murs, que ça se faufile entre les craques, pis que ça pue le diable, vlà que ça s’attaque à notre descendance!
Évidemment, fumer du tabac, ce n’est pas un péché mortel, même si pour beaucoup, c’est un péché létal.
Et là, à tous les inconvénients liés à la boucane de tabac, va falloir ajouter les inconvénients liés à la boucane de pot! Mais où s’en va le monde, doux Jésus!
Autrefois, pour mettre les gens en garde contre les effets possiblement néfastes du cannabis, on évoquait des incidents où des personnes cannabinées, croyant qu’elles pouvaient soudainement voler, auraient voulu se jeter du haut des airs…
Je gagerais même une cocotte qu’avant la fin de l’année une bonne âme scandalisée va soutenir que son voisin fume du pot hallucinogène et qu’un éléphant rose en manque de pinottes s’est faufilé dans la craque du mur de leur salon contigu! (Un conseil: gardez toujours un gros sac de pinottes en écales dans le garde-manger.)
Attendons-nous à lire d’autres témoignages aussi spectaculaires que véridiques dans les semaines à venir. Avec les médias sociaux, nul doute que de telles histoires vont devenir virales!
Heureusement, le gouvernement canadien nous protège. L’État-poucheur ne nous lâchera pas lousses comme ça, avec du pot à volonté!
On pourra acheter son pot en ligne. Tellement pratique. Surtout si le gouvernement veut savoir quels citoyens fument!
Évidemment, il y aura aussi des boutiques spécialisées et aseptisées, avec contrôle stricte à l’entrée et supposément du personnel «connaissant» en pot, capable de faire la différence entre les différents types de pot.
J’ai hâte de voir s’il faudra revêtir des uniformes antiradiations pour entrer.
En gros, il y a deux types de pot: Sativa et Indica. Le Sativa est plus énergétique; l’Indica, plus relaxant. Entre les deux, une panoplie incroyable d’hybrides. Il y a même un hybride appelé White Rhino! Yéé!
Enfin, espérons que le personnel pourra aussi aider les clients à rouler leurs joints. Il ne faudrait pas stigmatiser davantage les gens qui font de l’arthrite!
Évidemment, il ne faut surtout pas répéter tout ça à vos ados! Le gouvernement veut les protéger, c’est d’ailleurs pour ça qu’il légalise le pot. C’est le premier ministre Trudeau luimême qui l’a dit.
Les ados ne doivent pas fumer. Prenez exemple sur les Hamish.
En plus, la légalisation va combattre le crime organisé. Mon nouvel éléphant rose me dit que ce pauvre crime organisé saura vite se remettre de ses émotions et qu’il trouvera d’autres débouchés. La crise des opioïdes n’est pas près de se résorber.
C’est aussi une bonne nouvelle pour l’économie. Selon une étude de Santé Canada, il paraît que les Canadiens se taperont 925 tonnes de cannabis par année! De quoi nourrir un méchant troupeau de vaches laitières!
J’ai lu quelque part que les taxes sur le tabac ont rapporté en 2016 plus de 157 millions $ au gouvernement provincial. Faut maintenant rêver aux millions supplémentaires que rapporteront les ventes de pot.
Pourvu que le gouvernement fédéral ne se montre pas trop et tente de garder tout ce fric hallucinant pour lui!
Le premier ministre canadien devra se résoudre à comprendre que le peuple, via ses gouvernements provinciaux, veut le beurre et l’argent du beurre. Comment être heureux autrement?
Depuis quelques mois, j’observe, un tantinet amusé, les déclarations, sommations, clameurs et autres objurgations lancées dans la société civile au sujet de cette légalisation psychédélique.
Avant, ce n’était pas compliqué: quand tu voulais du pot, tu contactais le poucheur, il se présentait, et le tour était joué. C’était Alice au pays des merveilles.
En chargeant des fonctionnaires d’établir des politiques liées à cette législation et en demandant l’avis de moult associations, groupes, organismes, agences, syndicats de tout acabit, le gouvernement s’est retrouvé inondé de demandes, d’exigences, de recommandations, de mises en garde qui, bien que sensées, n’ont fait que rajouter une couche de complications après l’autre dans ce vaste projet de boucane céleste.
Dorénavant, ce sera plutôt Alice chez Big Brother!
Vraiment, le pot est un dossier surréaliste. Même les flics se demandent à quel moment ils pourront fumer!
QUOI? Des flics qui fument? Certains des plus gros pourfendeurs de pot qui ont passé les cinquante dernières années à courir après le premier garnement venu qui avait le malheur de vendre un joint ou d’en allumer un, afin de le traîner en cour très souvent, seraient des fumeurs de pot? J’hallucine!
Souhaitons au moins que le gouvernement Trudeau, qui se gargarise souvent avec les mots ouverture et inclusion, n’hésitera pas à prendre des mesures pour effacer les dossiers criminels de toutes les personnes qui ont été condamnées pour la simple consommation de pot au fil des ans.
En plus des flics, que dire du personnel médical, infirmier, ambulancier (unilingue ou non)? Et que dire de nos vaillantes maîtresses d’école? Et des conducteurs d’autobus scolaires homogènes? Et des chauffeurs de taxi? Que dire des dentistes, des gars de la construction, des commis voyageurs, des militaires? Que dire des carmélites, grand Dieu?
Coudon, tout le monde exige l’accès au nirvana?
Ciel, serait-ce la catharsis? Soudainement, je nage en pleine béatitude… y a des centaines d’anges barbus autour de moi… je me sens comme une tête de violon qui roule et qui se déroule… faut que je donne des pinottes à mon éléphant rose… Alléluia, baby!
Han, Madame?