KENT: UN MAIRE DÉCLARE LA GUERRE AUX «BUNKERS»
Un maire de Kent met des bâtons dans les roues des clubs de motards criminels qui voudraient bâtir des «bunkers» sur son territoire. L’ancien policier souhaite sensibiliser les communautés voisines aux risques et les encourage à s’informer sur les règlements du gouvernement provincial.
Les citoyens de Saint-Antoine - un petit village de 1700 habitants, au nord de Moncton - ont eu une mauvaise surprise, cet été, quand des membres de clubs de motards criminels se sont réunis dans leur communauté.
Le maire du village, Ricky Gautreau, est un ancien policier qui connaît le monde des gangs de motards. Il a vite reconnu les symboles des Bacchus, des Red Devils et des Hells Angels.
«Ils sont venus cet été dans le village à Saint-Antoine, vers août. Il y avait un gros ralliement à Hillsborough et ils sont venus à Saint-Antoine faire un barbecue au centre communautaire La Cachette. Les gens du village étaient inquiets», explique M. Gautreau.
Le maire a immédiatement passé à l’acte. Son conseil municipal a adopté, le 28 août, un arrêté interdisant la fortification des bâtiments.
À Saint-Antoine, il est désormais interdit d’installer des portes blindées, des plaques de protection en acier et des matériaux qui offrent une résistance aux armes à feu et aux explosifs.
La mesure doit empêcher la construction de «bunkers» par des clubs de motards criminels.
Les bâtiments aux murs fortifiés et aux vitres pare-balles servant de repaires aux Hells Angels au Québec ont fait l’objet de nombreux reportages depuis 2009. C’est à ce moment qu’a eu lieu l’Opération SharQc, l’une des plus importantes rafles policières menées contre le club au pays. Plusieurs bunkers ont été démolis.
À l’époque de l’Opération SharQc, l’ancien gouvernement de Shawn Graham a adopté, au Nouveau-Brunswick, la Loi visant à accroître la sécurité des communautés et des voisinages.
Elle avait comme objectif de s’attaquer aux préoccupations entourant «des activités liées à la drogue, à l’alcool, à la prostitution ou d’autres activités criminelles» dans les communautés. Elle interdit entre autres la fortification des bâtiments.
Une unité d’enquête a depuis été mise sur pied afin d’appliquer cette loi. Une porte-parole de Fredericton affirme que l’unité - formée de quatre enquêteurs - dispose d’un budget annuel de 400 000$.
UN TERRITOIRE ATTRAYANT
Selon le maire de Saint-Antoine, le Nouveau-Brunswick constitue un territoire attrayant pour les clubs comme les Hells Angels, et ce, en raison de sa proximité avec la mer et les États-Unis. Il est d’avis que mieux vaut prévenir que guérir.
«Il ne s’agit pas seulement de drogue, ils sont aussi impliqués dans la prostitution, les prêts à intérêt élevé, le vol de véhicules et bien d’autres choses.»
M. Gautreau a donc porté le dossier à l’attention des maires de la région lors d’une réunion de la Commission des services régionaux de Kent (CSRK). Il a partagé avec eux le nouvel arrêté de son village et les a encouragés à adopter des règles semblables.
À la suite de cette réunion, le directeur de l’aménagement de la CSRK a demandé à l’avocat de son organisme d’étudier la loi provinciale en la matière. Il souhaite mettre au clair l’étendue des pouvoirs de la loi et apprendre de quelle façon elle est appliquée. Il croit que les communautés sont déjà protégées des possibles bunkers.
«En effet, la Loi provinciale est au-dessus de l’arrêté municipal. Il existe une hiérarchie des pouvoirs. La loi provinciale prévaut», explique Jean Goguen, directeur de l’aménagement de la CSRK.
Le village de Saint-Antoine a récemment acheté le centre communautaire La Cachette, au coût de 50 000$, ce qui inclut deux arpents de terre. L’édifice vieillissant sera probablement démoli et le maire envisage de le remplacer par un parc public. ■