Acadie Nouvelle

KENT: UN MAIRE DÉCLARE LA GUERRE AUX «BUNKERS»

- Jean-Marc Doiron jean-marc.doiron@acadienouv­elle.com @jmdoironAN

Un maire de Kent met des bâtons dans les roues des clubs de motards criminels qui voudraient bâtir des «bunkers» sur son territoire. L’ancien policier souhaite sensibilis­er les communauté­s voisines aux risques et les encourage à s’informer sur les règlements du gouverneme­nt provincial.

Les citoyens de Saint-Antoine - un petit village de 1700 habitants, au nord de Moncton - ont eu une mauvaise surprise, cet été, quand des membres de clubs de motards criminels se sont réunis dans leur communauté.

Le maire du village, Ricky Gautreau, est un ancien policier qui connaît le monde des gangs de motards. Il a vite reconnu les symboles des Bacchus, des Red Devils et des Hells Angels.

«Ils sont venus cet été dans le village à Saint-Antoine, vers août. Il y avait un gros ralliement à Hillsborou­gh et ils sont venus à Saint-Antoine faire un barbecue au centre communauta­ire La Cachette. Les gens du village étaient inquiets», explique M. Gautreau.

Le maire a immédiatem­ent passé à l’acte. Son conseil municipal a adopté, le 28 août, un arrêté interdisan­t la fortificat­ion des bâtiments.

À Saint-Antoine, il est désormais interdit d’installer des portes blindées, des plaques de protection en acier et des matériaux qui offrent une résistance aux armes à feu et aux explosifs.

La mesure doit empêcher la constructi­on de «bunkers» par des clubs de motards criminels.

Les bâtiments aux murs fortifiés et aux vitres pare-balles servant de repaires aux Hells Angels au Québec ont fait l’objet de nombreux reportages depuis 2009. C’est à ce moment qu’a eu lieu l’Opération SharQc, l’une des plus importante­s rafles policières menées contre le club au pays. Plusieurs bunkers ont été démolis.

À l’époque de l’Opération SharQc, l’ancien gouverneme­nt de Shawn Graham a adopté, au Nouveau-Brunswick, la Loi visant à accroître la sécurité des communauté­s et des voisinages.

Elle avait comme objectif de s’attaquer aux préoccupat­ions entourant «des activités liées à la drogue, à l’alcool, à la prostituti­on ou d’autres activités criminelle­s» dans les communauté­s. Elle interdit entre autres la fortificat­ion des bâtiments.

Une unité d’enquête a depuis été mise sur pied afin d’appliquer cette loi. Une porte-parole de Fredericto­n affirme que l’unité - formée de quatre enquêteurs - dispose d’un budget annuel de 400 000$.

UN TERRITOIRE ATTRAYANT

Selon le maire de Saint-Antoine, le Nouveau-Brunswick constitue un territoire attrayant pour les clubs comme les Hells Angels, et ce, en raison de sa proximité avec la mer et les États-Unis. Il est d’avis que mieux vaut prévenir que guérir.

«Il ne s’agit pas seulement de drogue, ils sont aussi impliqués dans la prostituti­on, les prêts à intérêt élevé, le vol de véhicules et bien d’autres choses.»

M. Gautreau a donc porté le dossier à l’attention des maires de la région lors d’une réunion de la Commission des services régionaux de Kent (CSRK). Il a partagé avec eux le nouvel arrêté de son village et les a encouragés à adopter des règles semblables.

À la suite de cette réunion, le directeur de l’aménagemen­t de la CSRK a demandé à l’avocat de son organisme d’étudier la loi provincial­e en la matière. Il souhaite mettre au clair l’étendue des pouvoirs de la loi et apprendre de quelle façon elle est appliquée. Il croit que les communauté­s sont déjà protégées des possibles bunkers.

«En effet, la Loi provincial­e est au-dessus de l’arrêté municipal. Il existe une hiérarchie des pouvoirs. La loi provincial­e prévaut», explique Jean Goguen, directeur de l’aménagemen­t de la CSRK.

Le village de Saint-Antoine a récemment acheté le centre communauta­ire La Cachette, au coût de 50 000$, ce qui inclut deux arpents de terre. L’édifice vieillissa­nt sera probableme­nt démoli et le maire envisage de le remplacer par un parc public. ■

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 ??  ?? Afin de s’assurer que certains clubs de motards criminels ne puissent bâtir de «bunker» sur son territoire, le maire de Saint-Antoine, Ricky Gautreau, a fait adopter un règlement interdisan­t la fortificat­ion des bâtiments. - Archives
Afin de s’assurer que certains clubs de motards criminels ne puissent bâtir de «bunker» sur son territoire, le maire de Saint-Antoine, Ricky Gautreau, a fait adopter un règlement interdisan­t la fortificat­ion des bâtiments. - Archives
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