COP24: António Guterres interpelle les leaders de la planète
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a ouvert le sommet sur le climat en Pologne en lançant lundi un appel dramatique aux dirigeants du monde pour qu’ils prennent au sérieux la menace du réchauffement planétaire et agissent avec audace pour éviter une hausse catastrophique des températures avant la fin du siècle.
Pour M. Guterres, les changements climatiques sont «le problème le plus important auquel nous sommes confrontés».
«Même si nous sommes témoins d’impacts dévastateurs sur le climat qui font des ravages dans le monde entier, nous ne faisons toujours pas assez, ni ne bougeons assez vite, pour prévenir les perturbations climatiques irréversibles et catastrophiques», a déclaré M. Guterres aux représentants de près de 200 pays réunis à Katowice, en Pologne.
Le chef onusien a reproché aux pays, en particulier aux principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre, de ne pas avoir fait assez pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat. L’accord de 2015 avait pour objectif de maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C, et idéalement à 1,5°C, d’ici la fin du siècle.
Citant un récent rapport scientifique sur les conséquences désastreuses de la hausse des températures moyennes mondiales au-delà de 1,5 °C, António Guterres a exhorté les pays à réduire leurs émissions de 45% par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030 et à viser des émissions nettes nulles d’ici 2050.
Une telle démarche, qui selon les experts est le seul moyen d’atteindre l’objectif de 1,5°C, nécessiterait une refonte radicale de l’économie mondiale.
«En bref, nous avons besoin d’une transformation complète de notre économie énergétique mondiale, ainsi que de la façon dont nous gérons les ressources en terres et en forêts», a expliqué M. Guterres.
Il a déclaré que les gouvernements devraient saisir les opportunités plutôt que de s’attacher aux combustibles fossiles tels que le charbon, à qui est imputée une part importante des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. Pour éloigner les entreprises et les consommateurs des formes d’énergie très polluantes, il a exhorté les pays à adopter la tarification du carbone, chose que peu de pays ont fait jusqu’à présent.
António Guterres a également appelé les négociateurs à ne pas perdre de vue le fait que des millions de personnes dans le monde ont des difficultés à faire face aux défis déjà créés par le changement climatique et voient leurs moyens de subsistance menacés par la montée du niveau de la mer, la sécheresse et des tempêtes plus violentes.
La conférence de deux semaines – qui se tiendra en Silésie, une région houillère du sud de la Pologne – devrait permettre aux gouvernements de rendre compte de leurs efforts en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de maintenir le réchauffement de la planète dans les limites de l’accord de Paris.
«C’est le défi sur lequel les dirigeants de cette génération seront jugés», a déclaré M. Guterres.
La Pologne hôte a proposé une déclaration pour une «transition juste» loin de l’extraction minière, le fournisseur de sa principale source d’énergie, qui appelle à une acceptation sociale des changements nécessaires.
Le premier ministre fidjien Frank Bainimarama, qui a présidé le sommet de l’année dernière, a déclaré que la proposition de «transition juste» ne devrait pas uniquement tenir compte du sort des travailleurs des industries des combustibles fossiles, mais de tous les peuples du monde touchés par les changements climatiques. ■