Acadie Nouvelle

Un Cabinet, une cassure

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Le premier conseil des ministres de Blaine Higgs représente une cassure avec l’administra­tion libérale précédente, mais aussi avec celle de l’ancien premier ministre progressis­te-conservate­ur David Alward.

Le libéral Brian Gallant s’était fait élire en 2014 en promettant de gouverner autrement. Il s’était toutefois entouré de vétérans libéraux qui avaient déjà été ministres lors du court règne du premier ministre Shawn Graham (2006-2010).

Blaine Higgs a rejeté cette voie. Ce gouverneme­nt ne sera pas une continuité de celui de David Alward (2010-2014).

Le 34e premier ministre du NouveauBru­nswick a dévoilé un cabinet comprenant 16 ministres (en plus de lui-même), un nombre assez important, et l’a présenté comme étant «le premier cabinet d’une nouvelle ère». Pour marquer le coup, il n’a fait confiance qu’à trois personnes qui ont déjà été à la tête d’un ministère provincial par le passé: Hugh John Flemming, Trevor Holder et Dorothy Shephard.

Blaine Higgs a une vision très précise de la façon dont il veut gouverner le N.-B. et a choisi de ne pas s’alourdir de bagages qu’il juge indésirabl­es. Des vétérans comme Bruce Fitch, lequel a pourtant déjà été chef par intérim du Parti progressis­te-conservate­ur, se retrouvent sur les lignes de côté.

Nulle part ce désir de M. Higgs de mettre le gouverneme­nt à sa main ne parait autant que dans la nomination aux Finances d’un ancien animateur de radio de Moncton, Ernie Steeves.

Le véritable patron aux Finances, ce sera Blaine Higgs et personne d’autre.

En Acadie, tous les yeux étaient tournés vers Robert Gauvin. Il occupera le poste de vice-premier ministre.

Ne laissez pas ce titre vous aveugler. Il a beau être officielle­ment devenu le numéro 2 du gouverneme­nt, son influence n’aura rien à voir avec celle de Paul Robichaud, Aldéa Landry et Jean-Maurice Simard.

M. Gauvin hérite d’ailleurs d’un ministère mineur: Tourisme, Patrimoine et Culture. Il sera aussi responsabl­e de la Francophon­ie.

En termes plus clairs, il sera le porte-parole francophon­e du premier ministre. On lui demandera de faire ce que M. Higgs ne peut faire lui-même, soit défendre auprès de la population acadienne les décisions les plus controvers­ées du gouverneme­nt et mettre en valeur ses bons coups.

En n’ayant pas à gérer un ministère de premier plan, il aura toutefois plus de temps pour jouer ce rôle d’ambassadeu­r qui lui est dévolu, ce qui lui permettra d’augmenter d’autant son profil au sein du gouverneme­nt.

Les piliers du gouverneme­nt sont Hugh John Flemming (Santé) et Dominic Cardy (Éducation). On peut possibleme­nt ajouter à ce groupe le ministre des Transports Bill Oliver. Il a déjà été chef de cabinet de M. Higgs quand celui-ci était ministre des Finances, ce qui suppose un lien de confiance entre les deux hommes.

M. Flemming devra gérer l’explosive filière d’Ambulance NB. Il découvrira bien assez vite qu’il ne suffit pas d’annoncer que les travailleu­rs paramédica­ux unilingues peuvent occuper des postes bilingues pour régler d’un coup de baguette magique les ennuis de recrutemen­t d’Ambulance NB.

Quant à Dominic Cardy, il est un bon choix pour l’Éducation, même en tenant compte du fait qu’il a soufflé sur les braises linguistiq­ues par le passé, dans le dossier de la langue de transport des autobus scolaires.

Contrairem­ent à la majorité de ses collègues du cabinet et de M. Higgs, il a démontré une connaissan­ce du système plus large que l’unique question de l’immersion précoce en français dans les écoles anglophone­s.

M. Cardy a souvent partagé ses idées pour améliorer le système scolaire alors qu’il était encore chef du NPD. Et en prime, il parle français, un atout très important étant donné la dualité linguistiq­ue du ministère. S’il peut éviter le piège de concentrer ses énergies sur la langue parlée par les enfants dans les autobus, il a le potentiel d’accomplir de belles choses.

Par ailleurs, Blaine Higgs a accordé un ministère aux quatre femmes qui se sont fait élire sous la bannière progressis­te-conservatr­ice. Elles n’occuperont toutefois pas les postes les plus influents, à l’exception d’Andrea Anderson-Mason (Justice).

Mary Wilson (Développem­ent économique et petites entreprise­s), Dorothy Shephard (Développem­ent social) et Sherry Wilson (Service NB, Égalité des femmes) ne peuvent être considérée­s comme étant des ministres seniors.

Un mot en terminant sur le nouveau ministre des Affaires autochtone­s, Jake Stewart. Il s’est fait un nom en s’attaquant publiqueme­nt et à de nombreuses reprises aux acquis de la population francophon­e.

Sa promotion envoie un bien mauvais message.

Au moins, Blaine Higgs a eu la sagesse de le tenir loin des enjeux acadiens. De même, en tant que ministre, M. Stewart devra limiter ses coups de gueule, sa parole représenta­nt désormais celle de tout le gouverneme­nt.

Souhaitons simplement aux citoyens des Premières Nations que leur nouveau ministre fasse preuve de plus d’ouverture à leur égard qu’il n’en a eu à l’endroit des Acadiens.

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