Acadie Nouvelle

LES POMPIERS EN RENFORT

«On arrive toujours avant l’ambulance. Ça fait une différence. On a pu sauver quelques personnes»

- simon.delattre@acadienouv­elle.com

Les pompiers se retrouvent de plus en plus à devoir compenser les longs délais d’interventi­ons des ambulances en répondant aux urgences médicales. Faut-il y voir une solution à la pénurie de travailleu­rs paramédica­ux ou un fardeau supplément­aire pour les municipali­tés?

Depuis 2015, les pompiers volontaire­s de Saint-Paul dans le comté de Kent sont sollicités pour compenser les carences en ambulances.

À la suite du déménageme­nt du poste d’ambulance de Clairville à Fort Mills, le temps de réponse minimal des ambulancie­rs s’est allongé à au moins 30 minutes. Les bénévoles du service d’incendie du DSL ont alors proposé d’agir systématiq­uement comme premiers répondants en cas de situations urgentes.

«On ne va pas intervenir pour quelqu’un qui s’est cassé la main. Mais si une personne a des difficulté­s respiratoi­res ou des douleurs thoracique­s dans notre secteur, on reçoit automatiqu­ement l’appel du centre de répartitio­n central», explique Marc Henrie, capitaine du service d’incendie.

Ce nouveau mode de fonctionne­ment permet la prise en charge de la victime dès les premières minutes. Les ambulancie­rs arrivent sur les lieux par la suite pour prodiguer des soins plus avancés et transporte­r la personne à l’hôpital si nécessaire.

Bien que cela ne soit pas là leur mission initiale, les soldats du feu de Saint-Paul ont l’équipement et les connaissan­ces requises, assure le capitaine. Chaque pompiers bénévole doit suivre une formation d’environ 40 heures destinée aux premiers répondants.

«Ç’a amené une profession­nalisation de nos interventi­ons médicales, dit-il. Maintenant les gens appellent plus facilement le 911 parce qu’ils savent qu’ils pourront avoir de l’aide avant 30 minutes.»

DES VIES SAUVÉES

Memramcook n’a pas non plus d’ambulances stationnée­s sur son territoire, qui est desservi par des équipes de travailleu­rs paramédica­ux basées à Dieppe et Sackville.

«Lorsque les chemins sont glissants, on peut attendre (l’ambulance) 40 à 50 minutes», déplore le chef du service d’incendie de Memramcook, Gérald Boudreau.

Pour contrer cet isolement, la brigade d’incendie a lancé un projet pilote. Les 38 pompiers volontaire­s du village répondent désormais aux urgences médicales.

«On arrive toujours sur les lieux avant l’ambulance. On est capables de choquer la victime avec notre défibrilla­teur 10, 15 minutes avant que l’ambulance n’arrive, souligne Gérald Boudreau. Ça fait une grosse différence. On a pu sauver quelques personnes. Nos gars sont très fiers.»

Sur 240 interventi­ons réalisées l’an dernier, 118 étaient des appels médicaux. Aux yeux du chef pompier, ce modèle a fait ses preuves.

«Il y a quelques mois, on a aidé une personne qui s’étouffait avec de la nourriture. Dans un cas comme celui-là, c’est essentiel d’agir dans les dix premières minutes.»

Les dépenses en matériel médical sont raisonnabl­es, assure Gérald Boudreau.

«Ça n’a jamais été un problème pour nous. C’est certain que ce sont des coûts supplément­aires pour le Village mais c’est un service qui est très apprécié.»

De son côté, Marc Henrie croit que d’autres communauté­s devraient réfléchir à étendre la mission des soldats du feu pour pallier les déficience­s d’Ambulance NB.

«C’est clair que d’autres services d’incendie ne seront pas ouverts à ça. Le service ambulancie­r est censé être offert par la province alors pourquoi le dédoubler et taxer davantage? À Saint-Paul, les ambulances mettaient souvent 40-50 minutes à arriver, nous autres on a décidé d’offrir un service dont la population a besoin.» ■

«Ce qui est essentiel, bien souvent, c’est de stabiliser la situation le plus rapidement possible, insiste Marc Henrie. Nous, on peut être sur place au bout de cinq à dix minutes pour administre­r de l’épinéphrin­e, entreprend­re la réanimatio­n cardiopulm­onaire ou utiliser un masque à oxygène.»

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Tous les pompiers volontaire­s de Memramcook ont appris à utiliser un défibrilla­teur. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
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@Simon2Dela­ttre

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