Belledune: un appel sur trois ne répond pas aux normes de temps d’intervention
Ce n’est ni à Lamèque ni à Kedgwick et Saint-Quentin où les ambulances tardent le plus souvent à intervenir, mais bien dans la communauté de Belledune. Une situation qui irrite particulièrement son maire, Joe Noel, luimême ambulancier pendant 40 ans.
La direction d’Ambulance NB doit rencontrer jeudi les élus et les groupes de pressions du Restigouche-Ouest qui militent depuis plusieurs mois pour l’amélioration de la couverture ambulancières dans leur secteur. Le problème? Des délais d’intervention trop longs, des ambulances absentes du territoire et un système de déploiement stratégique inadéquat. La liste des critiques est longue.
Ces délais sont tels que, par moment, il n’est pas rare de voir les citoyens de l’endroit prendre l’initiative de transporter des patients en mauvaises conditions vers l’hôpital.
Cette situation, Joe Noel l’observe également dans sa communauté depuis des années. Au cours de l’été, la problématique a grimpé d’un cran lorsqu’un homme de l’endroit a succombé à un arrêt cardiaque. Aucune ambulance n’était en service dans ce secteur, faute de personnel.
Au dire du maire, cet exemple n’est que la pointe de l’iceberg du quotidien de sa communauté. Un citoyen l’a même personnellement appelé chez lui afin qu’il vienne l’aider parce qu’aucune ambulance n’était disponible dans un délai raisonnable.
«Depuis que Medavie a pris en main le service, ça s’est dégradé petit à petit. On avait un excellent service ici autrefois, et maintenant c’est une vraie catastrophe», confie M. Noel, prenant bien soin de ne pas pointer le travail des équipes sur place.
«Les ambulanciers font ce qu’ils peuvent, ce n’est pas là le problème», dit le maire.
Ce dernier connaît bien son sujet. Il a travaillé pendant 25 ans comme ambulancier et gestionnaire au poste de Belledune. Il a pris sa retraite en 2008, quelques mois seulement après que Medavie eut hérité du contrat provincial.
«Pendant que j’étais là, nous avons toujours respecté les normes qui nous étaient imposées. Pas une seule fois nous nous sommes retrouvés avec une ambulance hors fonction en raison de manque de personnel. Aujourd’hui, c’est chose courante», note-t-il.
DE CHIFFRES QUI PARLENT
Il y a quelques jours, le ministère de la Santé a publié un rapport sur les performances de Medavie, des performances basées sur les appels d’urgence respectant les normes d’intervention fixées par le gouvernement.
En région rurale, les ambulances doivent répondre à un appel d’urgence en l’espace de 22 minutes dans 90% des cas. En ville, c’est neuf minutes. Saint-Quentin fait donc bonne figure avec 97% des appels respectant les normes, un des taux les plus élevés du nord de la province. À Kedgwick, le pourcentage chute cependant à 83,9%.
Si ces délais peuvent sembler «raisonnables», les intervenants du RestigoucheOuest dénoncent vigoureusement la longueur des interventions lorsque ceux-ci ne sont pas respectés. Des attentes interminables alors que des ambulances sont déployées à partir de régions voisines, souvent à une heure de route.
À Belledune, le nombre d’appels d’urgence respectant les normes n’a rien de glorieux, soit 67,8%, le second plus bas dans la province après Ford Mills (non loin de Bouctouche) qui trône au bas de la liste avec 67,4%.
«Ce n’est tout simplement pas acceptable. On en parle aujourd’hui, mais ça fait des années que ça dure. Depuis quatre ou cinq ans par contre, ça a atteint un niveau incontrôlable. Comment se fait-il qu’on en soit arrivé là, qu’on ait laissé cela se produire?», questionne M. Noel.
Le problème dans ce secteur serait relié au manque de personnel.
Sa solution? Commencer par donner de meilleures conditions aux employés.
«Lorsqu’on parle avec des ambulanciers, on voit à quel point ils sont à bout de souffle et ne se sentent pas respectés par leur employeur. Si bien que plusieurs songent à démissionner pour des emplois moins rémunérés, mais plus sains. Si rien n’est fait, on se dirige vers une véritable crise», souligne le maire.