Protection des baleines: vers une meilleure collaboration entre le MPO et les pêcheurs
Les pêcheurs se préparent à participer à une importante table ronde sur les mesures de protection des baleines noires avec le ministre des Pêches et des Océans Jonathan Wilkinson à Halifax, mardi. Les homardiers et les crabiers s’attendent à une meilleure collaboration du gouvernement.
De fortes tensions régnaient entre les représentants de pêcheurs et les agents du ministère des Pêches et des Océans (MPO) au printemps. À plusieurs reprises, les homardiers et les crabiers ont dénoncé publiquement les «mesures exagérées», qui leur faisaient tort. Ottawa ne semblait pas intéressé à entendre leur point de vue.
Lyne Morissette, chercheuse scientifique et spécialiste de l’écologie des mammifères marins chez M-Expertise Marine, encourage le MPO à faire preuve de plus d’ouverture au cours des prochaines semaines et des prochains mois.
«Il y a de belles choses qui ont été faites cette année pour protéger la baleine. Selon moi, le prochain pas crucial sera d’intégrer l’industrie dans le processus dès le départ. Ces gens connaissent le terrain, ils connaissent les baleines, ils connaissent leur industrie et ils ont des idées.»
Des porte-paroles du MPO ont rappelé à plusieurs reprises que les pêcheries canadiennes doivent atteindre les normes du Marine Mammal Protection Act américain, sans quoi elles pourraient se voir interdire l’accès aux marchés lucratifs des États-Unis.
En fait, les Américains exigent que d’ici 2020, tous les fruits de mer importés dans leur pays soient conformes à ces normes.
Or, Mme Morissette souligne qu’il est possible d’atteindre cette barrière sans imposer des mesures aux pêcheurs contre leur gré.
«Dans le modèle américain, qui fonctionne bien depuis les années 1990, il y a une intégration complète de l’industrie des pêcheurs dans le processus de gestion et dans les décisions qui sont prises. La prochaine étape importante (au Canada) est d’intégrer les pêcheurs puis l’industrie au lieu de leur balancer des décisions qui sont pensées à leur place.»
«DISCUSSIONS POSITIVES»
Martin Mallet, directeur général de l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM) - organisme qui représente entre autres des centaines de pêcheurs de homard de la côte est du Nouveau-Brunswick - affirme que le gouvernement canadien semble effectivement prêt à mieux collaborer avec les intervenants de l’industrie.
«La discussion est vraiment positive entre l’industrie et le MPO. On essaie vraiment de ramener une formule de collaboration qui avait été brimée dans la saison de pêche du printemps. L’industrie travaille sur des pistes de solution.»
M. Mallet ajoute que le MPO doit fournir à l’UPM ses données sur les baleines de 2017 et 2018. Son équipe s’en servira afin de «trouver la meilleure situation au niveau des fermetures de zones qui permettrait autant une pêche pour le crabe que le homard plus efficace». «Si on regarde la pêche côtière pour le homard, le risque d’interaction est extrêmement faible entre la baleine et la pêche du printemps dans la zone 23 (Péninsule acadienne).»
M. Mallet s’attend à avoir «plus d’information par rapport aux plans de l’année prochaine» lors d’une table-ronde à Halifax la semaine prochaine.
Selon un porte-parole du ministère des Pêches et des Océans, l’information partagée lors de cette réunion aidera «à maintenir l’équilibre entre le bien-être économique de l’industrie de la pêche et la nécessité de protéger les baleines de l’enchevêtrement en prévision de la saison des pêches 2019».
Une revue scientifique des paires (une réunion au cours de laquelle les experts du MPO font la révision finale des données d’une recherche) doit également avoir lieu en novembre avec les scientifiques du MPO, selon Mme Morissette. ■