Acadie Nouvelle

Adonis Stevenson dans le coma: un horrible sentiment de déjà-vu au Nouveau-Brunswick

- Stéphane Paquette stephane.paquette@acadienouv­elle.com

«Je pense à la famille d’Adonis Stevenson, comme je pense à la mère et à la soeur de David Whittom depuis samedi soir. Adonis a cinq jeunes enfants. Oublie la boxe. La question est de savoir s’il va être capable d’avoir une assez bonne qualité de vie pour être un père de famille pour ces jeunes-là. C’est ça qu’on souhaite.»

Denis Léger est tiraillé entre son amour pour la boxe et l’immense tristesse qui l’habite depuis le K.-O. qui a envoyé le champion québécois à l’hôpital.

Le directeur général de la commission des sports de combat du Nouveau-Brunswick s’est rendu au chevet de David Whittom presque quotidienn­ement.

Il connait aussi très bien la famille d’Adonis Stevenson et son homme de coin Bob Miller, qu’il a rencontrés à Toronto en 2015.

«J’ai vu la mère de David aller à l’hôpital tous les jours pendant neuf mois et dix jours. Je ne peux pas m’enlever ça de la tête», raconte-t-il d’une voix presque éteinte.

David Whittom, un boxeur né à SaintQuent­in, est décédé le 16 mars, après avoir passé près d’un an dans le coma.

L’athlète âgé de 39 ans avait subi une défaite par K.-O. devant Gary Kopas, de la Saskatchew­an, le 27 mai 2017 à Fredericto­n.

Stevenson, lui, a subi un K.-O. contre l’Ukrainien Oleksandr Gvozdyk, samedi soir à Québec, lors de la 11e reprise, dans un combat pour le championna­t du monde des mi-lourds de la WBC.

Le boxeur âgé de 41 ans a perdu conscience durant le trajet vers l’hôpital et demeure plongé dans un coma artificiel.

Le cas Stevenson est pour Denis Léger un horrible sentiment de déjà-vu.

«Il y a beaucoup de similitude­s entre les deux scénarios. Ce fut un combat très serré, comme dans celui de David. Deux des trois juges ont donné l’avance à Stevenson au dernier round, comme ce fut le cas dans le combat de David. Les deux boxeurs avaient l’air corrects jusqu’au moment où ils sont sortis de la douche. Dans le cas d’Adonis, ils ont eu la chance de l’envoyer tout de suite à l’hôpital en ambulance.»

ROULETTE RUSSE

Malgré tout, il ne remet pas en question son amour de la boxe et affirme qu’on ne devrait pas céder aux pressions de ceux et celles qui veulent aujourd’hui interdire ce sport.

«Tu peux avoir la meilleure organisati­on en place, tu peux avoir le meilleur arbitre au monde comme Michael Griffin, tu peux avoir la commission qui a le plus de volume de combats au Canada, tu peux avoir tous les examens médicaux possibles, il n’y a rien qui peut empêcher une telle tragédie», croit-il.

«Il y a un gros risque de monter dans le ring. Ce n’est pas comme la roulette russe, mais avec le nombre de combats qu’il y a dans une année, il y a des chances qu’on va malheureus­ement voir des choses comme ça se produire, à n’importe qui, à n’importe quel moment.»

Selon lui, les événements de samedi en sont une preuve évidente.

«Stevenson était champion du monde. Il en était à la dixième défense de son titre et c’est un gars qui a seulement eu un K.-O. dans toute sa carrière. Mais ça ne change rien. Malgré toutes les mesures de contrôle qu’on peut prendre, le risque est toujours là», mentionne Denis Léger.

«Les médias vont essayer de trouver la petite chose, le petit problème, mais je suis certain à 100% que la commission a fait tout ce qu’elle avait à faire, que l’arbitre et les médecins ont suivi le protocole établi. C’est de la pure malchance.»

LA BOXE SAUVE DES JEUNES

Le directeur général affirme que la boxe ne doit pas disparaîtr­e.

«On est encore mieux de permettre le sport que de l’interdire. On sauve plus de monde qu’on en perd. On sauve des jeunes de la rue, on les sort des problèmes de drogue et d’alcool avec le sport. La boxe a formé beaucoup de bons citoyens et a amené beaucoup de positif dans la vie de plein de jeunes», dit-il.

«J’avoue qu’on en perd, mais le pourcentag­e qu’on perd, avec un sport contrôlé, est beaucoup plus bas que ceux qu’on perdrait si on n’avait pas la chance de bien enligner tous ces jeunes. Le sport de la boxe a servi à beaucoup de monde. Il a aidé plein de gens à trouver le nord sur la boussole. On ne peut pas se permettre comme société d’enlever ça aux jeunes», ajoute Denis Léger.

«On peut toujours trouver des mesures ou des façons de minimiser les risques, mais la boxe ne disparaîtr­a jamais.»

LA FAMILLE SOUS LE CHOC

Le demi-frère de David Whittom, Éric Moffat, n’a pas voulu commenter les tristes événements de samedi.

«La famille est encore sous le choc et je n’aimerais pas faire de commentair­es. Mais nos pensées sont avec la famille d’Adonis Stevenson», souligne celui qui habite à Fredericto­n. ■

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Adonis Stevenson a été battu par K.-O. samedi soir à Québec. Il est maintenant dans le coma. - La Presse canadienne: Jacques Boissinot

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