PARTI LIBÉRAL: UN PREMIER CANDIDAT
René Ephestion se lance dans la course à la chefferie du Parti libéral du Nouveau-Brunswick. S’il ne fait pas partie des ténors de la machine libérale, ce nouvel arrivant a bien l’intention de faire bouger les lignes au sein du parti.
Originaire de France et établi au Nouveau-Brunswick depuis 2015, René Ephestion est l’actuel directeur général de la Maison Nazareth, un refuge pour sans-abri de Moncton.
L’homme de 39 ans s’est déjà taillé une place de choix dans la société civile néobrunswickoise. Actuellement président de la Commission d’inclusion multiculturelle de l’Association libérale du Nouveau-Brunswick, il a également assumé le rôle de président du conseil d’administration du CAFi (le centre d’accueil des nouveaux arrivants du SudEst) et de président de la Commission des Bibliothèques Publiques du Nouveau-Brunswick.
En entrevue avec l’Acadie Nouvelle, il explique avoir voulu se lancer dans l’arène politique à la suite des résultats des dernières élections provinciales, «troublé», dit-il, par le fait que «les discours qui divisent et stigmatisent trouvent un écho de plus en plus important auprès des citoyens».
Plus tôt ce mois-ci, Brian Gallant a annoncé qu’il quittera la direction du parti lorsque sa formation politique aura désigné un nouveau chef. Le conseil d’administration de l’Association libérale du N.-B. doit se réunir le 1er décembre à Fredericton pour discuter de la formation d’un comité chargé d’organiser un congrès à la direction.
René Ephestion souhaite que ce congrès à la chefferie soit l’occasion «d’un débat d’idées plutôt qu’un débat sur les personnes» et que le parti maintienne un cap «progressiste et réformateur».
Plusieurs dossiers sont essentiels à ses yeux: il entend notamment donner la priorité à la lutte contre la pauvreté et à la transition vers une économie verte, offrir davantage de ressources en santé mentale et favoriser l’immigration. Il compte s’assurer que ces thématiques soient abordées par les autres candidats.
«Les économistes nous disent que le Nouveau-Brunswick a besoin d’immigration pour renouveler sa maind’oeuvre, maintenir ses services et créer de nouveaux emplois, souligne-t-il. Les politiques ont peur de parler de ça.»
Né en Martinique, René Ephestion a quitté l’île française à l’âge de 8 ans pour s’installer en France métropolitaine avec sa mère qui souhaitait offrir à ses enfants de «meilleures opportunités». Il a ensuite fait carrière dans les ressources humaines. Après son arrivée à Dieppe en 2015, il a travaillé au sein de la Banque TD et du réseau de santé Vitalité.
CANDIDAT ATYPIQUE
S’il est conscient de son statut d’outsider, René Ephestion croit que son profil peu commun sera autant un obstacle qu’un atout.
«Le fait d’être un candidat atypique va me permettre d’attirer les regards et de faire connaître ma vision, mais aussi de mettre sur la table des sujets qui risquent de ne pas être abordés dans cette course. Le fait que je sois immigrant, ça va crisper certains membres du parti. Certaines personnes n’ont pas l’habitude de voir un visage comme le mien, un parcours comme le mien. Aujourd’hui, je souhaite faire bouger les lignes, casser les codes. Il faut que ça devienne une habitude de voir un visage comme le mien, que les personnes de la diversité s’affichent plus ouvertement au sein des partis politiques.»
Le candidat n’a pas voulu emprunter la démarche habituelle, qui consiste à récolter des appuis politiques forts avant de déclarer publiquement son intention de briguer la chefferie. Il a plutôt choisi d’aller trouver des soutiens auprès de citoyens, d’universitaires et de représentants d’organismes.
«Je ne veux pas suivre la voie qui a été tracée par les anciennes générations et qui risque de me disqualifier d’office, plaide-t-il. Je me porte candidat parce que j’ai des opinions, des idées pour le Nouveau-Brunswick et je veux les partager pour que ma famille politique en sorte grandie.»
René Ephestion a en tout cas déjà choisi son slogan de campagne («NB we need to talk / NB nous devons parler»), convaincu que le prochain chef aura le défi de «réconcilier les Néo-Brunswickois avec leurs dirigeants» et de ne pas «laisser germer la graine de la division dans notre province». ■