Postes Canada: le syndicat reproche à Ottawa de lui retirer son droit de grève
Alors que les parlementaires fédéraux s’apprêtaient à forcer la fin des grèves tournantes à Postes Canada, le mouvement syndical a accusé le gouvernement de poser ainsi un geste inconstitutionnel.
Le président du Congrès du travail du Canada (CTC) et celui du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ont tenu une conférence de presse vendredi matin, dans un édifice parlementaire, au moment où les députés des Communes reprenaient le débat pour une adoption rapide d’un projet de loi spéciale.
Hassan Yussuf, le président du CTC, a entamé la conférence de presse en rappelant que la Cour suprême a déjà jugé inconstitutionnelle une loi de retour au travail.
«Une leçon aurait dû être apprise», a souligné M. Yussuf.
«Vous n’avez pas besoin de violer les droits des travailleurs», a lancé aux députés le président du STTP, Mike Palecek.
À l’étage au-dessus, dans la Chambre des communes, les députés néo-démocrates faisaient écho aux remontrances des syndicats pendant que la ministre du Travail, Patricia Hajdu, arguait qu’il était nécessaire d’adopter une motion qui allait assurer un vote très rapide sur le projet de loi.
Le gouvernement prévoyait une adoption de la loi vendredi soir ou tôt samedi matin et les sénateurs étaient prêts à siéger samedi et dimanche pour compléter le travail.
Le gouvernement assure qu’il est encore possible pour l’employeur et le syndicat de s’entendre. «Nous croyons dans le processus de négociation collective», a répété la ministre Hajdu en Chambre.
«La loi spéciale n’aide pas Postes Canada à être motivé à régler la situation», lui a répondu lors de la conférence de presse du STTP Nancy Beauchamp, une négociatrice du syndicat.
«Le temps est venu pour passer à l’action. Je suis responsable du bien-être de tous les Canadiens», a répété la ministre à sa sortie des Communes, citant en exemple les besoins des petites entreprises «qui vendent de la marmelade».
DÉMONSTRATIONS DE FORCE
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh s’est présenté à son tour au foyer de la Chambre des communes accompagné d’une quinzaine de travailleurs des Postes, vendredi après-midi. Trois d’entre eux ont pris le micro pour répéter leurs récriminations contre leur employeur, détaillant leurs demandes en matière d’équité salariale et de santé et sécurité.
«En proposant la loi spéciale (...), ils ont complètement annulé toute chance d’avoir une solution négociée», a accusé M. Singh.
Sa députée Karine Trudel a avoué son impuissance devant la manoeuvre du gouvernement libéral qu’elle ne peut ni bloquer, ni retarder. ■