ENCEINTES ET INQUIÈTES
Plusieurs femmes enceintes de la Péninsule acadienne se retrouvent dans une situation difficile en raison de l’interruption temporaire des services d’obstétrique à l’Hôpital régional Chaleur, à Bathurst. Les futures mères seront peut-être contraintes de rallonger leur route pour donner naissance.
Un accouchement apporte déjà son lot de stress et d’inquiétudes, la situation actuelle ne fait qu’empirer les choses. Un manque de personnel oblige les futures mamans à opter rapidement pour une alternative.
«Je suis à presque 39 semaines et j’apprends que le service va fermer pendant trois jours l’hôpital de Bathurst. L’accouchement de mon premier enfant a été assez rapide, donc un 30 minutes de plus peut faire toute la différence», explique Geneviève Godin, de Bertrand.
Cette localité de la Péninsule acadienne se situe à 45 minutes de route de Bathurst. Il faut 40 minutes de plus pour se rendre à l’hôpital de Miramichi et 55 minutes de plus pour se rendre à celui de Campbellton.
«Un imprévu est si vite arrivé et on ne sait jamais ce qui va se passer. Tout peut se porter à merveille, comme je pourrais avoir besoin d’une césarienne.»
Elle n’est pas seule à vivre cette situation. Katia Plourde, de Robertville (près de Bathurst), nécessite davantage de soins avec une césarienne planifiée pour un bébé en position de siège.
Une troisième mère déplore aussi qu’elle doive choisir une nouvelle option pour la naissance de son enfant.
«Un accouchement représente un énorme stress et 15 minutes peuvent faire une grosse différence. Surtout que mon premier accouchement a été très rapide», explique Marie-Josée Cloutier, de Shippagan, dont la grossesse arrive à 38 semaines mercredi.
«Le plan que tu planifies tombe à l’eau. Je ne connais pas l’hôpital, je ne connais pas le personnel et ils ne m’ont jamais vu. De plus, le personnel n’a pas mon dossier», explique-t-elle avec amertume.
OPTIONS LIMITÉES
Mme Plourde ajoute que les options sont limitées pour aider ces femmes qui doivent se débrouiller par elles-mêmes.
«Si au moins l’hôpital avait transféré les dossiers dans une autre institution et m’avait préparée pour que je me rende dans un autre lieu. Le problème est de me rendre sur place.»
«Si nous avions pu au moins nous rendre à Bathurst et ensuite prendre une ambulance pour être transférée à un autre endroit, mais il manque aussi d’ambulances dans la région», constate-t-elle.
Elle déplore aussi qu’il n’y a pas la possibilité d’opter pour une sage-femme.
PAS LA PREMIÈRE FOIS
Le manque d’infirmières est un problème récurrent dans la région, selon Shanie Chiasson-Boudreau, de Bathurst, qui a donné naissance à son enfant le 24 juillet.
«Ça fait longtemps qu’il y a un manque de personnel et ça place les femmes enceintes à risque si on perd nos eaux et qu’on doit faire une heure de voiture pour se rendre à Miramichi ou à Campbellton.»
Katia Plourde assure que le problème n’est pas relié au travail des infirmières, qu’elle qualifie d’exemplaire, mais bien dû «au gouvernement qui fait des coupures dans les services de santé».
«Aucun numéro de téléphone ne m’a été fourni. L’hôpital m’a seulement informé que je devais me rendre à Miramichi ou à Campbellton pour une chirurgie qui demande de la planification et un plan de secours.»