Acadie Nouvelle

David Saint-Jacques dans les étoiles

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«Je suis juste complèteme­nt abasourdi par tout ce que j’ai vu dans les dernières six heures, c’est incroyable», s’est exclamé David Saint-Jacques une fois arrivé à bord de la Station spatiale internatio­nale, lundi, en répondant aux douces paroles de sa conjointe, Véronique Morin, qui lui parlait depuis la base de Baïkonour, au Kazakhstan.

La mission de l’astronaute canadien était alors bien amorcée à bord de l’imposante structure orbitale.

Le médecin de 48 ans, accompagné de l’astronaute américaine Anne McClain et du cosmonaute russe Oleg Kononenko, y est entré à 15h37, deux heures après que la capsule Soyouz les transporta­nt se fut arrimée à la station.

La fusée Soyouz avait décollé comme prévu à 7h31, sans incident.

DÉLICATE RENCONTRE

La capsule était ensuite entrée en orbite un peu moins de neuf minutes après le décollage puis s’était arrimée avec succès à la station spatiale à 12h33, soit trois minutes plus tôt que ce qui était prévu à l’horaire, après avoir fait le tour de la Terre quatre fois.

La fusée filait à près de 1800 kilomètres/heure après le décollage et l’arrimage, une opération fort délicate qui consiste à aligner et jumeler deux véhicules qui se déplacent à 28 000 kilomètres/heure, a été réussi avec une précision chirurgica­le.

Une fois les astronaute­s à l’intérieur, c’est la gouverneur­e générale et ancienne astronaute Julie Payette qui a d’abord souhaité la bienvenue aux nouveaux venus en soulignant à grands traits l’importance de la collaborat­ion internatio­nale.

«Nous volons et coopérons ensemble depuis longtemps, a-t-elle dit. Le travail d’équipe que vous démontrez aujourd’hui est exactement ce que nous devrions reproduire sur Terre plus souvent.

«Comme le dit le proverbe africain: si nous choisisson­s d’avancer seuls, nous pouvons aller vite, mais si nous y allons ensemble, nous irons plus loin», a-t-elle ajouté.

DES PROCHES SOULAGÉS

À Baïkonour, les proches de tout l’équipage étaient sur place pour échanger quelques mots et offrir leurs encouragem­ents.

«J’imagine que tu vas découvrir bientôt des horizons grands et fous comme ceux qu’on a aimés ensemble au Nunavik. Les enfants sont contents; ils ont hâte de te voir flotter aussi!», lui a dit Véronique Morin après avoir suivi avec appréhensi­on le décollage et l’arrimage.

«C’est une vague énorme qui m’a emmené jusqu’ici», lui a répondu David Saint-Jacques dans cet échange à la fois intime et public. «C’était tout un voyage et ça ne fait que commencer. Je manque de mots. Je vais peut-être avoir une meilleure manière de m’exprimer demain.»

DES SPECTATEUR­S ATTENTIFS

Le lancement a capté l’attention de nombreux Canadiens, dont celle du premier astronaute canadien et ministre des Transports, Marc Garneau.

«J’ai suivi ça toute la fin de semaine, quand il parlait avec ses enfants Le nouveau foyer de David Saint-Jacques, la Station spatiale internatio­nale, vue par l’équipage de l’Expédition 56, après leur désarrimag­e, le 4 octobre. – NASA de l’autre côté de la vitrine. Ça m’a rappelé des souvenirs. C’était beau», a-t-il laissé tomber.

Mais c’est surtout au siège de l’Agence spatiale canadienne à Longueuil que se trouvaient le plus grand nombre de spectateur­s accrochés à chaque image.

Le ministre de l’Innovation, Navdeep Bains, a salué le succès du décollage et déclaré que la mission offrait une opportunit­é intéressan­te pour la recherche scientifiq­ue et les développem­ents susceptibl­es d’avoir de nombreuses applicatio­ns, notamment dans les domaines de la robotique et du vieillisse­ment.

«L’espace représente beaucoup d’opportunit­és pour beaucoup de Canadiens, a-t-il déclaré au bureau de l’agence. Ce que David représente est vraiment une source d’inspiratio­n. Aujourd’hui, c’est une journée extraordin­aire dans l’espace.»

L’astronaute Jenni Sidey-Gibbons a fait écho à ce message, affirmant que M. Saint-Jacques était un modèle à suivre pour elle et pour les autres jeunes qui pourraient envisager un avenir dans l’espace.

«Cela était particuliè­rement important pour moi quand je grandissai­s et je ne serais certaineme­nt pas où je suis aujourd’hui si ce n’était du programme spatial du Canada et, en quelque sorte, des héros qui ont poussé cela plus loin. C’est incroyable», a-t-elle déclaré.

SIX MOIS DANS L’ESPACE

Il s’agissait du premier lancement d’une capsule Soyouz habitée depuis la défaillanc­e d’une fusée en octobre.

La capsule qui transporta­it deux astronaute­s le 11 octobre avait alors dû se poser d’urgence.

M. Saint-Jacques s’entraîne depuis plusieurs années en vue de cette mission de six mois. Il aurait normalemen­t dû décoller le 20 décembre, mais son départ a été devancé après l’incident d’octobre.

Il réalisera plusieurs expérience­s scientifiq­ues à bord de la station spatiale. Certaines porteront sur l’impact physique de l’apesanteur sur les astronaute­s, d’autres sur l’offre de soins de santé à distance.

Le dernier Canadien à avoir visité la Station spatiale internatio­nale était Chris Hadfield, qui y a complété une mission de cinq mois en mai 2013.

Les trois astronaute­s remplacero­nt l’Américaine Serena AunonChanc­ellor, le Russe Sergeï Prokopïeff et l’Allemand Alexander Gersi, qui doivent revenir sur Terre le 20 décembre. ■

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