ENREGISTREMENT FONCIER: LA CENTRALISATION SOULÈVE DES QUESTIONS
La récente centralisation des 13 bureaux d’enregistrement fonciers de la province à St. Stephen, situé à l’extrémité sud-ouest de la province, soulève des préoccupations quant à la capacité du gouvernement provincial d’offrir des services adéquats dans les deux langues officielles.
Le gouvernement libéral de Brian Gallant a annoncé son intention de centraliser ce service à St. Stephen, à l’automne 2016, dans la foulée de sa Révision stratégique sur les programmes. La province prévoyait que cette décision donne lieu à une réduction des dépenses d’environ 2 millions $ et à une amélioration des services. L’inauguration officielle a eu lieu en juin.
Denis Fournier, un citoyen de la région Chaleur, fréquentait régulièrement l’ancien bureau d’enregistrement foncier à Bathurst. Bien que la quasi-totalité de la clientèle du bureau soit constituée d’avocats et d’arpenteurs, des particuliers comme M. Fournier utilisent les services du bureau à l’occasion.
Ayant fait carrière dans le secteur des assurances, M. Fournier se sentait suffisamment à l’aise à l’intérieur du système pour donner un coup de main à des particuliers souhaitant régler certaines affaires eux-mêmes.
Avec les changements récents, l’homme de Sormany craint que la centralisation à St. Stephen mène à une érosion des services en français.
«On parle de 2 millions$, mais à Bathurst, il y avait déjà des bureaux, des ordinateurs et du personnel bilingue. Pourquoi ont-ils fermé? Je pense qu’ils auraient au moins dû conserver le bureau de Bathurst», croit M. Fournier.
M. Fournier a récemment partagé ses préoccupations avec la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick.
L’organisme a d’abord dénoncé cette décision en 2016. Sa position demeure la même deux ans plus tard.
«Ça soulève la question importante de savoir si des services provinciaux situés dans des régions à forte majorité unilingues et éloignées de centres davantage bilingues auront la capacité d’embaucher un personnel suffisamment bilingue pour desservir l’entièreté de la population», souligne Éric Dow, responsable des communications à la SANB.
Lors du dernier recensement, 350 personnes de St. Stephen ont affirmé connaître les deux langues officielles de la province.
Selon Valérie Kilfoil, porte-parole chez Service NB, le bureau provincial d’enregistrement foncier de St. Stephen compte huit postes, dont quatre ont été désignés bilingues. Deux de ces postes sont vacants. La province a lancé son processus de recrutement, précise Mme Kilfoil.
Trois employés anglophones sont inscrits à des cours de français langue seconde à l’Université de Moncton.
D’ailleurs, 36 autres personnes travaillent dans l’un des centres de traitement régionaux et au bureau administratif de Fredericton. Plus de la moitié, soit 21 personnes, sont bilingues, affirme le gouvernement provincial.
«Ils travaillent tous pour le bureau provincial (à distance) en faisant l’enregistrement de documents et de plans présentés au bureau provincial et en répondant aux demandes reçues par téléphone et par courriel.» ■