Séduire les délégués internationaux, une histoire de coup de coeur
On ne sait jamais où la musique peut nous mener. En prenant part aux vitrines internationales de la FrancoFête, six auteurs-compositeurs-interprètes de l’Acadie aux univers variés ont tenté de séduire les diffuseurs du pays et de l’Europe.
Pour David Myles, qui a sorti un premier album totalement en français en septembre dernier, cette expérience à la FrancoFête est toute nouvelle. La foule de diffuseurs, rassemblés à la Salle BernardLeBlanc à Moncton, qui l’a salué par de vibrants applaudissements, semble avoir eu un coup de coeur pour l’artiste. Accompagné d’un contrebassiste et d’un guitariste, il a livré une prestation très relevée, en offrant un extrait du spectacle tiré de son album Le grand départ. L’artiste originaire de Fredericton qui a fait paraître 11 albums en anglais avant d’oser un premier enregistrement en français arrive à donner du swing à la chanson francophone. Il arrive tout juste d’une tournée au Québec.
«C’était un grand défi pour moi parce que j’avais peur de chanter en français, mais en fait, l’expérience me prouve qu’il ne faut jamais avoir peur. Le public m’a toujours donné sa confiance et apprécie ça. Chaque fois que je chante en français, j’ai une réponse incroyable. D’être ici aujourd’hui devant tout ce public, c’est vraiment spécial!», a déclaré David Myles en entrevue à l’issue de sa vitrine à la FrancoFête.
C’est un nouvel univers qui s’ouvre à lui. Établi à Halifax depuis 12 ans, le chanteur prolifique qui a fait surtout carrière en anglais, est un francophile convaincu. Il a maintenant une agence au Québec qui le représente.
«Ça me donne la chance de travailler en français, ça, c’est fou. Maintenant, je texte en français et je fais toutes les choses qu’avant je ne faisais pas en français C’est tout un univers qui s’est ouvert pour moi, pas juste pour ma carrière, mais dans ma vie et ma famille.»
S’il rêve de partir en tournée en Europe avec son matériel français, il confie qu’il aimerait bien aussi tourner en Atlantique avec son nouveau spectacle.
«Je n’ai pas encore fait beaucoup de spectacles en français ici et ce serait intéressant pour moi. Si j’ai la chance de faire des tournées en Europe, ce serait génial aussi. Ma femme vient de la Suisse et mes enfants sont des citoyens canadiens et suisses. À 15 ans, j’ai vécu pendant un an dans une famille belge et je ne suis jamais retourné en Belgique après toutes ces années», a-t-il raconté.
Pour la jeune Chloé Breault, cette vitrine internationale était une première. Elle confie avoir appris plein de choses puisqu’ils ont eu droit à une formation afin de se préparer à offrir leur extrait de spectacle. En 20 minutes, les musiciens doivent réussir à livrer un bon aperçu de leur matériel afin de séduire les acheteurs de spectacle potentiels.
«Ce n’est pas nécessairement facile parce qu’on veut que chaque chanson soit la plus parfaite possible, choisir les bonnes chansons et le bon temps pour parler. C’est beaucoup d’ouvrage, mais à la fin je pense que c’est payant. J’étais quand même un peu nerveuse parce que nous avons changé beaucoup de matériel, surtout dans les sonorités. C’est sûr que ça amène un peu de stress, mais c’est un bon stress», a partagé l’auteure-compositrice-interprète de Bertrand qui livré une belle prestation bien sentie, tout en finesse.
Accompagnée au piano par Audrée Basque Goguen et à la basse par Matt Boudreau, elle a offert un survol de son répertoire alliant chansons d’amour et thèmes plus engagés (environnement et exil vers l’ouest), tout ça enveloppé dans un folk-pop planant et ambiance feutrée. Celle qui a remporté le prix de l’enregistrement de l’année à Musique N.-B. pour son disque Love, rêve de jouer partout même si la suite des choses ne dépend pas nécessairement d’elle.
Cette série de vitrines réservées aux délégués a également mis en lumière l’univers pop-folk mélancolique d’Émilie Landry de Campbellton, le hip-hop de Jacobus de Grosses Coques en Nouvelle-Écosse, le folk de Mary Beth Carty d’Antigonish et le disco alternatif de groupe Spoutnique d’Edmundston. Lors du banquet samedi soir, plusieurs prix alliances seront remis à des artistes de l’Acadie. Ces récompenses permettent aux artistes acadiens qui se sont distingués à la FrancoFête de circuler dans les réseaux partenaires. Tous les artistes ayant présenté des vitrines officielles à la FrancoFête sont admissibles à ces prix. ■