LA COURSE DES TUQUES: À VOIR EN FAMILLE
Malgré un scénario prévisible et quelques petites lacunes, La course des tuques ne manque pas de qualités. Les petits vont adorer et préparez-vous à entendre beaucoup parler de cette production québécoise dans le temps des Fêtes.
La Guerre des tuques est un véritable phénomène culturel chez les francophones du pays.
Le culte est né instantanément à l'automne 1984, quand le cinéaste André Melançon a lancé le premier film de la série Contes pour tous.
Son histoire de combats de boule de neige entre deux bandes rivales a su charmer les petits - et même de nombreux grands.
Pendant plus de deux décennies, l'oeuvre est devenue un incontournable du temps des Fêtes - que les réseaux de télévision se faisaient un plaisir annuel à dépoussiérer.
Trente-et-un an après la sortie du film original, une nouvelle génération a été exposée au classique quand celui-ci a bénéficié d'une mise à jour et a été transformé en film d'animation en trois dimensions.
Encore là, le succès a été au rendez-vous, l'oeuvre s'imposant comme le film canadien le plus vu au pays en 2015.
Les films d'ici qui parviennent à réaliser des profits n'étant pas légion, les studios Carpe Diem n'ont pas tardé à plancher sur une suite.
Ils nous offrent donc, à l'approche des Fêtes, La course des tuques. Située dans le même univers que le film précédent, cette suite nous permet de renouer avec François, Luc, Sophie, Chabot et les autres. Sauf que cette fois, au lieu de faire la guerre, la turbulente bande fait... la course!
LA COURSE AU VILLAGE
L'honneur de François «les lunettes» est en jeu. Le petit génie est le roi incontesté de la course de luges de son village. Chaque hiver, c'est lui qui construit l'engin le plus rapide.
Sauf que cette année, un nouveau venu semble destiné à mettre fin à la domination de François.
Zac est arrogant, il est prêt à tout pour parvenir à ses fins, mais, surtout, il est doué.
La première course entre les bolides des deux garçons tourne à l'avantage du nouveau... jusqu'à ce que François découvre que Zac a triché.
Les deux génies s'entendent pour organiser une course revanche. Leur désir aveugle de prouver leur supériorité pourrait toutefois avoir des conséquences très graves.
DES LACUNES
La Guerre des tuques n'était pas un film parfait. Il avait toutefois le mérite d'être vraiment original et de faire passer son auditoire par toute la gamme des émotions.
La course des tuques innove aussi un peu, mais son scénario est beaucoup plus prévisible. Il est aussi moins drôle et sa finale est loin d'avoir le même impact que celle de l'oeuvre de 1984.
Ce qui m'a le plus déçu, toutefois, c'est la totale inutilité de la troisième dimension. J'ai regardé par-dessus mes lunettes à une trentaine de reprises au cours du film et je faisais chaque fois le même constat: ces foutues lunettes sont totalement superflues.
Dommage parce que les films d'animation sont faits pour sortir des sentiers battus et faire fi des règles qui régissent le cinéma conventionnel. La course finale aurait par exemple été le moment parfait pour lancer de la neige (entre autres) à la tête des spectateurs. Une belle occasion ratée.
Le film n'a pas non plus la fluidité de son prédécesseur, notamment au niveau des dialogues. À quelques reprises (surtout au début), des personnages mettent un temps incompréhensiblement long à sortir leur réplique, ce qui est plutôt gênant.
Je suppose aussi que je ne serai pas le seul à m'ennuyer de l'humoriste André Sauvé, absolument brillant dans le film précédent (il prêtait sa voix aux jumeaux).
DES FORCES
Tout n'est toutefois pas sombre. Bien au contraire.
Si on fait fi de la troisième dimension, les effets visuels sont magnifiques. Les textures sont en effet dignes des plus grands studios américains.
L'histoire, derrière sa prévisibilité, regorge quant à elle de plusieurs petites perles de morale (qui s'adressent aux petits, on s'entend), notamment au sujet de l'amitié et des choix que l'on fait.
Parlant de choix, certains personnages doivent prendre des décisions difficiles. Une belle occasion de montrer aux enfants que tout n'est pas toujours tout noir ou tout blanc dans la vie.
En ce sens là, La course des tuques fait mieux que l'empire Disney, qui semble se faire un devoir d'ériger une frontière impénétrable entre le bien et le mal dans tous ses films.
Au final, La course des tuques est un divertissement plus que potable.
Il est très clair dans mon esprit que les petits ne pourront rester de glace devant l'avalanche de gags au premier degré et le caractère grandiose (quoique franchement exagéré) du dernier tiers.
Quant aux grands, leur sortie sera beaucoup plus agréable s'ils acceptent (et surtout parviennent!) à puiser dans leur coeur d'enfant. ■