Acadie Nouvelle

Le présent de novembre

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Novembre bat son plein. Certains s’en désolent. Moi, je préfère regarder la moitié pleine du verre. Cette semaine, avec les percées de soleil et les premiers flocons, c’était ravissant!

J’aimerais qu’on puisse réhabilite­r ce mois. Cesser de l’intimider et l’apprécier pour ce qu’il est. On fait des petits pas. Il y a 20 ans, la pièce de Dédé Fortin, Dehors Novembre, laissait présager sa mort. Aujourd’hui, le spectacle de Louis-José Houde, Préfère Novembre, montre un autre côté de ce mois mal-aimé.

Je me suis demandé pourquoi tant de personnes n’aimaient pas ce mois. En cherchant dans mes souvenirs d’enfance ce qui m’est associé à ce mois, je trouve peu de choses. Alors qu’à chaque autre mois de l’année, je peux associer des jours et des heures de plaisir.

En octobre, il y a les promenades pour admirer les couleurs d’automne. En septembre, la rentrée scolaire et la cueillette des pommes. En décembre, l’anticipati­on de Noël et la célébratio­n de la fête. Et je pourrais continuer – Archives avec les plaisirs d’hiver pendant les premiers mois de l’année et les vacances pour les mois du solstice d’été. Mais pour novembre: rien!

C’est peut-être pour cela qu’on est moins attiré par novembre. Il y a peu de souvenirs d’enfance pour nous le faire aimer. Pour qu’il y ait attirance, l’autre doit nous faire de l’oeil. Il a beau faire des clins d’oeil. Nous avons les deux yeux fermés en espérant les rouvrir uniquement lorsque ce sera blanc en décembre.

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Ce mois-ci, la nature est encore belle. Surtout chez-nous avec ses grandes marées et ses plaines à perte de vue. Elle nous parle cette création naturelle. Sans paroles. Elle ne «dit» rien mais «invite», «suggère».

La création est sur le registre de l’évocation. Au lieu d’enfermer dans des mots, le langage de la nature ouvre des possibilit­és inouïes. C’est dans ce sens, infiniment modeste et infiniment beau, que l’on peut parler de la nature comme d’une icône qui parle sans rien dire.

Mais si vous n’aimez pas aller dehors, novembre est idéal pour être à l’intérieur. Peutêtre encore plus que n’importe quel autre mois de l’année. Qui se plaît à être en dedans lors d’une belle soirée d’été? Personne. C’est souvent du reculons qu’on entre parce qu’il faut bien aller se coucher. En novembre, aucune gêne à rester à l’intérieur. C’est même plaisant. Pour apprécier la chaleur du foyer, les repas intimes, les lectures passionnan­tes.

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Peut-être que le mal-être qui s’exprime en novembre relève de notre incapacité à consentir au temps présent. Souvent, nous préférons anticiper l’avenir ou vivre dans la nostalgie d’un passé révolu. Ainsi, en décembre, on vit dans l’anticipati­on de Noël et en octobre, on vit des souvenirs de l’été achevé. Novembre est un cadeau pour vivre le présent.

Le temps semble plus abondant ce moisci. Ce qu’on a pas le temps de faire à longueur d’année, on peut le faire en novembre: lire, ouvrir les albums-photos, inviter des amis pour un repas, regarder un film, etc. On le temps de vivre. Profitez-en! ■

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scomo@nbnet.nb.ca

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