Acadie Nouvelle

VIVRE DANS SA FOURGONNET­TE

- Patrick.lacelle@acadienouv­elle.com @patricklac­elle

En cinq minutes, Dave Gallant a tout vendu à l’exception de quelques vêtements et de l’essentiel. Il a redonné les clés de l’appartemen­t qu’il louait à Moncton à son propriétai­re pour emménager dans une fourgonnet­te. Une façon de surmonter sa dépression et son burnout. Rencontre.

En août, l’Acadien a délaissé le monde corporatif pour se remettre d’un épuisement profession­nel et d’une dépression. Sa situation l’a mené à devancer un plan qu’il caressait depuis quelques années. Il s’est acheté une fourgonnet­te et y vit depuis.

«Le burnout a été l’élément déclencheu­r, mais le plan était toujours de le faire dans huit mois. Je ne planifiais pas le faire cette année, je pensais le faire au printemps», a-t-il confié à l’Acadie Nouvelle.

Après avoir tout vendu, il a travaillé à modifier une fourgonnet­te commercial­e avec l’aide de son père afin de la rendre habitable. Depuis août, il vit ce que beaucoup de gens rêvent de faire. Ce n’est pas pour rien que le mot-clic #vanlife est si populaire sur les réseaux sociaux.

«J’avais pour environ 8000$ de choses et j’ai mis tout ça à vendre sur Facebook pour 2500$. Tout était vendu en cinq minutes!», dit-il.

Il est donc passé d’un appartemen­t de 1200 pieds carrés à un véhicule de 82 pieds carrés.

Se départir de ses meubles, de sa télévision, de ses ustensiles, de sa vaisselle et d’une panoplie de choses qu’il avait amassées au cours de sa vie n’était pas si difficile. Ce qui lui a donné un coup, c’est l’histoire rattachée à ces objets.

«Quand j’ai tout vendu, ce n’était pas de laisser partir toutes ces choses qui m’a rendu émotif, mais plutôt que je laissais aller des trucs pour lesquels j’ai travaillé très fort. Je me fous des choses matérielle­s, c’était plutôt l’histoire derrière ces choses», explique-t-il.

La fourgonnet­te de M. Gallant est loin de ressembler à une roulotte qu’on pourrait voir dans les campings l’été. Peinte en noir, on dirait un véhicule de livraison. À l’intérieur, toutefois, on retrouve un lit, des espaces de rangement et même un petit lavabo. À l’exception de son ordinateur portable, rien n’encombre le comptoir ou le plancher. Il vit maintenant avec le strict minimum, quelques vêtements et un petit four de camping avec lequel il cuisine.

Même s’il a écoulé 90% de ses possession­s, il cherche encore à éliminer ce qu’il juge non nécessaire.

«C’est la même chose chaque jour. J’essaie toujours de me débarrasse­r d’autre chose. Je sens que c’est encombré actuelleme­nt», affirme-t-il montrant un des compartime­nts de son véhicule plein de matériel que la plupart des gens jugeraient nécessaire­s.

«J’aime le concept d’avoir moins. Moins on a de choses, moins elles encombrent l’esprit. J’ai toujours eu ça en tête», ajoute-t-il.

Sans le loyer et les autres coûts liés à la vie en appartemen­t à payer, Dave Gallant estime épargner environ 1600$ par mois. C’est alléchant, mais tout n’est pas rose.

«Tout ce que tu fais doit être intentionn­el et demande plus d’effort. Tout. Par exemple, je ne peux pas simplement ouvrir le robinet parce que je n’ai pas le système électrique. Je dois pomper l’eau 10 fois pour remplir un verre. Quand je veux transforme­r mon lit en sofa, je dois retirer les couverture­s et les ranger. Quand tu vis en fourgonnet­te, tu es obligé de ralentir ton rythme de vie.»

Il profite de son abonnement dans un gymnase de la région pour se doucher et faire sa toilette.

Avec le mercure qui plonge sous le zéro degré Celsius ces jours-ci, l’Acadien doit surmonter de nouveaux défis. Il apprend cependant à trouver des solutions. Pas question de louer un nouvel appartemen­t ou d’acheter une maison.

«Les défis font partie de notre évolution. Si vous n’avez pas de défis à surmonter dans la vie, vous n’allez pas grandir en tant que personne. Si vous ne grandissez pas, vous n’aurez pas la satisfacti­on d’accomplir quelque chose», souligne-t-il d’un esprit songeur.

Le nouveau Dave Gallant, plus nomade, se sent maintenant mieux. Il croit avoir vaincu sa dépression grâce à ce changement «radical».

«Quand tu vis seul dans un grand espace, c’est vide. Et, ce vide, tu essaies de le combler avec des objets, des meubles, une télévision, etc. Tout ça dans le but de combler ce vide, mais ça ne fait finalement rien. Quand j’ai déménagé dans la fourgonnet­te, j’ai remarqué que je ne me sentais plus seul.»

Son nouveau style de vie préoccupe évidemment un peu ses parents, mais son père a tout de même aidé son fils à effectuer ce grand changement.

«Je pense qu’il savait que quand je décide de faire quelque chose, je le fais et je ne recule pas.»

Aujourd’hui sans emploi et sans domicile fixe, Dave Gallant peut aller où il veut quand il le veut. Il compte partir à l’aventure et explorer le pays. On peut surveiller son cheminemen­t en le suivant sur Instagram en cherchant @dave_gallant. ■

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Dave Gallant vit dans cette fourgonnet­te depuis août. - Acadie Nouvelle: Patrick Lacelle
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