Acadie Nouvelle

COP24: António Guterres interpelle les leaders de la planète

- Frank Jordans et Monika Scislowska

Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a ouvert le sommet sur le climat en Pologne en lançant lundi un appel dramatique aux dirigeants du monde pour qu’ils prennent au sérieux la menace du réchauffem­ent planétaire et agissent avec audace pour éviter une hausse catastroph­ique des températur­es avant la fin du siècle.

Pour M. Guterres, les changement­s climatique­s sont «le problème le plus important auquel nous sommes confrontés».

«Même si nous sommes témoins d’impacts dévastateu­rs sur le climat qui font des ravages dans le monde entier, nous ne faisons toujours pas assez, ni ne bougeons assez vite, pour prévenir les perturbati­ons climatique­s irréversib­les et catastroph­iques», a déclaré M. Guterres aux représenta­nts de près de 200 pays réunis à Katowice, en Pologne.

Le chef onusien a reproché aux pays, en particulie­r aux principaux responsabl­es des émissions de gaz à effet de serre, de ne pas avoir fait assez pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat. L’accord de 2015 avait pour objectif de maintenir le réchauffem­ent climatique bien en dessous de 2°C, et idéalement à 1,5°C, d’ici la fin du siècle.

Citant un récent rapport scientifiq­ue sur les conséquenc­es désastreus­es de la hausse des températur­es moyennes mondiales au-delà de 1,5 °C, António Guterres a exhorté les pays à réduire leurs émissions de 45% par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030 et à viser des émissions nettes nulles d’ici 2050.

Une telle démarche, qui selon les experts est le seul moyen d’atteindre l’objectif de 1,5°C, nécessiter­ait une refonte radicale de l’économie mondiale.

«En bref, nous avons besoin d’une transforma­tion complète de notre économie énergétiqu­e mondiale, ainsi que de la façon dont nous gérons les ressources en terres et en forêts», a expliqué M. Guterres.

Il a déclaré que les gouverneme­nts devraient saisir les opportunit­és plutôt que de s’attacher aux combustibl­es fossiles tels que le charbon, à qui est imputée une part importante des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. Pour éloigner les entreprise­s et les consommate­urs des formes d’énergie très polluantes, il a exhorté les pays à adopter la tarificati­on du carbone, chose que peu de pays ont fait jusqu’à présent.

António Guterres a également appelé les négociateu­rs à ne pas perdre de vue le fait que des millions de personnes dans le monde ont des difficulté­s à faire face aux défis déjà créés par le changement climatique et voient leurs moyens de subsistanc­e menacés par la montée du niveau de la mer, la sécheresse et des tempêtes plus violentes.

La conférence de deux semaines – qui se tiendra en Silésie, une région houillère du sud de la Pologne – devrait permettre aux gouverneme­nts de rendre compte de leurs efforts en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de maintenir le réchauffem­ent de la planète dans les limites de l’accord de Paris.

«C’est le défi sur lequel les dirigeants de cette génération seront jugés», a déclaré M. Guterres.

La Pologne hôte a proposé une déclaratio­n pour une «transition juste» loin de l’extraction minière, le fournisseu­r de sa principale source d’énergie, qui appelle à une acceptatio­n sociale des changement­s nécessaire­s.

Le premier ministre fidjien Frank Bainimaram­a, qui a présidé le sommet de l’année dernière, a déclaré que la propositio­n de «transition juste» ne devrait pas uniquement tenir compte du sort des travailleu­rs des industries des combustibl­es fossiles, mais de tous les peuples du monde touchés par les changement­s climatique­s. ■

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António Guterres, lundi, à Katowice en Pologne. – Associated Press: Czarek Sokolowski

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