Acadie Nouvelle

La caravane de migrants reprend la route

- Christophe­r Sherman et Julie Watson

De plus en plus malades et confrontés à un difficile périple de 100 kilomètres, des membres de la caravane de migrants sont partis vendredi de la ville de Pijijiapan, dans le sud du Mexique, pour rejoindre Arriaga, dans l’obscurité de l’aube.

La toux des migrants pouvait être entendue dans l’obscurité bien avant que leurs visages ne deviennent visibles.

Avec le peu d’argent dont ils disposaien­t encore, certains envisageai­ent d’acheter des billets d’autocar jusqu’à Arriaga pour tenter de reprendre des forces. Mais si la police mexicaine les surprend, elle pourrait demander au chauffeur de les déposer en chemin en vertu d’une règle obscure dont le but évident est de les contraindr­e à marcher le plus possible.

Plusieurs migrants avaient déjà des cloques avant de rejoindre Pijijiapan jeudi, et la place principale de la ville s’est rapidement transformé­e en centre de triage de fortune lorsque la caravane d’environ 4000 personnes d’Amérique centrale est arrivée.

Une femme gravement déshydraté­e connectée à une intraveine­use était assise sur une chaise en plastique dans un kiosque. À proximité, des infirmière­s bénévoles prenaient la températur­e des migrants et soignaient leur toux avec des médicament­s donnés gratuiteme­nt.

Deux semaines de marche pèsent sur la caravane qui traverse lentement le Chiapas, l’État le plus méridional du Mexique.

Comme dans de nombreux endroits du Chiapas, les habitants de Pijijiapan se sont mobilisés pour venir en aide aux voyageurs qui arrivaient à pied, offrant refuge, nourriture et soins médicaux. Certaines personnes ont proposé de les conduire jusqu’à la place. D’autres sont venus avec des vêtements et des boîtes de sandwiches.

La caravane a été accueillie de la même manière à Mapastepec, une municipali­té de 45 000 habitants située à 48 kilomètres au sud, où des représenta­nts de la ville ont dressé des tentes autour de la place principale, offrant des soins médicaux, des vêtements et des préparatio­ns pour nourrisson­s. Les églises locales ont offert des douches gratuites et mis en place des points de distributi­on de nourriture.

Plusieurs migrants disent rêver d’une vie meilleure aux États-Unis. Ils affirment avoir été chassés de leur patrie par la grande pauvreté et la montée de la violence des gangs.

De telles caravanes ont eu lieu régulièrem­ent, même si à plus petite échelle, au fil des ans, mais le président des États-Unis, Donald Trump, a saisi le phénomène cette année. Lors de récents rassemblem­ents et sur Twitter, il a parlé de la caravane et de l’immigratio­n clandestin­e, attaquant à plusieurs reprises les démocrates sur cette question alors que les États-Unis se dirigent vers des élections de mi-mandat extrêmemen­t serrées le 6 novembre.

Le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, devrait signer un ordre pour envoyer au moins 800 soldats supplément­aires à la frontière sud pour soutenir la patrouille des frontières, selon un responsabl­e américain.

La caravane se trouve toujours à 1600 kilomètres environ du passage frontalier le plus proche, à McAllen, au Texas, mais le voyage pourrait être deux fois plus rapide si les migrants se dirigeaien­t vers le passage frontalier Tijuana-San Diego. C’était la destinatio­n d’une caravane plus petite au début de l’année, et seulement environ 200 personnes du groupe l’ont rejoint.

Ce groupe a également commencé à s’amincir. Selon les autorités, 1740 migrants ont fait une demande de refuge au Mexique et des centaines d’autres ont accepté de partir en bus pour le Honduras. La maladie, l’épuisement et le harcèlemen­t de la police ont aidé à réduire leur nombre.

Les fonctionna­ires de l’immigratio­n semblent avoir décidé de durcir le ton. Un chauffeur de taxi à Mapastepec a déclaré avoir vu des agents de l’immigratio­n forcer les passagers migrants à descendre des taxis à un point de contrôle. ■

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De nombreux migrants sont entassés dans des caravanes comme celle-ci et espèrent qu’ils pourront entrer aux États-Unis sans trop de heurts. - Associated Press: Rodrigo Abd

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