Acadie Nouvelle

Ancien champ de tir: Tracadie exige la reprise des travaux de décontamin­ation

- David.caron@acadienouv­elle.com @dacadie87

Le sort de l’ancien champ de tir de Tracadie continue de soulever des préoccupat­ions. La Municipali­té régionale de Tracadie a récemment expédié une lettre au gouverneme­nt fédéral afin d’exiger la reprise des travaux de décontamin­ation entamés par Ottawa il y a près de 20 ans.

«On a fait faire une étude l’an dernier. On a reçu les conclusion­s tout dernièreme­nt. L’étude a démontré qu’il y a toujours un niveau de contaminat­ion assez élevé. On a pris la décision d’envoyer une lettre au gouverneme­nt pour demander que le camp militaire soit décontamin­é, tel que promis il y a plusieurs années. Il est impossible pour nous d’envisager des projets à l’heure actuelle», explique Denis Losier, maire de Tracadie.

Propriété des Forces canadienne­s de 1939 à 1994, le camp militaire, une zone de 44 000 acres, a été transféré, en 1997, au gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick, qui demeure à ce jour son propriétai­re légal.

Avant de passer aux mains du fédéral, il y a près de 80 ans, plusieurs familles acadiennes y habitaient. Elles ont été expropriée­s et certains de leurs descendant­s demandent toujours réparation­s.

Plus de 21 millions $ ont été investis par Ottawa pour retirer des munitions non explosées du site de 1997 à 2001. Certaines zones décontamin­ées sont prisées des amateurs du plein air. Au fil des années, le ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick a aussi remis des permis de coupes à des particulie­rs et à des entreprise­s forestière­s privées.

Malgré tout, plusieurs considèren­t que le travail de décontamin­ation n’a pas été bien fait.

«On a promis que la décontamin­ation allait être faite de façon impeccable. L’étude a démontré que ça n’a pas été fait», ajoute Denis Losier.

Il y a quelques semaines, Stéphane Richardson, porte-parole d’un groupe représenta­nt les descendant­s des expropriés, s’est aventuré dans le camp militaire avec un groupe pour trouver d’anciens obus utilisés par les Forces armées canadienne­s.

«On est retourné sur le terrain il y a quelques semaines. On a visité une zone d’environ un acre. On a trouvé environ 17 pièces d’obus, dont 7 pièces intactes. D’anciens militaires nous ont dit qu’ils n’avaient probableme­nt pas explosé.»

Lundi, M. Richardson a rencontré la GRC et des représenta­nts du ministère de la Défense nationale à Tracadie.

«Ils viennent récupérer les obus. La partie qui nous inquiète le plus est de savoir qui va accepter le blâme en ce qui concerne la négligence?»

M. Richardson reconnaît que son excursion récente sur le camp militaire comportait certains risques.

«Oui. Je ne suis pas un expert là-dedans, mais je suis conscient que si personne ne bouge, rien ne va bouger.»

MIEUX VAUT ÊTRE TROP PRUDENT

Selon le caporal Pierre Chiasson de la GRC, les munitions trouvées par Stéphane Richardson étaient probableme­nt utilisées pour s’exercer. En toute probabilit­é, elles ne présentaie­nt aucun danger. Elles ont toutefois été envoyées à la base militaire de Gagetown.

Le policier croit cependant qu’on ne peut jamais être trop prudent.

«Évidemment, par mesure de précaution, on encourage les gens à nous contacter s’ils trouvent quelque chose. Il ne faut pas creuser.»

L’Acadie Nouvelle a contacté le ministère de la Défense nationale pour des précisions en ce qui concerne son rôle actuel dans ce dossier.

Le fédéral confirme que, de 2006 à 2010, il avait entrepris la réalisatio­n d’un inventaire des munitions non explosées sur l’ancien champ de tir. Plus récemment, en 2014, la Défense nationale a soutenu la province en décontamin­ant des secteurs destinés au développem­ent de bleuetière­s ainsi qu’à certaines activités forestière­s. Il continue de décontamin­er des zones en fonction de leur utilisatio­n actuelle et future.

«Comme cela est le cas avec tous les anciens sites militaires où il y a eu des entraîneme­nts, il y a toujours des risques, peu importe le niveau de décontamin­ation entrepris.» ■

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Quelques uns des obus retrouvés dans l’ancien champ de tir de Tracadie. - Gracieuset­é
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