Justice sociale: un discours du Trône jugé «insuffisant»
Les acteurs de la lutte contre la pauvreté jugent insuffisante la feuille de route du nouveau gouvernement pour améliorer la situation des femmes, des plus démunis et des travailleurs pauvres.
Dans son discours du Trône le gouvernement Higgs promet une réforme du système d’aide sociale, en collaboration avec tous les partis politiques.
«Votre gouvernement lancera une discussion sur des modèles visant à fournir davantage d’aide à court terme aux récents bénéficiaires d’aide sociale qui veulent travailler fort pour s’en sortir, à prévoir plus de souplesse dans l’élaboration de plans d’intervention pour les travailleurs sociaux, à assurer une reddition de comptes accrue pour les utilisateurs de longue date du système et à faciliter la transition des gagne-petit afin qu’ils puissent occuper un emploi sans perdre les prestations nécessaires.»
Ce passage ravi Jean-Claude Basque, coordonnateur provincial du Front commun pour la justice sociale. Il espère en particulier une revalorisation du taux de base de l’aide sociale, qui n’a pas augmenté depuis 2010 pour les personnes seules aptes au travail et depuis 2014 pour les autres.
L’organisme estime qu’en raison de l’inflation, les bénéficiaires célibataires ont perdu 13% de leur pouvoir d’achat depuis huit ans. M. Basque souhaite également que le programme d’aide sociale soit mieux adapté à la réalité des personnes ayant un handicap et que les programmes d’aide au retour au travail ciblent davantage les jeunes.
Il s’inquiète cependant du principe de «reddition de comptes» avancé par le nouveau gouvernement.
«Les gens qui sont sur l’aide sociale depuis 10-15 ans ont bien souvent des problèmes majeurs de santé mentale ou physique. On semble vouloir mettre plus de pression sur eux, imposer et mettre un fardeau de stress sur ces personnes qui sont parmi les plus pauvres dans la société. Ce n’est pas ce dont on a besoin, on devrait se demander comment aider les gens à avoir une meilleure vie plutôt que surveiller le monde qui ‘’abuserait’’.»
Jean-Claude Basque note aussi plusieurs grands absents dans le discours.
«Je suis déçu que les femmes ne soient pas mentionnées, il n’y a pas non plus de proposition pour aider les travailleurs à bas salaire», relève-t-il.
Mercredi, la députée Monique LeBlanc a profité de la période de questions pour demander à Blaine Higgs si son gouvernement comptait instaurer l’équité salariale dans le secteur privé.
«Élargir l’équité salariale au secteur privé ne faisait pas partie de notre plateforme, et ce ne sera pas quelque chose que je mettrai en oeuvre directement», lui a répondu le premier ministre.
Les propositions du Front commun d’augmenter le salaire minimum à 15$ l’heure et de moderniser les normes d’emploi pour rendre obligatoires les congés payés ne font pas non plus partie des priorités de la nouvelle équipe au pouvoir.
Lors de la période de questions, M. Higgs ne s’est pas engagé à accroître le salaire minimum. Il ajoute que toute hausse du seuil devrait se faire en fonction de celui des autres provinces et sans porter préjudice aux entreprises.
«C’est une autre façon de mettre plus de coûts sur le dos des entreprises, a-t-il déclaré. Il doit y avoir un moyen d’envisager une réduction des impôts afin d’avantager les personnes percevant le salaire minimum sans accroître le fardeau sur les entreprises.» ■