Une contravention de l’Alberta… pour une femme de Madran qui n’y a jamais mis les pieds
L’incapacité d’une personne de faire la différence entre un O et un D - et là, on ne parle pas de la télé-réalité Occupation Double - aurait pu coûter cher à une résidente de la région Chaleur.
Cette histoire est assez particulière, mais elle vaut la peine d’être racontée.
En allant chercher son courrier il y a deux semaines, Madeleine Rousselle, de Madran, près de Bathurst, ne s’attendait certainement pas à recevoir une lettre de la Force policière de Lethbridge, en Alberta.
Surtout qu’elle n’y a jamais mis les pieds! L’écrit mentionne que le 14 octobre, à 12h59, son véhicule à moteur aurait été surpris au coin de Stafford Drive et de Block North à rouler à 65 km/h dans une zone de 50 km/h. Deux photos radar montrent l’arrière d’un véhicule de marque Honda de couleur foncée avec une plaque d’immatriculation du Nouveau-Brunswick.
Le numéro de la plaque semblait coïncider en tout point avec celle de la voiture de Mme Rousselle, qui conduit pourtant une Chevrolet Malibu blanche.
La contravention exige un paiement de 120$, avec de possibles frais de retard, et indique une convocation en Cour provinciale de l’Alberta, à Lethbridge, le mardi 11 décembre à 9h30.
C’est en regardant de plus près la deuxième photo - un plan grossi de la plaque - qu’elle a constaté l’erreur entre le O de la dernière lettre de la plaque du véhicule fautif, avec ses quatre coins arrondis, et le D de la dernière lettre de la plaque de son automobile.
Inquiète, elle demande alors à son compagnon de vie, Gilles Poirier, de Caraquet, d’appeler en Alberta - parce qu’il se débrouille mieux qu’elle en anglais - afin d’avoir le fin mot de l’histoire.
Après plusieurs tentatives infructueuses - et même un appel qui aurait abouti quelque part aux États-Unis -, le couple a pensé qu’il pouvait s’agir d’une nouvelle forme de fraude. Ils ont alors cogné à la porte de la GRC, mais ils se sont fait répondre que le dossier appartenait effectivement à un service municipal de police.
«Madeleine n’est jamais allée en Alberta! Le plus loin qu’elle s’est rendue, c’est à Montréal», a répété M. Poirier en montrant les documents à l’Acadie Nouvelle.
La loi stipule que le propriétaire des enregistrements d’un véhicule est responsable de toute infraction au Code de la route au pays. Les photos radar peuvent déterminer, à l’aide de la plaque d’immatriculation, le propriétaire du véhicule en cause, mais elles ne peuvent prouver qui était au volant dudit véhicule.
Malgré toutes ces tergiversations, l’histoire n’a pas eu de plus fâcheuses conséquences pour Madeleine Rousselle. La Force policière de Lethbridge a finalement admis son erreur au début novembre.
Le billet de contravention a été annulé et aucune autre action ne sera prise contre la victime de cet imbroglio, lui a-t-on fait savoir dans un message transmis sur sa boîte vocale.
Tout est bien qui finit bien? Pas tout à fait. Gilles Poirier demande maintenant à la police albertaine une lettre confirmant l’erreur afin de l’inclure dans le dossier d’assurance automobile de Mme Rousselle. Le couple veut ainsi éviter toute confusion qui pourrait élever la prime à payer pour la prochaine année. ■