LES POMPIERS EN RENFORT
«On arrive toujours avant l’ambulance. Ça fait une différence. On a pu sauver quelques personnes»
Les pompiers se retrouvent de plus en plus à devoir compenser les longs délais d’interventions des ambulances en répondant aux urgences médicales. Faut-il y voir une solution à la pénurie de travailleurs paramédicaux ou un fardeau supplémentaire pour les municipalités?
Depuis 2015, les pompiers volontaires de Saint-Paul dans le comté de Kent sont sollicités pour compenser les carences en ambulances.
À la suite du déménagement du poste d’ambulance de Clairville à Fort Mills, le temps de réponse minimal des ambulanciers s’est allongé à au moins 30 minutes. Les bénévoles du service d’incendie du DSL ont alors proposé d’agir systématiquement comme premiers répondants en cas de situations urgentes.
«On ne va pas intervenir pour quelqu’un qui s’est cassé la main. Mais si une personne a des difficultés respiratoires ou des douleurs thoraciques dans notre secteur, on reçoit automatiquement l’appel du centre de répartition central», explique Marc Henrie, capitaine du service d’incendie.
Ce nouveau mode de fonctionnement permet la prise en charge de la victime dès les premières minutes. Les ambulanciers arrivent sur les lieux par la suite pour prodiguer des soins plus avancés et transporter la personne à l’hôpital si nécessaire.
Bien que cela ne soit pas là leur mission initiale, les soldats du feu de Saint-Paul ont l’équipement et les connaissances requises, assure le capitaine. Chaque pompiers bénévole doit suivre une formation d’environ 40 heures destinée aux premiers répondants.
«Ç’a amené une professionnalisation de nos interventions médicales, dit-il. Maintenant les gens appellent plus facilement le 911 parce qu’ils savent qu’ils pourront avoir de l’aide avant 30 minutes.»
DES VIES SAUVÉES
Memramcook n’a pas non plus d’ambulances stationnées sur son territoire, qui est desservi par des équipes de travailleurs paramédicaux basées à Dieppe et Sackville.
«Lorsque les chemins sont glissants, on peut attendre (l’ambulance) 40 à 50 minutes», déplore le chef du service d’incendie de Memramcook, Gérald Boudreau.
Pour contrer cet isolement, la brigade d’incendie a lancé un projet pilote. Les 38 pompiers volontaires du village répondent désormais aux urgences médicales.
«On arrive toujours sur les lieux avant l’ambulance. On est capables de choquer la victime avec notre défibrillateur 10, 15 minutes avant que l’ambulance n’arrive, souligne Gérald Boudreau. Ça fait une grosse différence. On a pu sauver quelques personnes. Nos gars sont très fiers.»
Sur 240 interventions réalisées l’an dernier, 118 étaient des appels médicaux. Aux yeux du chef pompier, ce modèle a fait ses preuves.
«Il y a quelques mois, on a aidé une personne qui s’étouffait avec de la nourriture. Dans un cas comme celui-là, c’est essentiel d’agir dans les dix premières minutes.»
Les dépenses en matériel médical sont raisonnables, assure Gérald Boudreau.
«Ça n’a jamais été un problème pour nous. C’est certain que ce sont des coûts supplémentaires pour le Village mais c’est un service qui est très apprécié.»
De son côté, Marc Henrie croit que d’autres communautés devraient réfléchir à étendre la mission des soldats du feu pour pallier les déficiences d’Ambulance NB.
«C’est clair que d’autres services d’incendie ne seront pas ouverts à ça. Le service ambulancier est censé être offert par la province alors pourquoi le dédoubler et taxer davantage? À Saint-Paul, les ambulances mettaient souvent 40-50 minutes à arriver, nous autres on a décidé d’offrir un service dont la population a besoin.» ■
«Ce qui est essentiel, bien souvent, c’est de stabiliser la situation le plus rapidement possible, insiste Marc Henrie. Nous, on peut être sur place au bout de cinq à dix minutes pour administrer de l’épinéphrine, entreprendre la réanimation cardiopulmonaire ou utiliser un masque à oxygène.»