Ancien champ de tir: Tracadie exige la reprise des travaux de décontamination
Le sort de l’ancien champ de tir de Tracadie continue de soulever des préoccupations. La Municipalité régionale de Tracadie a récemment expédié une lettre au gouvernement fédéral afin d’exiger la reprise des travaux de décontamination entamés par Ottawa il y a près de 20 ans.
«On a fait faire une étude l’an dernier. On a reçu les conclusions tout dernièrement. L’étude a démontré qu’il y a toujours un niveau de contamination assez élevé. On a pris la décision d’envoyer une lettre au gouvernement pour demander que le camp militaire soit décontaminé, tel que promis il y a plusieurs années. Il est impossible pour nous d’envisager des projets à l’heure actuelle», explique Denis Losier, maire de Tracadie.
Propriété des Forces canadiennes de 1939 à 1994, le camp militaire, une zone de 44 000 acres, a été transféré, en 1997, au gouvernement du Nouveau-Brunswick, qui demeure à ce jour son propriétaire légal.
Avant de passer aux mains du fédéral, il y a près de 80 ans, plusieurs familles acadiennes y habitaient. Elles ont été expropriées et certains de leurs descendants demandent toujours réparations.
Plus de 21 millions $ ont été investis par Ottawa pour retirer des munitions non explosées du site de 1997 à 2001. Certaines zones décontaminées sont prisées des amateurs du plein air. Au fil des années, le ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick a aussi remis des permis de coupes à des particuliers et à des entreprises forestières privées.
Malgré tout, plusieurs considèrent que le travail de décontamination n’a pas été bien fait.
«On a promis que la décontamination allait être faite de façon impeccable. L’étude a démontré que ça n’a pas été fait», ajoute Denis Losier.
Il y a quelques semaines, Stéphane Richardson, porte-parole d’un groupe représentant les descendants des expropriés, s’est aventuré dans le camp militaire avec un groupe pour trouver d’anciens obus utilisés par les Forces armées canadiennes.
«On est retourné sur le terrain il y a quelques semaines. On a visité une zone d’environ un acre. On a trouvé environ 17 pièces d’obus, dont 7 pièces intactes. D’anciens militaires nous ont dit qu’ils n’avaient probablement pas explosé.»
Lundi, M. Richardson a rencontré la GRC et des représentants du ministère de la Défense nationale à Tracadie.
«Ils viennent récupérer les obus. La partie qui nous inquiète le plus est de savoir qui va accepter le blâme en ce qui concerne la négligence?»
M. Richardson reconnaît que son excursion récente sur le camp militaire comportait certains risques.
«Oui. Je ne suis pas un expert là-dedans, mais je suis conscient que si personne ne bouge, rien ne va bouger.»
MIEUX VAUT ÊTRE TROP PRUDENT
Selon le caporal Pierre Chiasson de la GRC, les munitions trouvées par Stéphane Richardson étaient probablement utilisées pour s’exercer. En toute probabilité, elles ne présentaient aucun danger. Elles ont toutefois été envoyées à la base militaire de Gagetown.
Le policier croit cependant qu’on ne peut jamais être trop prudent.
«Évidemment, par mesure de précaution, on encourage les gens à nous contacter s’ils trouvent quelque chose. Il ne faut pas creuser.»
L’Acadie Nouvelle a contacté le ministère de la Défense nationale pour des précisions en ce qui concerne son rôle actuel dans ce dossier.
Le fédéral confirme que, de 2006 à 2010, il avait entrepris la réalisation d’un inventaire des munitions non explosées sur l’ancien champ de tir. Plus récemment, en 2014, la Défense nationale a soutenu la province en décontaminant des secteurs destinés au développement de bleuetières ainsi qu’à certaines activités forestières. Il continue de décontaminer des zones en fonction de leur utilisation actuelle et future.
«Comme cela est le cas avec tous les anciens sites militaires où il y a eu des entraînements, il y a toujours des risques, peu importe le niveau de décontamination entrepris.» ■