Crise des poubelles: le Grand Caraquet pourrait faire cavalier seul
Si la nuit porte conseil, le week-end a servi à renforcer l’idée du maire de Bertrand, Yvon Godin, de lancer son propre service de collecte des déchets avec les autres municipalités du Grand Caraquet. Cependant, il laisse toujours la porte ouverte à une solution péninsulaire dans la crise des poubelles.
Le rejet de l’ébauche budgétaire de 6,6 millions $ pour 2019 de la Commission des services régionaux de la Péninsule acadienne, jeudi, aura eu pour effet de provoquer la division entre les membres votants que sont les maires et les représentants des DSL.
Dès le résultat du vote connu, M. Godin a annoncé son projet de faire cavalier «seul» dans ce dossier, en appelant les communautés voisines que sont Grande-Anse, Saint-Léolin, Maisonnette, Caraquet, BasCaraquet et Paquetville à collaborer avec lui.
Des discussions à ce sujet seront d’ailleurs en cours toute la semaine, car il reste moins de deux mois avant d’aligner un nouveau service de gestion des déchets dans ce territoire.
«Nous avons étudié les chiffres qui démontrent clairement que nous pourrions nous occuper de nos déchets. Notre choix a fait beaucoup réagir et a déstabilisé beaucoup de monde, mais je souhaite toujours une solution péninsulaire de la part de la CSR-PA», a-t-il admis.
Le geste de Bertrand n’en est pas un contre la CSR, précise le maire.
Il se voulait surtout une réaction face aux gens qui étaient auparavant d’accord avec l’idée d’accepter les deux recommandations émises (accepter les soumissions et évaluer le lancement d’une collecte régionale) et qui ont changé leurs fusils d’épaule par la suite.
«On s’est fait accuser d’avoir organisé un complot ou des manigances. Certains autour de la table de la CSR-PA devraient se regarder dans le miroir. Cette crise affaiblitelle la CSR? Non, mais je n’ai plus confiance aux gens qui disent penser Péninsule», a noté l’élu, ciblant indirectement les DSL et Tracadie qui ont fait avorter le budget.
HAUSSE DE 47%
Concernant les contracteurs, M. Godin cherche toujours à comprendre la hausse de 47% de leurs soumissions. S’il se dit très satisfait de leur travail et que personne n’aurait fait de cas d’augmentations de 5 à 10%, il se questionne ouvertement sur les raisons d’un tel bond.
«Leurs tâches ont diminué, ils n’ont plus à ramasser des dizaines de sacs souvent déchirés par les corneilles, ils cueillent du papier et du carton une semaine sur deux… Ils affirment que les déchets seront quand même ramassés après la fin du contrat. Nous ne pouvons accepter ça pour une question d’assurances. Si un travailleur se blesse, le village est responsable», poursuit-il.
Le maire de Caraquet, Kevin Haché, a confirmé que le directeur général de la ville, Marc Duguay, a obtenu le mandat de discuter avec Bertrand.
«Il nous faut un plan B et c’est pourquoi nous désirons collaborer avec Bertrand. Tant et aussi longtemps que Tracadie ne reviendra pas à la table de discussions là-dessus, le dossier des déchets n’avancera pas. Tout projet commun qui tombe est vu comme un échec. Je suis déçu parce que des municipalités ont voté en faveur tout en sachant qu’elles devront refiler la facture à leurs citoyens. Elles étaient prêtes à prendre cette chance», at-il regretté.
Des rencontres au sein de la CSR-PA doivent également avoir lieu cette semaine afin de chercher à dénouer cette impasse régionale. ■