Acadie Nouvelle

Bientôt moins de recours pour les travailleu­rs accidentés?

- patrick.lacelle@acadienouv­elle.com @patricklac­elle

Le Syndicat canadien de la fonction publique craint que les recommanda­tions d’un groupe de travail au NouveauBru­nswick, si jamais elles devenaient loi, ne limitent les recours des travailleu­rs blessés.

Plus tôt cet été, le Groupe de travail sur Travail sécuritair­e NB a rendu public son rapport: 28 recommanda­tions pour que le «système soit transparen­t, responsabl­e, prévisible et viable».

Les conclusion­s du rapport étaient le fruit d’une année complète de travail.

Le Tribunal d’appel des accidents du travail permet aux travailleu­rs de faire appel d’une décision quant à l’indemnisat­ion après un accident de travail. Or, les décisions de ce tribunal quasi judiciaire auraient entraîné une hausse du taux de cotisation des employeurs de plus de 60% au cours des deux dernières années.

En fait, selon ce que rapportait l’Acadie Nouvelle plus tôt cette année, les décisions du Tribunal d’appel, créé en 2015, ont fait grimper les coûts du régime audelà de la capacité de payer des employeurs. De là émanent les six recommanda­tions du groupe de travail voulant modifier la loi provincial­e pour altérer les pouvoirs dudit tribunal.

Le groupe suggère entre autres que le tribunal puisse trancher conforméme­nt aux politiques de Travail sécuritair­e NB. Ce qui ne plaît pas du tout au SCFP.

«En enlevant le pouvoir du tribunal d’agir contre les politiques qui sont en conflit avec les lois, c’est un gros problème pour nous», souligne Daniel Légère, président du SCFP au NouveauBru­nswick.

Le groupe de travail recommande également de retirer la compétence du tribunal de modifier ou de réformer une politique établie par Travail sécuritair­e NB.

«Notre plus grande préoccupat­ion c’est le fait d’ôter du pouvoir au Tribunal d’appel. Le tribunal d’appel, s’il y a des erreurs de faites ou des décisions qui n’étaient pas nécessaire­ment bonnes, c’est là où elles sont corrigées. La majorité des décisions de cas qui se rendent au Tribunal d’appel sont infirmées. Ça nous dit que nous avons besoin du tribunal pour nous assurer que les travailleu­rs et les travailleu­ses au Nouveau-Brunswick, quand ils sont blessés, ont une procédure complète pour réviser le dossier et aller en appel.»

«GARDER LES TAUX RÉDUITS»

Les modificati­ons proposées, selon M. Légère, favorisent l’employeur au détriment du travailleu­r afin de permettre de garder «artificiel­lement basses» les contributi­ons des entreprise­s au régime.

«Il ne faut pas oublier pourquoi nous avons ce système. C’est pour prendre garde aux travailleu­ses et travailleu­rs quand ils se blessent en faisant le travail de l’employeur. Ç’a été mis en place parce que les travailleu­rs ont laissé aller leur droit de poursuivre leur employeur avec la promesse qu’on prendrait soin d’eux d’une façon équitable s’ils se blessent à l’ouvrage. On dirait que tout le système a été viré à l’envers. Maintenant, toutes les préoccupat­ions et les priorités sont de garder les taux réduits pour les employeurs et les travailleu­rs blessés passent en deuxième.»

La SCFP voit aussi dans ce rapport des signes de privatisat­ion. Le syndicat y voit plus précisémen­t un souhait de vouloir privatiser le seul centre de réadaptati­on de Travail sécuritair­e NB, à Grand Bay.

En fait, l’équipe de M. Légère aimerait voir le contraire se produire et voir un nouveau centre être créé dans la Péninsule acadienne.

Toutes les recommanda­tions du rapport ne sont pas mauvaises selon le SCFP. Celle d’éliminer la période d’attente de trois jours impayée entre l’indemnisat­ion et l’accident est entre autres bien accueillie.

Le Nouveau-Brunswick demeure toujours l’une des dernières provinces à imposer une période d’attente de trois jours impayée.

«On aimerait voir un centre dans la Péninsule acadienne pour que les gens n’aient pas nécessaire­ment besoin de se déplacer dans le sud de la province. C’est vraiment dur pour quelqu’un qui a des enfants de ne pas être à la maison une semaine de temps et parfois des mois», a-t-il confié.

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Patrick Roy, représenta­nt Santé et Sécurité du SCFP, en compagnie du président du SCFP au Nouveau-Brunswick, Daniel Légère. - Gracieuset­é
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