Acadie Nouvelle

L’immigratio­n change le visage de l’Acadie

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com

Le nombre grandissan­t de nouveaux arrivants dans les écoles change le visage de l’Acadie de demain et amène le monde de l’éducation à s’adapter à cette nouvelle réalité.

La population scolaire du sud de la province est aujourd’hui plus diverse qu’elle ne l’a jamais été. Parmi les écoliers francophon­es, on compte pas moins de 40 différente­s langues parlées à la maison.

La grande majorité se retrouve dans les centres urbains. À l’école Samuel-deChamplai­n de Saint-Jean, par exemple, près d’un élève sur cinq est né ailleurs qu’au Canada.

«Au District scolaire francophon­e Sud on accueille des Congolais, des Camerounai­s, des Syriens, des Français, des Sénégalais, des Roumains, des Ukrainiens, des Russes, des Vietnamien­s, des Philippins», décrit Rodrigue Hébert, agent pédagogiqu­e chargé de l’intégratio­n des nouveaux arrivants.

«Ça implique un portrait démographi­que beaucoup plus diversifié que par le passé et ça donne des couleurs nouvelles à la francophon­ie de demain.»

De nombreux immigrants allophones, qui ne parlent de l’anglais ni le français, choisissen­t désormais d’offrir à leurs protégés une éducation en français.

«Certains ont inscrit leurs enfants dans les écoles anglophone­s en ne sachant pas qu’ils avaient le choix, explique M. Hébert. Plusieurs familles envoient maintenant leurs enfants dans le secteur francophon­e, comprenant que leurs jeunes vont ainsi apprendre les deux langues officielle­s et que ça va les avantager à plusieurs niveaux. C’est un phénomène qu’on voit de plus en plus.»

L’agent pédagogiqu­e a pour mission d’aider les directions d’écoles et les enseignant­s à mieux intégrer ces nouveaux arrivants dans la salle de classe en s’adaptant aux différence­s culturelle­s.

Ces enfants arrivent à l’école à divers stades d’acquisitio­n du français et leur niveau de scolarisat­ion peut aussi varier, souligne-t-il.

«C’est une panoplie de jeunes gens qui ont chacun leur parcours. Il faut s’accommoder. On a des élèves qui progressen­t très rapidement et des situations plus difficiles. Chaque cas est différent.»

Le district collabore de plus en plus avec des organisati­ons comme que le Centre d’accueil des nouveaux arrivants à Saint-Jean, l’Associatio­n multicultu­relle de Fredericto­n et le Le Centre d’accueil et d’accompagne­ment francophon­e des immigrants du Sud-Est (CAFI).

«Les écoles doivent désormais desservir une population de jeunes plus hétérogène qu’auparavant, elles sont très ouvertes à trouver des façons de s’adapter mais manquent encore d’expérience à ce niveau-là, note Neil Boucher, le directeur du CAFI. C’est pourquoi elles ont besoin de l’expertise d’organismes comme le nôtre.»

SURMONTER LA BARRIÈRE DE LA LANGUE

Le CAFI a récemment participé à la création du programme Franco-Jeunes, une initiative de francisati­on après la classe offerte gratuiteme­nt aux élèves allophones des écoles Champlain, Mascaret, Saint-Henri et Le Sommet.

Par le jeu, ils apprennent à communique­r en français. «Le défi principal, c’est la langue, insiste Neil Boucher. Pour les élèves qui arrivent de l’étranger, le français est la troisième langue et plus ils débutent jeunes, plus c’est facile.»

Le CAFI vient également d’embaucher un travailleu­r d’établissem­ent chargé de faire le lien entre l’école et le parent pour s’assurer qu’il comprend bien le système et faciliter la communicat­ion.

«On souhaitera­it éventuelle­ment avoir toute une équipe», précise Isabelle Lavoie, agente de liaison famille-école. «On propose aussi des camps d’été et des activités sportives, éducatives et culturelle­s pour qu’ils puissent passer du temps avec d’autres jeunes de leur âge.»

Isabelle Lavoie constate des progrès fulgurants chez ces jeunes. «Les enfants sont beaucoup plus capables de s’adapter à une nouvelle vie. Leur intégratio­n est plus facile que leurs parents parce qu’ils ont moins de difficulté à apprendre la langue. Ce sont eux qui finissent par aider leurs parents à communique­r», dit-elle.

«On les voit évoluer assez rapidement. Certains enfants ne parlaient pas un mot de français il y a quelques années, aujourd’hui ils placotent et sont très à l’aise!» ■

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada