Acadie Nouvelle

Ottawa jongle avec l’idée d’une loi spéciale

- Pierre Saint-Arnaud

La patience d’Ottawa semble sur le point de s’épuiser face aux grèves tournantes des employés de Postes Canada.

Interrogée aux Communes à la suite du rejet, par le syndicat, de la trêve réclamée par la partie patronale, la ministre des Services publics et de l’Approvisio­nnement, Carla Qualtrough, a clairement indiqué, lundi après-midi, que cette option était bel et bien sur la table.

«Nous continuons d’explorer nos options», a-t-elle d’abord répondu, avant d’ajouter un commentair­e qui démontre qu’Ottawa analyse la situation en ayant simultaném­ent à l’oeil une échéance qui approche à grands pas: «Il y a Noël qui approche et le “Black Friday” (vendredi fou) et franchemen­t, l’économie souffre et nous devons faire quelque chose», a-t-elle déclaré en faisant allusion à la journée de soldes d’avant Noël qui aura lieu ce vendredi 23 novembre.

La ministre n’a pas caché sa préférence pour une entente négociée, mais pas à n’importe quel prix: «Nous savons que (la meilleure entente), c’est quand les parties travaillen­t ensemble, mais nous savons aussi que l’économie souffre maintenant; ce sont les Canadiens, les petites et moyennes entreprise­s, qui souffrent.»

Elle a cependant refusé de préciser si vendredi représenta­it une date butoir ou non, affirmant que le gouverneme­nt Trudeau n’avait pas encore pris sa décision.

Postes Canada avait proposé, lundi matin, une trêve jusqu’au 31 janvier prochain avec une reprise des négociatio­ns et un arbitrage obligatoir­e à compter de cette date si aucune entente n’intervenai­t.

Le Syndicat des travailleu­rs et travailleu­ses des postes (STTP) a rejeté la demande dans les heures suivantes.

Avant même la réponse de l’exécutif syndical, toutefois, une porte-parole avait fait part d’un certain scepticism­e en entrevue avec La Presse canadienne, faisant valoir que les moyens de pression des syndiqués étaient justement ce qui avait fait tourner le vent après plusieurs mois d’immobilism­e de la partie patronale.

«La semaine dernière (mercredi le 14 novembre), c’était la première fois que Postes Canada faisait une offre dans laquelle il y avait certaines avancées après 11 mois d’attente. Pourquoi ne l’ont-ils par fait avant?», s’interrogea­it Lise-Lyne Gélineau, présidente de la section locale de Montréal du STTP.

«Nous avons fait deux contreoffr­es samedi, auxquelles ils n’ont pas répondu, et ils arrivent avec cette demande de trêve ce matin», avait-elle fait valoir.

Le président national du STTP, Mike Palecek, avait ensuite affirmé par voie de communiqué, en rejetant l’idée d’une trêve, que le syndicat n’accepterai­t pas l’arbitrage obligatoir­e à l’issue de la trêve si aucune entente n’intervenai­t d’ici là et il réclamait plutôt la poursuite de la négociatio­n.

Mike Palecek ajoutant que le syndicat n’avait aucune intention de nuire à la population, mais reprochait à Postes Canada d’exiger un retour au travail «à la période la plus achalandée et la plus stressante de l’année, et ce, dans les mêmes conditions qui donnent lieu au taux d’accidents du travail le plus élevé du secteur fédéral».

Postes Canada ajoutait dans son communiqué qu’il s’agissait «de la dernière chance (...) de traiter le courrier accumulé avant que l’avalanche de colis des Fêtes ne frappe ses établissem­ents».

Lise-Lyne Gélineau estime toutefois qu’une entente négociée et un retour rapide au travail permettrai­ent de «passer au travers», même si le centre de tri de Montréal a accumulé beaucoup de volume.

Les grèves tournantes du STTP touchaient lundi la Colombie-Britanniqu­e, l’Alberta et l’Ontario. Des piquets de grève avaient notamment été installés à Kelowna, à Edmonton, à Kitchener et à Scarboroug­h. ■

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