La perte de l’Acadie vue par la France
La France a-t-elle vraiment abandonné le Canada français ou a-t-elle tenté de reprendre ce pays? Dans la fresque historique Un Roy sans Acadie, l’écrivain Alain Dubos propose de reconstituer l’histoire dans une perspective française.
Présentée pour la première fois en 2013 à Memramcook sous le titre Et l’Acadie Majesté?, cette pièce créée par un groupe d’acteurs français a été rebaptisée Un Roy sans Acadie. Dès les premières représentations, le spectacle a suscité un engouement tant au Nouveau-Brunswick qu’en France. Au fil des années et des représentations, les concepteurs ont apporté des modifications au spectacle.
«C’est toujours le même texte, mais on a modifié pas mal de choses, notamment dans la mise en scène et la technique», a déclaré Alain Dubos, bien connu pour ses romans historiques.
Les vidéos et les acteurs acadiens de la pièce originale ont été remplacés par la voix de l’artiste acadienne Marie-Jo Thério. Celle-ci personnifie l’Acadie et l’Amérique française qui interpelle le roi de France. Cette pièce est jouée depuis septembre 2015 dans différentes villes de la France. L’écrivain et médecin français rappelle que l’histoire de l’Acadie n’est pas très enseignée en France. Le récit qui se déroule principalement à Versailles s’étend de 1745 à 1759, retraçant les événements ayant précédé le Traité de Paris. Ce spectacle que l’on dit rempli d’émotions propose de regarder le point de vue de la France sur la perte de l’Acadie.
«On a toujours dit qu’on avait abandonné le Canada. Ce que les gens ne savent pas toujours forcément, c’est que le roi de France en 1746 a envoyé une flotte très importante de 72 navires et 11 000 hommes pour récupérer Louisbourg et l’Acadie, donc il y avait un effort vraiment de la France pour reprendre l’Acadie qui avait été cédée à l’Angleterre avec le traité d’Utrecht par Louis XIV. Mais malheureusement cette flotte a été complètement détruite et endommagée par deux tempêtes au large de l’actuelle ville d’Halifax. À partir de là, la France n’avait plus les moyens maritimes de faire face à l’Angleterre», a raconté Alain Dubos, qui incarne le fantôme de Louis XIV qui essaie de donner des conseils à son petit-fils Louis XV.
Le récit débute à la Cour de Versailles alors que la guerre fait rage en Europe, notamment entre la France et l’Angleterre. Petit à petit, la pièce reconstitue l’histoire de cette période et la réaction des Français face aux événements comme la déportation des Acadiens et la prise de Québec. La distribution comprend quatre comédiens professionnels et semi-professionnels qui jouent les rôles de Louis XV (Patrice Carpuat), de la marquise de Pompadour (Lucie Raimbault), des ministres Maurepas et Choiseul (Raphaël Mondon) et du spectre de Louis XIV (Alain Dubos). La mise en scène a été assurée par Daniel Annotiau, fondateur du théâtre des Deux Rives à Versailles. La pièce est également présentée dans les écoles.
«Les élèves découvrent une histoire qu’ils connaissent plutôt mal et le public découvre surtout le point de vue français.»
La troupe en est à sa troisième tournée dans les Provinces maritimes avec cette pièce. Ils sont actuellement au NouveauBrunswick. Après Shippagan et Caraquet, Un Roy sans Acadie est présentée mardi au Centre communautaire Sainte-Anne à Fredericton où trois représentations (deux scolaires et une grand public à 19h30) sont prévues. Ils seront également à Dieppe pour une représentation publique au Centre des arts et de la culture de Dieppe jeudi à 19h30.
Le romancier Alain Dubos travaille actuellement à la création d’une nouvelle oeuvre théâtrale liée à la naissance de la Nouvelle-France. ■