Acadie Nouvelle

BLAINE HIGGS FAIT EXACTEMENT CE QU’IL A PROMIS

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Le nouveau gouverneme­nt conservate­ur a dévoilé son premier budget en infrastruc­ture, mardi. Il s’agit d’un budget dur, qui aura des conséquenc­es néfastes sur de nombreux citoyens et qui accorde plus d’importance aux chiffres qu’à tout le reste. Mais c’est aussi exactement ce qui avait été promis par le premier ministre Blaine Higgs.

Depuis son élection à titre de chef du Parti progressis­te-conservate­ur, en octobre 2016, Blaine Higgs n’a jamais fait de cachettes sur sa vision comptable de la gouvernanc­e.

À ses yeux, les gouverneme­nts précédents, autant libéraux que conservate­urs, ont vécu au-dessus de leurs moyens. Il a décidé de mettre fin à cette tendance lourde. Et tant pis si cela provoque des grincement­s de dents.

Lors d’une rencontre éditoriale avec l’Acadie Nouvelle au début de l’année 2017, M. Higgs avait expliqué que «dépenser n’est pas une mesure de succès». Il avait rejeté le postulat «taxer plus, dépenser davantage et on sera mieux». Il s’était également opposé à l’élargissem­ent à quatre voies de la route 11 jusqu’à Bouctouche.

Aujourd’hui, Blaine Higgs agit comme il a promis de le faire. Avec des lunettes de gestionnai­re, une calculatri­ce et sans tenir compte des sensibilit­és régionales.

Par contre, il avait toujours bien pris soin d’entretenir le flou sur le détail de ses intentions, une stratégie que nous avons critiquée en éditorial pendant la dernière campagne électorale et après la lecture du discours du Trône.

Mardi matin, le flou a été en grande partie dissipé. Et ce n’est pas beau à voir.

Des projets majeurs, sensibles et symbolique­s passent au tordeur. Les régions rurales, les régions acadiennes et les circonscri­ptions représenté­es par des députés du Parti libéral ou du Parti vert sont particuliè­rement visées.

L’élargissem­ent de la route 11 n’aura pas lieu comme prévu. La modernisat­ion des écoles secondaire­s de Shediac, de Tracadie et d’Edmundston est repoussée, mais le feu vert est accordé à la constructi­on d’une école dans la circonscri­ption du ministre de l’Éducation.

La mise en place d’une unité des soins maternels et néonataux à l’Hôpital d’Edmundston est aussi reportée à on ne sait trop quand.

C’est un triste jour quand un gouverneme­nt sacrifie d’un coup de crayon des investisse­ments importants pour des élèves, des mères et des bébés.

D’autres coups ont aussi porté. Le projet de remise à neuf et de transforma­tion de l’Institut de Memramcook ne verra pas le jour.

Encore là, pas de surprise. L’endroit est un lieu symbolique important pour l’Acadie. Mais d’un point de vue strictemen­t comptable, il n’est qu’un édifice gouverneme­ntal. Avec un premier ministre qui exige que chaque dollar investi doit l’être «dans des secteurs viables» et doit pouvoir se mesurer en résultats concrets, il était évident que ce grand chantier serait mis sur la sellette et la survie de l’Institut, à nouveau menacée.

Même le développem­ent économique est victime du couperet. La Société de développem­ent régional devra se serrer la ceinture. Ses dépenses diminueron­t de plus de moitié d’ici cinq ans.

Avant d’y voir là l’action d’un gouverneme­nt qui déclare la guerre aux Acadiens, précisons que des projets importants subissent aussi le couperet dans les régions anglophone­s.

Le nouveau Musée du N.-B., à Saint-Jean, ne verra pas le jour, tout comme le nouveau Palais de justice de Fredericto­n. Et plusieurs écoles de langue anglaise voient elles aussi leurs projets de constructi­on ou de remise à neuf être repoussés.

Néanmoins, ces décisions feront particuliè­rement mal dans le Nord francophon­e. C’était prévisible et il ne faut pas y voir là un plan machiavéli­que.

Quand un gouverneme­nt de droite se met en tête d’équilibrer le budget et de réduire ses dépenses, les régions les plus vulnérable­s et les plus dépendante­s sont celles qui sont touchées le plus durement.

Au Nouveau-Brunswick, elles sont presque toutes situées dans le nord et dans l’est de la province.

Ce sont ces régions qui subissent le plus de contrecoup­s quand il y a des coupes en santé, en éducation et dans les infrastruc­tures. Ce sera aussi le cas quand surviendro­nt les inévitable­s compressio­ns à venir dans les programmes sociaux.

Le premier ministre Higgs aurait pu agir autrement. La hausse-surprise des revenus en provenance de la péréquatio­n lui permettrai­t d’agir moins brutalemen­t si cela avait été sa volonté.

Ça n’a toutefois jamais été une option pour ce gouverneme­nt. La priorité est d’abord et avant tout d’équilibrer les livres.

C’est un choix légitime.

La bonne nouvelle est que le gouverneme­nt pourrait dégager des surplus plus rapidement que prévu. Des projets annulés ou retardés seront «reconsidér­és» plus tard.

On verra bien. En attendant, ces décisions auront un impact bien réel sur les NéoBrunswi­ckois. D’autres suivront.

Ça ne fait que commencer.

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