Culture des huîtres: le N.-B. veut augmenter sa production de 10% par année
Les huîtres du Nouveau-Brunswick sont connues à travers le monde et la province veut en profiter. En 2017, une stratégie pour encourager les producteurs à augmenter leur production a même été lancée. Les opinions divergent cependant quant à sa capacité d’atteindre ses objectifs.
Concrètement, la province veut augmenter sa production d’huîtres de 10% par année pour atteindre en 2021 une production annuelle de 30 millions d’unités (contre 19 millions en 2015), des exportations de 6,4 millions $ (4 millions en 2015) et une valeur à la ferme de 12 millions $ (7,4 millions $ en 2015).
Ce n’est certainement pas la demande qui manque, fait savoir Michel Poitras, propriétaire de Conchyliculture Gloucester Shellfish. L’entreprise, basée à Paquetville, cultive des huîtres dans la baie de Caraquet, au large de Maisonnette.
«On ne peut pas en produire assez. C’est un beau défi.»
Un article récent dans Hatchery International, une publication spécialisée traitant de questions liées à l’aquaculture, a cependant retenu son attention. Dans l’article, on note les défis à venir dans l’industrie de l’huître, dont l’approvisionnement en semence.
Une huître peut prendre de 4 à 7 ans avant d’atteindre une taille marchande. La récolte de la semence s’avère ainsi une étape cruciale. Pour y arriver, les producteurs peuvent soit miser sur le captage sauvage en plaçant des collecteurs à l’eau ou s’approvisionner de naissains à partir d’une écloserie.
Trois étendues d’eau de la province sont propices au captage sauvage, soit les baies de Caraquet, de Bouctouche et de Cocagne. L’Étang Ruisseau Bar, à Shippagan, est la seule écloserie de la province.
Depuis qu’il s’est lancé en affaires, Michel Poitras a toujours misé sur le captage sauvage dans la baie de Caraquet, mais les choses tournent un peu moins rondement depuis quelques années, constate-t-il.
«J’étais un peu soulagé de lire l’article de Hatchery International sur la semence des huîtres, parce qu’on en cherche tout le temps. En général, le captage en nature a toujours bien fonctionné, mais depuis quelques années, je trouve que c’est incroyablement faible.»
Selon lui, cette situation remet en doute la capacité de la province d’atteindre ses objectifs fixés dans sa stratégie.
«Ça change la donne parce qu’on ne va pas avoir le volume de production attendu pour les prochaines années. Il faut pouvoir semer annuellement pour avoir une bonne production. La stratégie de croissance n’est pas mauvaise en soi, mais comme le captage naturel est faible, on ne pourra pas atteindre nos objectifs.»
Martin Mallet, responsable de l’écloserie Étang Ruisseau Bar, tient à remettre les choses en perspective. Les cycles de captage sauvage ont toujours connu des hauts et des bas et ils varient toujours d’année en année selon l’endroit.
«Le captage sauvage a toujours été assez bon au point où il y a eu peu de demande pour l’écloserie. Présentement, on produit plus de naissains que la cible de la province pour 2021. Cette année, on produit environ 35 millions de naissains d’huîtres. On exporte la majorité du produit hors de la province, puisque la demande n’est pas là.»
«Je pense que l’objectif sera atteint. Les producteurs ont beaucoup investi dans leur entreprise et ils maîtrisent de mieux en mieux la production.»
C’est aussi l’avis du gouvernement provincial.
«L’industrie ne fait face à aucun problème d’approvisionnement aujourd’hui et dans le future immédiat, mais on se doit d’avoir des options en place afin d’offrir diverses avenues permettant de sécuriser les besoins à long terme et de voir à la possibilité d’exporter un produit de grande qualité», a répondu une porte-parole. ■