Circus Stella signe le spectacle le plus ambitieux de son histoire
Liées aux arts du cirque, les échasses fascinent Sylvain Lafortune qui signe la chorégraphie et la mise en scène du nouveau spectacle de Circus Stella, Horizon Vertical, qui oscille entre l’ampleur, l’élégance, la vulnérabilité et la recherche d’équilibre. Pour la compagnie acadienne, cette création inédite qui rassemble six échassiers ouvre des frontières encore inexplorées.
Circus Stella travaille à ce nouveau projet depuis quatre ans, en commençant par la recherche, suivi de la création et finalement de la production. Au départ, ils ont fait appel à des metteurs en scène, des conseillers et diverses personnes pour les aider à développer le spectacle. La directrice artistique de Circus Stella, Julie Duguay, a fait alors la rencontre de l’artiste pigiste montréalais Sylvain Lafortune, spécialisé dans le travail de partenaire. Chorégraphe, danseur, metteur en scène, enseignant, conseiller artistique dans les milieux de la danse et des arts du cirque, il a oeuvré au sein de plusieurs compagnies de danse, dont les Grands Ballets Canadiens. Il s’intéresse aux arts du cirque depuis de nombreuses années. C’est la première fois qu’il travaille avec une compagnie artistique de l’Acadie. Il a créé la chorégraphie Horizon Vertical pour Circus Stella. Il confie que ce sont les échasses qui sont venues.
«On a passé quelques jours ensemble et là, j’ai trouvé assez fascinant cet appareil qui à la fois donne de la verticalité, de la hauteur et une certaine élégance et en même temps, ça peut devenir très maladroit et fragile. Il y a vraiment deux qualités opposées dans le même appareil avant même qu’on donne des intentions artistiques ou des émotions», a partagé le chorégraphe.
Comme le fait remarquer Sylvain Lafortune, une fragilité se dégage au moment où les échassiers essaient de se lever ou de redescendre au sol, un peu comme le petit de la girafe qui tente de se mettre debout.
«Un échassier seul est toujours en recherche d’équilibre, mais à partir du moment où il s’appuie sur un autre, il devient stable. Je trouvais que cet apport de l’autre pour trouver une certaine stabilité était une belle métaphore sur le besoin de tout être humain d’être ensemble pour trouver une certaine stabilité.»
Le spectacle propose une série de tableaux qui abordent différentes thématiques tels que l’équilibre, le déséquilibre, l’interdépendance et la rencontre avec l’autre. Les créateurs ont voulu laisser toute la place à l’échasse qui, en soi, est un objet fascinant. Au lieu d’être utilisé comme un artifice théâtral que l’on cache la plupart du temps sous le costume d’un personnage, cette fois, l’échasse sera bien visible aux yeux du public, lui permettant ainsi de découvrir les dessous de cette pratique.
UNE JUNGLE SONORE
La compositrice et saxophoniste Geneviève D’Ortun a créé une musique à l’image des échasses. Elle s’est d’ailleurs servie de l’appareil lui-même pour créer la trame sonore du spectacle.
«J’ai essayé de créer une jungle mécanique autour de l’objet. J’ai pris les échasses, je les ai enregistrées, j’ai fait des grosses flûtes avec, placé des micros contacts dessus, je les ai frottées ensemble, donné des coups…. »
Des bruits mécaniques de velcros, de sangle, de billes qui rebondissent, de rivières et de roulettes combinés aux instruments comme le saxophone, les flûtes et des instruments plus percussifs composent l’environnement sonore.
«Il y a l’aérien et quelque chose de super terrien avec les grosses percussions», a indiqué la musicienne qui a entrepris des études doctorales en saxophone et en musique mixte.
Après avoir créé Les Robes de Sainte-Anne en 2014 – qui a tourné dans plusieurs régions – Circus Stella a voulu pousser encore plus loin la discipline des échasses qui est encore très nouvelle au Canada. Ce sera le premier spectacle d’échasses contemporaines sur scène à être présenté au pays. Six échassiers, Julie Duguay, Yves Landry, Simon Durocher-Gosselin (concepteur des costumes), Bruno Gagnon, Gabrielle Garant et Guillaume Doin, donnent vie à cette création qui marie la danse, le théâtre et l’acrobatie. De grands défis accompagnent ce genre de prestation tant sur le plan physique que spatial parce que c’est nouveau, précise Julie Duguay.
«Ce que j’adore des échasses, c’est que ça rassemble plusieurs disciplines», a-t-elle ajouté.
Circus Stella a été fondé en 2010 par un groupe de passionnés des arts du cirque mené par le regretté Marc Chouinard, qui a dirigé le Théâtre Capitol pendant plusieurs années. Pour Julie Duguay, le fait de revenir dans ce théâtre, huit ans plus tard, pour offrir leur toute nouvelle création revêt beaucoup d’importance. Horizon Vertical est présenté en première mondiale ce jeudi 1er novembre à 19h. Par la suite, la troupe espère partir en tournée au pays et à l’international. ■