Les frais de marketing de destinations, pour pouvoir attirer les événements
Comme résidants de Moncton, il est facile de tenir pour acquis les nombreux et merveilleux atouts qui nous attirent tant de touristes et de visiteurs: notre culture exceptionnelle et accueillante, le dynamisme de notre centre-ville, l’envergure mondiale de nos installations de sports et de spectacles, la majesté naturelle de nos quatre saisons et d’exceptionnelles attractions comme le phénomène du mascaret et la Côte magnétique.
Certes, nous souhaitons que tous découvrent ces merveilles. Il va de soi que nous voulons que les visiteurs et les touristes passent un agréable séjour et reviennent nous voir. Or, il est essentiel que comme collectivité, nous profitions aussi du tourisme. Voilà pourquoi il est essentiel, à mes yeux, que Moncton compte des frais de marketing de destinations.
Ces frais viennent s’ajouter à la note de la chambre d’hôtel. Partout dans le monde, des villes comme Halifax, St. John’s et Toronto comptent toutes des frais de marketing de destinations, compris entre 2% et 5%, voire plus. À Boston par exemple, les clients des hôtels paient 14,35%.
C’est au gouvernement provincial qu’appartient le pouvoir d’adopter ces frais. La situation doit changer. Les municipalités comme Moncton doivent avoir le droit d’imposer ces frais et de prendre les décisions dans l’affectation des recettes touristiques pour fortifier notre économie.
Pourquoi cette question a-t-elle tant d’importance? Nous savons que le tourisme est le secteur que nous pouvons développer efficacement. Mais pour grandir, il faut investir. Si nous souhaitons attirer des événements comme le Brier Tim Hortons et le Championnat junior mondial de la Fédération internationale de hockey sur glace et des concerts d’envergure, nous devons être en mesure d’affronter la concurrence qui s’exerce pour attirer ces événements. En somme, il faut de l’argent pour être concurrentiel.
Au fil des années, nous avons su attirer et financer comme il se doit les grands événements qui se tiennent dans notre collectivité.
Toutefois, la concurrence qui s’exerce dans l’organisation des événements nationaux et internationaux est de plus en plus forte, puisque les villes sont conscientes des retombées économiques de ces événements. Il est de plus en plus difficile, pour Moncton et d’autres collectivités de taille moyenne, d’affronter la concurrence sans le financement nécessaire pour étayer leurs candidatures.
Grâce aux frais de marketing de destinations, qui sont monnaie courante dans l’industrie touristique, nous dégagerons les fonds nécessaires pour promouvoir notre ville sans que les résidants aient à en supporter tous les coûts.
À mon avis, ce principe est financièrement logique. Pourquoi ne pas l’adopter?
Les frais de marketing de destinations offrent un potentiel considérable de nouvelles recettes touristiques. Par exemple, en 2017, il y a eu 589 745 séjours hôteliers dans la région du Grand Moncton. À raison d’une moyenne de 150$ par nuit, ces recettes ont totalisé 88 millions de dollars. Si nous pouvions compter, pour chacun de ces séjours, des frais de marketing de destinations de 3%, nous pourrions en tirer 2 650 000$. Je m’attends à ce que les chiffres de 2018 soient encore plus élevés, grâce à l’ouverture récente du Centre Avenir et aux nouveaux hôtels qui se construisent actuellement à Moncton, ce qui viendra accroître encore les fonds que nous pourrons réinvestir pour grandir. Imaginez les recettes que nous pourrions dégager, grâce à ces frais, lorsque nous accueillerons les visiteurs du monde entier à l’occasion des Jeux de la Francophonie en 2021!
En consacrant ces recettes au tourisme, nous pourrons attirer des événements de plus grande envergure et bien faire la promotion de Moncton, ce qui permettra d’en accroître le rayonnement. Nous avons eu beau déposer une solide candidature pour le Brier Tim Hortons, nous étions limités dans l’investissement que nous pouvions y consacrer, ce qui s’est finalement répercuté sur notre capacité d’affronter la concurrence.
En 2017, St. John’s, qui compte des frais de marketing de destinations, a organisé le Brier. Cette ville, dont la taille est comparable à celle de la région du Grand Moncton, a récolté des retombées économiques de 15 000 000$.
Quel est l’effet de cascade de cette mesure? Un meilleur achalandage dans les restaurants, les hôtels et les magasins, de meilleures perspectives pour les établissements qui vivent du tourisme, des emplois dans le secteur touristique et pour les étudiants, une ville plus dynamique et une économie plus forte dans l’ensemble.
Traditionnellement, dans l’investissement touristique, nous avons toujours tâché de mieux diviser le gâteau. Je crois que le moment est venu d’augmenter la taille du gâteau. ■