L’amiante est maintenant interdite, mais les résidus miniers restent exemptés
L’interdiction décrétée par le Canada en 2016 sur l’importation, la vente et l’utilisation de l’amiante n’empêchera pas des entreprises québécoises de fouiller les montagnes de résidus miniers laissées par des décennies d’extraction, à la recherche de magnésium.
La ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna (photo), a dévoilé cette semaine la réglementation entourant la mise en oeuvre de l’interdiction de l’amiante. Cette réglementation a été approuvée par le cabinet à la fin du mois de septembre. Kathleen Ruff, experte en matière d’amiante, se dit déçue par la décision fédérale d’autoriser une exemption pour les résidus miniers, car ces résidus contiennent jusqu’à 40% de fibres d’amiante, qui sont responsables de cancers et d’autres maladies pulmonaires. On estime qu’environ 800 millions de tonnes de résidus miniers sont accumulées à Thetford Mines et Asbestos, au Québec, après des décennies d’extraction d’amiante. Au moins une entreprise, Alliance Magnésium, souhaite extraire ce métal des résidus de mines d’amiante, principalement pour utilisation dans les pièces automobiles et les moules haute pression. En août, le gouvernement du Québec a octroyé une aide financière de 30,9 millions $ à Alliance pour l’implantation d’une «usine de démonstration commerciale» de fabrication de magnésium à partir des résidus, par un procédé d’électrolyse. Le projet, d’une valeur de près de
105 millions $, doit être réalisé à Danville, en Estrie, et créer une soixantaine d’emplois.
Le Canada a accepté d’interdire l’amiante en 2016, après des années de pressions exercées par des experts en santé publique, d’anciens travailleurs miniers et des proches de victimes. Le Canada a toutefois continué de faire valoir que l’amiante était sans danger s’il était utilisé avec les précautions appropriées.
Au moins 510 Canadiens sont morts en 2016 du mésothéliome, un cancer du poumon lié à l’amiante. Ce chiffre n’inclut toutefois pas les décès survenus au Québec, qui a cessé en 2010 de signaler ses taux de maladies liées à ce minerai. – La Presse canadienne