UNE MÈRE PREND LES GRANDS MOYENS
Ce qui a commencé par des quolibets s’est transformé en des attaques verbales et physiques
Exaspérée par une situation continue d’intimidation que vit son fils, une mère de l’île Lamèque a pris les grands moyens. Elle a retiré son enfant de l’école Soeur-Saint-Alexandre de Lamèque.
Jessyca Chiasson, de Petite-Rivière-de-l’Île, s’est confiée à l’Acadie Nouvelle, après plusieurs tentatives qu’elle juge infructueuses auprès de la direction de l’école et du District scolaire francophone Nord-Est afin de régler le problème que subit Jason depuis bientôt trois ans.
Aujourd’hui en 5e année, Jason et sa mère attendent maintenant une décision des autorités afin de le transférer à l’école L’Étincelle de Sainte-Marie-Saint-Raphaël.
Selon ce qu’a raconté Jessyca au journal, ce qui a commencé par des quolibets désobligeants à l’endroit du garçon s’est transformé, au fil des années, en des attaques verbales et physiques quasi-quotidiennes.
Malgré plusieurs plaintes à l’école, elle estime que rien n’a été fait pour corriger adéquatement ces conflits.
La situation aurait tellement dégénéré récemment qu’elle a craint pour la santé de son enfant aujourd’hui âgé de 9 ans. C’est pourquoi elle a choisi de le retirer de cet environnement, en allant chercher tout le matériel scolaire de Jason, il y a une semaine et demie.
Mme Chiasson a également publié un commentaire sur sa page Facebook. Le message a rapidement obtenu plusieurs commentaires d’appuis, en plus de nombreux témoignages d’intimidation vécue à cette école.
«Au début, ç’a commencé par des insultes, signale la mère de Jason. Il s’est fait ensuite frapper et il a répliqué. La 4e année a été la pire. Jason a subi de l’intimidation verbale et physique constamment. Nous avons suivi les suggestions de la direction, nous sommes allés rencontrer un pédiatre et il a pris de la médication. Nous avons fait notre part, mais le problème n’a pas été résolu, car Jason continuait à se faire écoeurer à l’école.»
Cet automne, la santé du jeune garçon s’est dégradé - vomissement, insomnie, pleurs, idées suicidaires -, raconte la jeune femme.
«Il m’a dit qu’il ne voulait plus aller à cette école. Je ne pouvais plus laisser ça comme ça. Pour sa sécurité et pour sa santé, je l’ai retiré de là. Ça me fait de la peine, parce que c’est une belle école, mais du côté des professeurs et de l’encadrement, c’est un gros zéro et ça me lève le coeur. J’ai voulu dénoncer la situation et faire comprendre aux parents ce qui se passe. Je ne m’attendais pas à autant de réponses d’appui», poursuit la mère, qui craint maintenant que les intimidateurs s’en prennent à une nouvelle victime depuis le départ de son fils.
«NOUS PRENONS À COEUR LES CAS D’INTIMIDATION»
Suzan Arseneault, directrice des services de soutien à l’apprentissage au DSF-NE, mentionne que les problématiques d’intimidation dans les écoles sont traitées confidentiellement. Elle ne peut donc commenter ce cas spécifique.
«Nous prenons à coeur les cas d’intimidation. Nos politiques proposent un milieu propice à l’apprentissage et favorise l’inclusion scolaire de toute la diversité d’élèves. Nous travaillons étroitement avec les directions d’écoles et nous faisons beaucoup de prévention parce que nous ne voulons pas que ça arrive», affirme-t-elle.
Mme Arseneault poursuit en indiquant la priorité de toutes les interventions est de sécuriser l’enfant victime et d’assurer une aide professionnelle adéquate autant à l’intimidé qu’à l’intimidant.
«Enrayer l’intimidation n’est pas seulement un travail du système scolaire. C’est un problème de société qui implique les parents, la communautés et l’école. Nous avons une politique de tolérance zéro, mais nous savons aussi que ça ne cessera pas d’une journée à l’autre», soutient la porte-parole.