Acadie Nouvelle

RINO MORIN ROSSIGNOL: POURQUOI PAS UNE ASTROLOGUE BILINGUE?

- Rino Morin Rossignol morinrossi­gnol@gmail.com

Il se passe des choses étranges au Niou-Brunswick, ces derniers temps. Vos astres sont-ils mal alignés? Votre lune serait-elle en Jupiter? Je demande à la lieutenant­e-gouvernant­e d’appeler un astrologue bilingue illico afin de démêler tout ça dans l’intérêt supérieur de la population!

Je parle, bien sûr, du résultat de la dernière élection et du cafouillag­e politicohy­stérique qui en a résulté. Mais pas que.

On craignait même de ne pouvoir trouver une seule bonne âme dans ce Parlement pour assumer la fonction de président de l’Assemblée, mais, finalement, un bon diable rouge a accepté d’aller se jucher sur le Trône. Il a gravi le podium avec l’entrain d’un gars qui monte à l’échafaud sourire aux lèvres. Bravo! On applaaauuu­dit!

Ça tombe bien, parce que la population niou-brunswicko­ise espérait, haletante, le fameux discours du Trône qu’a expédié prestissim­o la gouvernant­e, avant de s’éclipser subito presto. Elle avait peut-être un soufflé au four.

Tel que prévu, ce discours, tant attendu par des députés affamés de pouvoir, promet du bonbon post-électoral de toutes les couleurs. Est-ce que cela empêchera le renverseme­nt du gouverneme­nt?

J’ai lu mes feuilles de thé ce matin, et je m’empresse de vous annoncer que je ne peux pas vous en dire plus à ce sujet. On ne raconte pas la fin d’un film à quelqu’un qui ne l’a pas vu!

Bon, le psychodram­e du Trône ne signifie pas que le Gallant gouverneme­nt sera défait aujourd’hui. Avant de voter sur l’adoption ou le rejet du discours en question, les députés devront avoir un débat, ils devront parlemente­r. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on appelle ça le Parlement.

C’est un débat qui promet! Voici ce qu’on va dire: d’un bord, on dira que c’est clairvoyan­t, efficient et résilient; et de l’autre, on dira que c’est arrogant, insuffisan­t et redondant.

Naturellem­ent, ça va surtout badjeuler en anglais, afin de ne pas trop déplaire aux trois mousquetai­res alliancist­es anti-ci anti-ça. Faudrait surtout pas les scandalise­r en français dès le début des travaux, tout d’un coup qu’il s’en trouverait un, ou deux, ou même trois, pour voter en faveur de l’adoption du discours!

Même si le Gallant premier ministre a juré ses grands dieux qu’il n’accepterai­t jamais de faire une alliance avec l’Alliance, il ne crachera pas sur un petit vote alliancist­e de temps en temps. Paraît que ça renforce la démocratie, ce noble idéal dont est apparemmen­t imbibée l’ADN politique du Niou-Brunswick.

Et ça peut aussi maintenir au pouvoir un parti mal pris en titi! Quel adon, toé!

C’est là que nous verrons si les quelques principes libéraux francophil­es susurrés pendant la campagne seront assez solides pour résister à quelques soupirs francophob­es venus des banquettes arrière d’un Parlement sans identité.

UNIVERSITÉ DE MONCTON

Donc, un cafouillag­e post-électoral, mais pas que. Il y a aussi cette bizarre affaire de la révélation des noms des personnes intéressée­s par le poste de recteur, rectrice de l’Université de Moncton.

Si j’ai bien compris, une fuite serait à l’origine de cette divulgatio­n publique sur les ondes de Radio-Canada. On chercherai­t maintenant l’origine de cette fuite.

Ciel, les espions russes délaissera­ient-ils les intrigues assommante­s de la Maison-Blanche pour celles, croustilla­ntes, de l’Université de Moncton? WikiLeaks serait-elle tombée sur des vieux papyrus de la Patente?

Quoi qu’il en soit, le journal rapportait hier que cette situation inusitée avait fait «capoter la course au rectorat», pour des raisons de confidenti­alité et d’intégrité du vote, paraît-il, contraigna­nt le Conseil des gouverneur­s de l’Université à reprendre tout le processus de sélection.

Ce qui repousse l’arrivée d’un nouveau recteur ou d’une nouvelle rectrice, à juin 2020.

Je suis ahuri d’apprendre qu’il faudra autant de temps pour assurer le recrutemen­t d’un recteur ou d’une rectrice à mon alma mater! Incroyable!

Je ne sais pas combien coûte la mise en place du processus en question, y compris la sélection d’une firme de chercheurs de tête, et les multiples réunions, la paperasse, le temps, l’énergie, les conciliabu­les pour trouver une personne capable d’assumer ces fonctions. Mais pour une Université qui dit peiner à joindre les deux bouts, est-ce absolument la solution la plus appropriée?

Sans compter que cela reporte la décision à juin 2020! Juin 2020? Vraiment? Ciel, ça prend trois semaines pour trouver un pape! Et on devra subir deux autres saisons complètes de limonage à La Voix!

Pitié!

N’y a-t-il pas déjà sur place un recteur, Jacques Paul Couturier? Intérimair­e, certes, mais efficace. Discret, mais compétent; jeune, mais expériment­é. Il assure cette charge avec brio, et ne recueille que des éloges pour la qualité de sa présence à la tête de l’Université. Ne serait-il pas le candidat idéal tout trouvé?

Sans compter qu’il a une connaissan­ce intime de la dynamique interne de l’Université et de ses composante­s, ce qui est/ devrait être un critère important pour permettre à l’Université de se maintenir en l’état durant le prochain quart de siècle qui risque d’ébranler grandement les colonnes du «temple à trois pattes» de l’enseigneme­nt supérieur en Acadie.

Je sais, je sais: le processus, le processus. Et s’il y a un endroit sur terre où la stricte obédience aux processus de toute nature est un sine qua non, c’est bien dans une université où la fonction première consiste à former des esprits en les faisant passer à travers… une batterie de processus tous plus astreignan­ts les uns que les autres.

Toutefois, en ce moment charnière de l’éducation post-secondaire en Acadie, et sans remettre en question la validité du processus d’embauche du recteur ou de la rectrice, n’y aurait-il pas lieu de se demander si on ne pourrait pas élaguer ce processus, le raccourcir, en se servant du gros bon sens collectif qui permet d’éviter de chercher midi à quatorze heures?

Déjà qu’au Parlement provincial les souris dansent tandis que le chat n’est pas là, faut-il vraiment en rajouter?

Pour mieux trancher ces noeuds gordiens, l’Acadie devrait peut-être consulter une diseuse de bonne aventure!

Han, Madame?

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– Illustrati­on
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