DES CHAUFFEURS INQUIETS
Les véhicules qui dépassent les autobus scolaires alors que leurs feux de signalisation sont en fonction font partie du quotidien de nombreux conducteurs.
Mardi matin dans la ville de Rochester, dans l’État de l’Indiana aux États-Unis, une camionnette roulant à grande vitesse a omis de s’arrêter lorsque de jeunes enfants s’apprêtaient à monter à bord d’un autobus scolaire. Les feux clignotants d’urgence de l’autobus étaient allumés, son panneau d’arrêt sorti.
Malgré tout, la conductrice de l’autre véhicule ne s’est jamais arrêtée.
Elle a happé quatre jeunes enfants qui s’apprêtaient à monter à bord de l’autobus. Trois sont décédés, tous de la même famille.
C’est ce genre de situation que veut éviter Luc Dufour, président de la section 1154 du Syndicat canadien de la fonction publique.
Samedi dernier, il a présenté l’activité Lumière rouge chez lui, à Saint-Quentin. Organisée à travers la province, cette campagne de sensibilisation visait à informer la population à l’importance du respect de la sécurité routière pour les autobus scolaires, notamment d’arrêter lorsque l’autobus a ses clignotants d’urgence (rouges) allumés.
M. Dufour dit entendre encore beaucoup trop d’histoire de voitures ou de camions n’ayant pas respecté cette obligation, de véhicule ayant dépassé des autobus.
«C’est quelque chose qui se produit malheureusement encore trop souvent. Je parle régulièrement à nos chauffeurs, et ils me rapportent que des incidents surviennent presque tous les jours. C’est incroyable, quand on y pense, que ça arrive non seulement encore, mais de manière aussi répétitive», exprime-t-il.
Vicky Savoie en sait quelque chose. Conductrice d’autobus pour le District scolaire francophone Nord-Ouest depuis 14 ans, elle est témoin de ce genre de situation chaque jour alors qu’elle transporte les élèves de la polyvalente A-J Savoie.
«C’est stressant. Quand je vois un véhicule dans mon rétroviseur ou en avant de moi, je ne sais jamais s’il va s’arrêter lorsque je vais allumer les lumières. Et tous les jours, il y en a un qui passe tout droit. Ce n’est même plus anecdotique, c’est régulier», raconte-t-elle.
La situation est d’autant plus préoccupante à cette période-ci de l’année alors qu’il fait encore noir tôt le matin, lors de l’embarquement des jeunes.
L’an dernier, elle a été victime d’un accident dans ce secteur. Son autobus a été embouti par une voiture alors qu’il était arrêté pour faire monter deux jeunes élèves à bord.
«Mes lumières (rouges) étaient en fonction, la voiture ne s’est tout simplement pas arrêtée. Les jeunes étaient en train de monter, mais ils n’ont heureusement pas été blessés. On a été chanceux», relate-t-elle.
Mme Savoie souhaite voir l’installation sur son véhicule de caméras servant à capter les fautifs. Un tel projet pilote est en cours dans certaines parties de la province.
«J’espère que ça va venir ici. Moi je suis prêt à en avoir sur mon autobus n’importe quand. Ça pourrait certainement avoir un effet dissuasif», croit-elle.
Selon la loi, lorsque les lumières jaunes sont allumées sur l’autobus, les automobilistes doivent ralentir et se préparer à arrêter. Si un véhicule dépasse un autobus lorsque les lumières rouges sont allumées, son conducteur risque une contravention pouvant atteindre 1000$ et la perte de quatre points d’inaptitude. ■