Fraude: «Les personnes âgées veulent connaître les moyens de se protéger»
Les moyens sont multiples pour extorquer de l’argent aux personnes âgées. Et malheureusement, les arnaqueurs savent de plus en plus les utiliser à mauvais escient. On estime que la fraude a coûté 1,4 million $ aux aînés néo-brunswickois en 2017. La prévention demeure l’arme ultime contre ce méfait, rappelle Sébastien Poirier, bénévole en littératie financière.
«Rien n’est gratuit. Il faut toujours garder ça en tête», exprime dès le départ M. Poirier, qui a offert une conférence à la bibliothèque publique de Bas-Caraquet, vendredi aprèsmidi.
Chef de conformité chez UNI, il était récemment à Shippagan. D’autres conférences suivront bientôt dans plusieurs endroits de la Péninsule acadienne.
«Les personnes âgées sont de plus en plus conscientes du problème et elles veulent connaître les moyens de se protéger contre ce crime», explique-t-il.
Le problème n’est pas exclusivement néobrunswickois. Selon la Commission des services financiers et des services aux consommateurs, les aînés canadiens se sont fait soutirer près de 94 millions $ de 2014 à 2017.
Une dame qui assistait à la conférence a expliqué qu’on a essayé de l’arnaquer à plus d’une reprise. Elle a trouvé le meilleur moyen de se protéger.
«On m’a appelé pour avoir mon numéro de carte de crédit, mais j’en ai même pas!», a-t-elle dit, expliquant avoir rapidement raccroché au nez de son interlocuteur. Voilà exactement ce qu’il faut faire, selon Sébastien Poirier.
Il rappelle que la prévention est l’arme ultime pour venir à bout des contrevenants. Il faut savoir reconnaître les différents types de fraudes.
«On peut toujours se procurer une assurance contre ce genre de crime, mais ça coûte excessivement cher. Ça ne vaut pas la peine lorsqu’on sait que la moyenne des fraudes s’élève à 600$. Mieux vaut savoir reconnaître les tactiques utilisées par les fraudeurs.»
FRAUDES PHYSIQUES
Les tactiques sont nombreuses et certaines ne datent pas d’hier. Le porte-à-porte pour vous proposer un produit «révolutionnaire» est toujours populaire auprès des criminels.
«De supposés vendeurs ont cogné à ma porte en voulant me vendre des assurances, mais ils n’avaient aucune carte professionnelle pour prouver leur légitimité. En plus, ils scrutaient à l’intérieur de ma maison sans se gêner», a expliqué une participante. M. Poirier a rappelé que la vente forcée est illégale, selon la Loi sur les banques du Canada.
Parfois, les fraudeurs se font passer pour une personne âgée pour pouvoir écouler des médicaments sur le marché noir. «Des individus volent votre identité et vont acheter des médicaments, par exemple pour le diabète, et les revendre sur le marché noir», explique-t-il.
FRAUDES VIRTUELLES
Les tactiques virtuelles ont aussi la cote, selon M. Poirier. Gagner une croisière dans les Bahamas à condition d’envoyer un montant au préalable et la fausse relation amoureuse avec un être charmant sont des outils de manipulation qui ne se démodent pas.
«Une autre méthode bien populaire est le remboursement d’impôts. Soyez avisé que les fonctionnaires du gouvernement n’utilisent pas internet pour vous communiquer des informations bancaires. Si vous avez des doutes, mieux vaut les appeler pour ne pas prendre de risque.»
Certains vont même jusqu’à extorquer des personnes décédées, même si c’est encore plutôt rare. «Les arnaqueurs se font passer pour une personne décédée et demandent au gouvernement de leur transférer la pension.»
Bien qu’il faut être vigilant, M. Poirier en appelle aussi au bon sens. «Il ne faut pas tomber dans l’extrême. Ce n’est pas mieux de se promener avec 2000$ dans les poches! C’est encore plus sécuritaire d’utiliser sa carte de crédit ou de débit.»
Sébastien Poirier prépare un atelier sur l’économie personnelle qui sera destiné aux enfants. «Il est important d’apprendre aux jeunes à faire un budget et à épargner», explique-t-il. ■